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N’Zérékoré : la déforestation gagne du terrain dans l’indifférence des autorités compétentes

Jadis connue  pour la densité de sa forêt caractérisée par une forte pluviométrie de 9 mois sur 12, la capitale de la Guinée forestière connait de nos jours une dégradation inquiétante de son couvert végétal.

En effet, la préfecture de N’Zérékoré, capitale de la Guinée forestière est aux yeux de plusieurs observateurs menacée par une déforestation à outrance de son couvert végétal, dans l’indifférence de tous les acteurs censés œuvrer pour la protection de la forêt.

Interrogé sur la question par notre rédaction, Papa Bilivogui, spécialiste en gestion des ressources naturelles donne son analyse de la situation : « malgré toutes nos alertes, la déforestation est en train de prendre une allure très inquiétante dans notre préfecture. Et cela s’explique par un certain nombre de facteurs dont entres autres : la carbonisation (le charbon de bois) qui est la principale source d’énergie de nos ménages mais aussi la culture sur brûlure et à cela s’ajoute l’exploitation industrielle. Dans tous les cas, si des actions urgentes ne sont pas prise, dans quelques années le nom « la guinée forestière » ne sera qu’un lointain souvenir. Car aujourd’hui le constat montre qu’en longueur de journée, c’est des camions chargés de sacs de charbon et de bois morts, en provenance des zones rurales qu’on voit débarquer en ville. Et cela au vu de tout le monde et au même moment aucune mesure d’accompagnement en termes de reboisement n’est menée sur le terrain », a-t-il déploré.

« C’est notre activité principale, car c’est dans ça que nous arrivons à nourrir nos enfants. Nous partons acheter ces sacs avec les carbonisateurs dans les villages pour les acheminer au bord des véhicules en ville ici. Nous achetons un sac entre 40 et 50 mille et nous revendons entre 65 à 70 mille. Quant au chargement de bois sec, il varie entre 600 à 800 mille, voire un million par moment », dira à son tour, madame Agnès Lamah, vendeuse de charbon et de bois sec, pour justifier la vente de charbon.

Pour cet éco-garde, qui a préféré gardé l’anonymat, leur tâche s’avère très compliquée. « Vous savez, il est très difficile d’arrêter la coupe du bois car y a plusieurs familles qui ne vivent que de ça. En plus, il n’y a pas de mesures d’accompagnement pour les personnes qui évoluent dans ce secteur. Cela est aussi valable pour les madriers, car vous savez que toutes nos toitures sont sur faites à base de bois. Sauf que malheureusement, l’état n’a pas encore pris de véritables mesures pour réglementer ce secteur. Force est de reconnaître que les textes existent mais leur application laisse  à désirer pour l’instant… », reconnaît-il.

Par ailleurs, monsieur Emmanuel, de la direction régionale de la météorologie de N’Zérékoré, donne des précisions sur les méfaits de la coupe abusive du bois sur le climat: « ce qu’on est en train de vivre en ce moment est très inquiétant. Car la pluviométrie de cette année est nettement faible par rapport aux années antérieures. Et la seule explication que je puisse donner sur ce changement est la coupe disproportionnée et abusive du bois dans nos forêts sans aucune mesure de restauration. »

A noter que toutes nos tentatives pour joindre le directeur de l’Office guinéen de bois de N’Zérékoré sont restées vaines.

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