A l’instar de bien d’autres endroits désignés comme lieux à déguerpir, par les autorités, l’opération menée au port de pêche de Téminétaye, dans la commune de Kaloum est entièrement achevée. Il a suffi de quelques heures pour que les forces de défense et de sécurité accomplissent cette mission. Tôt le matin du lundi 9 décembre, elles se sont massivement mobilisées, appuyées par des engins de génie civil, tels, des tractopelles, des rétropelles (Poclain) et des camions. Le tout s’est déroulé sans heurts ni violence. Le débarcadère qui, auparavant, grouillait de monde, à toute heure, du jour et de la nuit, est aujourd’hui, totalement désert. Plus rien n’y subsiste. Il n’y a plus qu’un espace vide, bordé d’un amoncellement d’ordures.
Nous n’allons pas revenir sur le modus operandi qui a permis d’arriver à ce résultat. Disons seulement que celui qui connaissait l’endroit auparavant, peut fort bien s’étonner de le retrouver dans son état actuel. Qu’on soit arrivé à un tel résultat, avec les réalités assez marquées qui le caractérisaient, il n’y a pas encore longtemps, paraît assez surprenant. C’est le cas des centaines de résidents qui avaient squatté les lieux, depuis bien des années, pour y construire des abris servant de maisons. L’endroit était truffé d’habitats précaires. Des infrastructures dont la plupart, dans un état très sommaire et désuet. On dénombrait également quelques constructions en dur, tel le cas d’une mosquée qui était bâtie sur les lieux.
Tout ce monde hétéroclite, réuni là, en bordure de mer, (hommes, femmes et enfants) bruissait, s’activait, s’éclatait, grenouillait, dans cet espace réduit, grouillant de va et vient, sans arrêt. L’occupation principale de la majorité des squatteurs qui y vivaient, était centrée sur la pêche maritime. Ils s’affairaient principalement sur les problèmes liés aux mouvements des pirogues, à la collecte, à l’achat ou au séchage du poisson, aux fumoirs, à la réparation des filets et au petit commerce, etc.
Ils avaient des échanges constants et variés avec les citoyens de Kaloum et des autres communes de la capitale. C’est dans la poursuite de ces transactions et négoces, que sont venus se greffer, au fil du temps, d’autres comportements jugés repréhensibles, puisque, de moins en moins innocents et vertueux. C’est le cas des déviants aux bonnes mœurs et à l’ordre public que sont le trafic et la consommation de drogue et de l’alcool, ainsi que la prostitution. Aussitôt saisies de la question, les autorités ont sonné le holà ! Elles ont alors instruit de combattre ce fléau.
C’est ce qui explique le déclenchement de ces opérations de déguerpissement, surtout au niveau des débarcadères, pour débarrasser la capitale de tout ce qui compromet son équilibre et sa sécurité.
Quelle va être la suite de cette opération que les services de sécurité ont effectuée, sans heurts ni dommages, au débarcadère de Téminétaye ?
La question mérite d’être posée, lorsqu’on tient compte de deux aspects : d’abord, le passé récent qu’a connu le même endroit, ensuite l’habitude que nous avons d’adopter ce qu’on appelle communément le ‘’feu de paille’’, au lendemain de ce que nous entreprenons.
L’on se souvient qu’au début des années 2010, si notre mémoire est encore fidèle, cet endroit avait été littéralement débarrassé de l’occupation anarchique qui y prévalait. Une opération qui avait été rondement menée par le gouverneur de l’époque, Sékou Resco Camara.
Mais, qu’est-ce qui en a résulté ? La suite, on s’en souvient. Avec un pincement au cœur !
Peu de temps après ce premier nettoyage, totalement réussi, à l’époque, l’envahissement de la zone avait repris de plus belle. Comme si rien n’avait été fait auparavant.
C’est ce que nous devons éviter sur les sites déjà déguerpis et déblayés, ces derniers jours. N’oublions pas l’adage qui dit que ‘’la nature a horreur du vide’’. Tenons en compte, dans tout ce que nous faisons.
Voilà pourquoi, il faut s’atteler, sans tarder, à viabiliser tout endroit, nouvellement délogé. Ainsi, par l’aménagement entrepris, non seulement, ceux qui sont restés sceptiques lors du déguerpissement peuvent se rassénérer et se convaincre du bien-fondé de l’opération, mais aussi, cela va empêcher qu’une énième réoccupation ne voit le jour.
D’ores et déjà, nous sommes optimistes quant à la solution heureuse qui va être trouvée. En effet, après le nettoyage complet du site, on aperçoit plusieurs camions et engins de chantier, garés sur les lieux. Ce qui constitue un signe révélateur d’un début de travaux.
Tout porte à croire que les autorités nous réservent une surprise. Attendons de voir !