Rien ne va plus entre les transporteurs de la gare routière de N’Zérékoré et la société de transport ST de la Côte d’Ivoire dont le siège est au quartier Dorota. Les transporteurs de N’Zérékoré interdisent désormais à cette société ivoirienne de transport de rentrer sur le territoire guinéen. Une situation qui a dégénéré dans la soirée d’hier jeudi 23 février avec le saccage par les chauffeurs de la gare routière centrale de N’Zérékoré de la gare de ‘’Soumaoro Transport’’ (ST), du nom de cette société de Transport d’un guinéen résident en Côte d’Ivoire.
Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes pour calmer la situation. Plusieurs responsables et transporteurs de la gare routière de N’Zérékoré ont été arrêtés et conduis en prison.
Rencontrés ce vendredi 24 février 2023, les différents protagonistes ont confié à Guinéenews les contours de ce conflit.
- Porte-parole de l’Union des transporteurs de N’Zérékore, Issiaga Camara :
« Nous avons été informés que les cars de la Côte d’Ivoire doivent arriver à N’Zérékoré. C’est quand ces bus sont venus, nous sommes allés leur dire de renvoyer les bus. Nous n’étions pas allés pour se disputer. Mais les chauffeurs des bus de la société ST ont refusé. Quand les gendarmes sont venus, ils ont fait sortir les bus et ils ont dit qu’ils allaient signer une convention. Pour dire aux chauffeurs de ces bus de ne plus venir ici. Ce sont des véhicules ivoiriens nous ne les voulons pas ici. Pourtant, nos véhicules n’entrent pas chez eux. Nous nous limitons à la frontière. C’est cela notre convention. Comment est-ce qu’ils peuvent venir prendre nos passagers pour les amener même à Conakry. Alors que nous gagnons notre pain à partir de ces transports inter urbains. Mais avec leur arrivée, on ne gagne plus de passagers », a-t-il expliqué.
Poursuivant, il menace : « ce qui nous a de plus fait mal, c’est qu’ils ont envoyé deux pick-up de la gendarmerie pour arrêter nos amis en nous arrosant de gaz lacrymogènes. Plus de huit (8) personnes dont nos amis et responsables croupissent en prison depuis hier à cause des étrangers. Ce qui ne se fait jamais en Côte d’Ivoire. Mais s’ils ne libèrent pas nos gens, N’Zérékoré ne sera pas tranquille aujourd’hui. »
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En revanche de la Société ‘’Soumaoro Transport’’ (ST), son Représentant n’entend pas baisser les bras. Par ailleurs, il dit être surpris par l’agissement de ses collègues guinéens et demande à ce que justice soit rendue.
« Je me demande ce qui ne va pas. Parce que depuis l’année 2019, on a fait une convention entre le syndicat indépendant et la société ST. On voyageait librement de la Côte d’Ivoire à N’Zérékoré. Avec l’apparition du COVID-19 et la fermeture des frontières, on ne venait plus. C’est après la réouverture des frontières qu’on a repris nos voyages. On a le droit de voyager parce que les deux pays font partir de la CEDEAO. Nous partons dans plusieurs pays de la sous-région. Pourquoi pas en Guinée. Ces agissements me surprennent quand même. On est venu pour faciliter la libre circulation des populations et de leurs biens », a indiqué Ousmane Kéïta.
Parlant de la circonstance du saccage de sa gare routière, il précise : « hier quand nos bus sont arrivés, la population a applaudi parce qu’elle est contente de notre arrivée. Soudain, on a vu un groupe de personnes qui sont des syndicats. Ils ont débarqué de trois minibus qui étaient noirs de monde. On a fermé la porte et ils ont commencé à lancer des cailloux. Nous avons quitté pour ne pas qu’on soit blessé. Ils ont pris le portail et jeté, mis nos plaques à terre, lapidé le bus, gâté nos parebrises. Ils ont emporté plus de huit téléphones de mes employés. Moi-même, j’ai perdu mon téléphone. Dépouiller les gens de tout l’argent qu’ils avaient… Donc, on demande justice dans cette affaire », a-t-il confié.
Faut-il signaler que les forces de l’ordre ont dans la matinée de ce vendredi, placés un impressionnant dispositif sécuritaire autour de la gendarmerie où se trouve le bus en question.
Pendant ce temps, il y avait un attroupement des chauffeurs en colère dans la gare routière où des éléments de la sécurité ont été déployés sur place.
Le président de la centrale syndicale CNTG à N’Zérékoré n’a, quant à lui, pas daigné s’exprimer à notre micro.