C’est un syndicaliste en colère, furieux et amer que nos confrères de la Radio Espace ont reçu ce mercredi 26 septembre. Oumar Tounkara, le Secrétaire général adjoint (SGA) du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SELCG) est revenu sur le préavis de grève et les négociations programmées pour demain jeudi. Très remonté, le numéro 2 de SLECG a craché ses vérités et menacé le gouvernement d’aller en grève dès le 3 octobre prochain si rien n’est fait entretemps.
Interrogé sur le durcissement de ton et le préavis de grève lancé par le SLECG, Tounkara dit qu’ils ont trop attendu et que le gouvernement n’a pas la volonté de faire face à leurs revendications. Et comme la patience a des limites, ils ont décidé, selon lui, de passer à la vitesse supérieure.
«Je vous rappelle que depuis le 13 mars dernier, un protocole d’accord a été signé entre le gouvernement et les syndicats pour dialoguer. Les ministres Tibou Kamara, Gassama Diaby et Cheick Taliby représentaient le gouvernement. Du côté des syndicats, il y avait les camarades Aboubacar Soumah et Abdoulaye Sow de la FESABAG. Depuis cette date, rien ! Mai, juin, juillet, août, nous avons tenu trois assemblées. Nous avons écrit pour rappeler le gouvernement. Mais sans suite. Ce n’est que le 23 septembre, après notre préavis de grève, que le gouvernement s’est décidé à nous inviter à la table. C’est un gouvernement qui ne prévient pas la crise. Les gens attendent que la situation pourrisse pour intervenir. C’est dommage ! »
Maintenant que vous partez à la table de négociations. Vous allez surseoir à votre mot d’ordre de grève ?
«Aller à la table de négociations ne signifie pas que c’est réglé ! Nous retirerons le mot d’ordre de grève si nos requêtes sont satisfaites. A défaut, les négociations peuvent aller parallèlement avec la grève. Mais nous osons croire qu’on nous écoutera et tout ira pour le mieux. Sinon nous avons trop attendu. Par patriotisme, par souci de paix et pour l’avenir de nos enfants, nous avons respecté la période des examens scolaires. Mais on a senti le manque de volonté de la part du gouvernement. Les gens nous font languir, on veut nous avoir à l’usure », affirme-t-il.
Mais l’Etat n’a pas les moyens !
«Quoi ? L’argent circule en Guinée! Aéroport, port autonome, impôts, douane, les sociétés minières, hydrocarbures… Mais l’argent coule à flot dans ce pays ! D’où vient le fait qu’on nous rabâche à l’oreille à longueur de journée, il n’y a pas d’argent, il n’y a pas de moyens. Quand on revendique, on nous parle de paix, de quiétude, de ceci, de cela. Nous sommes fatigués. Nous n’attendons plus pour mourir dans la misère. Nous n’accepterons plus de vivre dans la précarité alors qu’eux vivent dans l’opulence avec leurs familles. Il faut que notre vie change! Nous ne laisserons pas nos enfants dans la souffrance. Jamais ! »
Que pense le Secrétaire général adjoint du SLECG des problèmes d’infrastructures tels que les routes, les hôpitaux, les écoles, l’eau et d’électricité qui assaillent l’Etat ?
A cette question, le numéro 2 du SLECG est catégorique. Pour lui, ce ne sont pas sur les enseignants qu’il faut jeter tout ce fardeau. Ils ne doivent pas payer l’indélicatesse du gouvernement qui a érigé la corruption en règle. Pour lui, les revendications des enseignants ne doivent pas empêcher la réalisation des infrastructures.
De 850.000 francs guinéens en 2010 à 2.150.000 francs guinéens en en 2018. Les syndicalistes ne voient-ils pas les efforts fournis par le gouvernement ?
«Le salaire, c’est la consommation et l’épargne. Le salaire de l’enseignant comme vous l’avez énuméré ne peut pas couvrir ses dépenses à forte plus raison épargner. Le coût de la vie engloutit tout ! Ce qu’un enseignant dépense est plus que ce qu’il gagne. Donc ne campez pas sur votre position par rapport au salaire actuel. L’enseignant guinéen est le moins payé de la sous-région.»
Et les autres fonctionnaires ?
« Mais les 40% obtenus ont profité à tout le monde ! Donc où est le problème ? Nous sommes heureux que cela ait eu des répercussions sur les salaires de tous les fonctionnaires !»
Pourquoi les syndicalistes ne se mettent pas ensemble pour aider l’Etat à lutter contre l’inflation, le contrôle des prix sur le marché, fixation des prix… ?
«… Mais, je vous apprends que ce n’est pas au SLECG de réguler le marché. Ce n’est pas le SLECG qui doit contrôler les poids, les mesures et que sais-je encore sur les marchés. Notre combat, c’est l’amélioration des conditions de vie des enseignants. Ce n’est pas notre rôle d’aller dans les locaux de la Banque Centrale pour parler d’inflation, de la Banque Mondiale ou de FMI. Ce sont les 8 millions qui nous intéresse », a-t-il tranché avant de demander aux enseignants de se tenir prêts.