Durant les 12 mois qui viennent de s’écouler, la préfecture de N’Zérékoré a marqué l’actualité à travers plusieurs événements. Allant de faits divers des plus saugrenus à la récupération des domaines de l’État. Sans oublier l’électrification de la ville et la lutte contre la moralisation de la gestion des deniers publics.
La récupération des domaine de l’état
Les autorités locales n’étaient pas en marge de la décision prise par les nouvelles autorités militaires dans le cadre d’une vaste campagne de récupération des patrimoines bâtis et non bâtis, à travers tout le pays. C’était là une des directives du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le 5 septembre 2021. Plusieurs quartiers de N’Zérékoré sont concernés par cette opération dans la commune urbaine. On estime à plus de 400 bâtiments qui seraient dans le viseur du patrimoine bâti. Mohomou, Ossud, Tilépoulou, Nyen, Dorota, Commercial, Angola sont les quartiers concernés par ces déguerpissements. Ces opérations de récupération ont été lancées le 4 mais 2021 dans la préfecture de N’Zérékoré. Avant que la mesure n’entre ensuite en vigueur dans les autres préfectures de la région. Notamment à Lola, Yomou, Macenta. Déjà, plusieurs bâtiments et points de commerce ont été déguerpis le long des voiries urbaines. Une décision diversement appréciée par les citoyens. Si certains la trouvent correcte, d’autres par contre fustigent la manière dont elle est exécutée.
L’électrification de N’Zérékoré par l’interconnexion
Autre fait marquant de l’année 2022, c’est aussi le lancement du courant d’interconnexion électrique. Ce fut le 04 avril dernier, sous la tutelle de l’ex-ministre de l’Energie, M. Abbé Sylla. La plupart des quartiers de la capitale de la région forestière ont été alimentés 24h sur 24, une première depuis l’indépendance. Un moment tant attendu par la population qui n’a pas manqué d’exprimer sa joie et sa gratitude au président Mamadi Doumbouya. Cette électrification a été effectuée à travers le projet CLSG.
L’immersion gouvernementale
Cette phase de la transition qui était une première dans l’histoire de l’administration guinéenne aura marqué plusieurs citoyens de la ville. Il s’agissait du premier conseil interministériel et le conseil des ministres délocalisé à l’intérieur du pays. Surtout que la ville de N’Zérékoré a eu le privilège d’accueillir en premier l’ex Premier ministre, Mohamed Béavogui et son gouvernement. Cette immersion avait duré environ une semaine. Elle avait pour but de toucher du doigt les réalités de l’administration publique, à travers les différentes préfectures de la région. Une décision du président de la junte militaire solennellement saluée par la population à la base.
Le colonel Doumbouya qui va snober tout de même les populations de N’Zérékoré qui s’attendaient à sa visite lors de cette immersion. Mais il n’en sera rien. n’a été qu’un feu de paille.
À souligner qu’à l’occasion de cette immersion gouvernementale, le patriarche Lambert Goikoya Zogbélémou a été plébiscité. Ce fut la fin des bisbilles entre le camp de Lambert Gokoya Zogbélémou et celui de David Massa Zogbélémou.
La visite avortée de l’ancien président Moussa Dadis Camara
Parmi les faits marquants de cette année 2022, il faut citer aussi la visite avortée du capitaine Moussa Dadis Camara dans sa ville natale. Le vol de Moussa Dadis Camara a atterri sur le tarmac de l’aéroport international de Conakry en fin décembre 2021. L’ex-chef de la junte militaire, président du Conseil National pour le Développement et la Démocratie (CNDD) est descendu de son vol avec deux livres saints, dont le Coran et la Bible. Se disant prêt pour le jugement des évènements du 28 septembre, qui d’ailleurs est en cours au TPI de Dixinn. Il faut souligner qu’une prétendue visite de Dadis dans sa ville natale fut avortée au grand dam de ses proches et sympathisants qui s’apprêtaient à réserver un accueil chaleureux à leur fils. Une situation qui avait provoqué la frustration au sein des pro Dadis à N’Zérékoré. Ces partisans avaient dénoncé en effet une prétendue manigance de l’ex-maire Moriba Albert Delamou, aujourd’hui en détention provisoire à la maison centrale pour malversation financière au sommet de l’hôtel de ville de N’Zérékoré.
Une insécurité galopante
2022 a aussi été émaillé d’insécurité galopante. Cela a rimé avec la découverte des corps sans vie et des cas d’assassinats et de viols. À Bounouma, une sous préfecture située à 10km du chef-lieu de N’Zérékoré, Michel Doré a tiré mortellement à bout portant à l’aide d’un calibre 12, sur deux personnes alors qu’ils étaient dans une campement de production d’huile rouge aux environs de 1h du matin, avant de prendre la poudre d’escampette. Un crime passionnel qui a irrité la population de Bounouma. Le lendemain de l’arrestation Michel Doré, des femmes ayant appris la nouvelle se sont levées torse nu, pour réclamer le coupable, afin d’en découdre avec lui. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre par coup de gaz lacrymogènes contre des jets de pierre chez les jeunes manifestants choqués par l’agissement des gendarmes. À Macenta, notons pour finir l’assassinat de la jeune fille Blandine. Ligotée, assassinée avant d’être jetée dans un puits. Un autre crime odieux qui a choqué le pays tout entier.
Plusieurs condamnations prononcées contre des prévenus
Au nombre de ces condamnations, on peut citer entre autres le verdict dans le dossier des violents affrontements intercommunautaires ayant opposé Konianké et Toma autour du patriarcat en 2020 à Macenta. Au terme des débats à la maison des jeunes de N’Zérékoré, qui avait servi de cadre à l’audience, le président du TPI de Macenta a déclaré des peines de réclusion criminelle contre des fugitifs, mais aussi, des peines d’un an pour certains et un acquittement pour d’autres. Un verdict salué par des avocats de la défense. Les accusés au nombre d’une quarantaine étaient poursuivis pour des faits présumés de meurtres et de détention illégale d’armes.
Dans le même sillage, des condamnations ont visé des personnes impliquées dans des vols et autres crimes. Il faut rappeler qu’en 2018 un commerçant avait été tué, une station-service cambriolée à main armée. Ainsi Moussa Kaba, Sékou Kourouma et Ibrahima Soumaoro et d’autres ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans. À préciser que le célèbre Moko a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté de 10 ans.
À ceci s’ajoute aussi la vente d’armes dans la cité. En mars dernier, la police a présenté deux commerçants d’armes de guerre et de minutions.
Conflit entre agriculteurs et éleveurs à Lola
Le conflit entre agriculteurs et éleveurs dans la préfecture de Lola, précisément à Zoo, est un autre fait marquant de l’année 2022, de par la récurrence des affrontements entre les deux camps. Ce, malgré les multiples réformes et médiations faites par les autorités dans la gestion des conflits. Après plusieurs mois d’attente de la suite d’une plainte portée contre le président des éleveurs, Elhadj Gourou Boly pour dévastation et incendie de cultures à Kassiéta, dans la sous-préfecture de Gama Berema, le prévenu a été condamné au payement d’une somme de 200 millions comme frais de réparation aux personnes de Mamadi Camara, Kalé Doré, Vieux Mathon Doré, Jacques Camara. À noter que le représentant des ressortissants de Lola, Cécé Joseph Doré, a été par la suite incarcéré pour trouble à l’ordre public, après avoir menacé de tuer tous les bœufs des éleveurs sur les réseaux sociaux. Il croupit depuis à la prison de la gendarmerie de N’Zérékoré, sur instruction du procureur de la république.
Dissolution du conseil communal et incarcération de Moriba Albert Delamou et Cie
Après avoir été décrié par une bonne frange de la jeunesse de N’Zérékoré, qui l’accusait de détournement de deniers publics et malversations, l’ex-maire Moriba Albert Delamou a été arrêté avec le secrétaire général communal, Sâ Dimio Sandouno et son ancien receveur qui était récemment en fonction à Beyla. Ils ont été écroués pour mauvaise gestion et malversations financières, après la dissolution du conseil communal par un décret rendu public le 5 novembre dernier. Une décision qui a été vivement saluée par bon nombre de citoyens, notamment les détracteurs de l’ex-maire qui ont toujours demandé son départ avec son équipe. Par ailleurs, le transfèrement du dossier de l’ancien maire Moriba Albert Délamou à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) n’est pas à exclure, selon des sources proches du dossier.