Le chef de l’État vient de repêcher quasiment tous les ministres sortants à la faveur du récent remaniement ministériel, en les affectant au cabinet présidentiel. Ils rejoignent ainsi une pléthore de conseillers dans ce « cimetière des éléphants », qu’est devenu le palais Sékhoutouréa.
Il s’agit de Kader Yacine Barry, Moustapha Mamy Diaby, Mory Sangaré, nommés respectivement ministre conseiller à la présidence, chargé du suivi du plan de riposte contre le Covid-19, ministre conseiller à la présidence, chargé de missions, ministre chef de cabinet civil de la présidence.
Sans oublier Cheick Taliby, ancien ministre de l’Energie, débarqué un peu avant le mini-remaniement. Nianga Komata Goumou, ancien premier vice-gouverneur de la Banque centrale a été aussi casé au palais, au poste de conseiller macroéconomique.
Cette pratique ancrée dorénavant dans les mœurs du locataire du palais, est à mettre au compte du burlesque. Mais cela devait plutôt faire pleurer, puisque l’entretien de ces conseillers grève le budget de Sékhoutouréa au grand dam du contribuable guinéen.
En recyclant ses anciens ministres auprès de lui au palais présidentiel, Alpha Condé essaie de les tenir en bride. Histoire de les empêcher de tourner casaque dans un environnement où les politiques sont fluctuants et intéressés.
Même si sur le terrain, le bénéfice électoral de toute cette politique politicienne reste bien mince. Quand on sait que ces ministres ont juste les yeux plus gros que le ventre. N’ayant en réalité aucune surface politique.
Quant à ces cadres repêchés, ils voient ainsi leur marge de manœuvre réduite, ayant un fil à la patte. Tenus de se contenter de ce lot de consolation qu’est le sérail présidentiel. Il ne faut pas non plus perdre de vue que ceux dans le lot qui bénéficient de compétence technique, servent d’avatars aux départements ministériels. Et ce sont généralement leurs recommandations qui sont prises en compte au détriment de celles émanant de l’équipe gouvernementale. Un conflit de compétence créé et entretenu par la présidence.
En tout état de cause, ils n’ont rien à perdre, vu qu’ils bénéficient d’un blanc-seing pour continuer à beurrer leurs tartines sur le dos du contribuable. Surtout qu’ils sont pour la plupart soupçonnés à tort ou à raison d’avoir amassé des trésors de guerre, dans un système où il n’y a aucune reddition des comptes.
A noter que le nombre de conseillers affectés à la présidence de la république relève d’une énigme difficile à élucider, tant ils sont nombreux.
Après tout, comme le disait François Hollande « ça coûte rien, c’est l’Etat qui paie ».