Dans la commune urbaine de N’Zérékoré, elles sont nombreuses ces femmes qui exercent les métiers de mécaniciennes, maçonnes, de peintres et autres métiers censés être réservés aux hommes. Parmi ces jeunes dames, nous avons rencontré Marie Kpoghomou qui excelle en mécanique-auto dans un garage de la place.
Elle a opté pour ce métier depuis neuf ans maintenant. Elle explique sa motivation par le souci d’être autonome, subvenir à ses besoins et à celles de ses parents. Agée de 25 ans, Marie Kpoghomou est capable de faire plusieurs travaux sur un véhicule sans aucun diplôme de formation technique ou professionnelle.
« J’ai choisi ce métier parce que je me suis dit que c’est ce que je veux faire. Ma motivation est venue du fait que j’ai vu une dame mécanicienne qui travaille dans une grande société. Je me suis aussi fixée l’objectif d’être comme elle. C’est pourquoi je suis mécanicienne aujourd’hui. Je n’ai pas fait l’école professionnelle. Je me suis limitée au collège en 7 années. Je me disais que c’est un métier d’hommes mais quand je suis rentré dedans, j’ai compris que ce n’est pas réservé qu’aux hommes », a-t-elle expliqué.
Poursuivant elle dira que, « Aujourd’hui je comprends bien la mécanique bien que je l’ai commencé par la pratique. On ne peut pas tout connaître dans un métier mais avec la concentration on pourra beaucoup faire. On repart les moteurs, on fait la suspension et plein d’autres travaux. Personnellement quand on m’envoie une voiture pour réparer la suspension je peux le faire moi seule», a fait savoir Marie Kpoghomou qui dit n’être pas confrontée à des difficultés majeures dans l’exercice du métier de mécanicien.
« Je suis à l’aise ici. Je me comprends très bien avec les garçons qui sont dans ce garage c’est le cas avec mon maître. On me respecte bien aussi. Avec les clients aussi ça marche bien. Plusieurs d’entre eux me félicitent, on me donne de l’argent, d’autres me donnent de l’argent 50 voire 100, jusqu’à plus de 200 mille quelquefois pour m’encourager. Mais certains aussi essaient de me draguer. Croyant que quand ils me draguent, je vais accepter à cause de la statut. Dès fois quand j’y pense, j’estime qu’ils sont en train de me tester pour voir ma moralité, en tout cas je ne me laisse pas faire », a-t-elle juré.
Encore dans l’apprentissage, Marie Kpoghomou arrive à joindre les deux bouts et assiste ses parents installés au village.
« Il y a des années que je suis là mais je n’ai pas besoin d’un garçon. Je me gère moi-même et je fais de mon mieux pour aider mes deux parents. Avec le peu que je gagne, si l’un d’entre eux se lamente je lui envoie le peu que j’ai sous la main. Cela c’est grâce à ce métier de mécanicien que j’exerce. Bien que j’ai des frères qui ne se débrouillent pas mal. La plupart d’entre eux ont fini les études mais pas de boulot. Ils sont en train de conduire le taxi moto », dit-elle.
« Même si Dieu te donne un bon mari, sache que c’est pour juste le début parce que ça ne sera pas continuel. Et même si ça continue, il faut mettre en tête qu’il y a la mort. Parce qu’on ne termine pas la vie ensemble. Même si ton mari fait tout pour toi, il faut se battre pour pouvoir faire quelque-chose à son absence au moins. Il y a des jours où il peut tomber malade pour un bon moment et que sa maladie le fatigue trop, c’est toi la femme qui va souffrir avec tes enfants. Parce que tu t’es laissée faire avec lui, il a fini de te gâter. Donc la femme doit être capable d’aider son mari et essayer d’être financièrement indépendantes, tout en participant aux dépenses de la famille », a conseillé Marie Kpoghomou, tout en déplorant les violences faites aux femmes.