Entre le ministre de la Justice – pourtant magistrat de profession – et les dirigeants de l’Association des Magistrats de Guinée, ce n’est pas le parfait amour. Mais les relations se sont davantage dégradées depuis le passage au CNT du Secrétaire général de l’Association des Magistrats de Guinée (AMG), Abdoulaye Israël Kpogomou, qui n’avait pas manqué de régler certains comptes au ministre de la Justice.
L’Association avait dénoncé l’attitude du Garde des sceaux « qui est en train de mener sa propre transition dans cette transition avec pour corollaire : la théâtralisation, la désacralisation, la banalisation et l’infantilisation de la justice à travers des actes qui sont contraires à l’esprit du discours de prise du pouvoir par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). »
Sans oublier, « les publications intempestives des actes de procédures (injonctions) ainsi que des actes administratifs (arrêtés de suspensions des Magistrats) sur les réseaux sociaux, au mépris répété de la loi, la volonté de traumatiser les Magistrats, de les humilier et de les soumettre coûte que coûte… les persécutions, les menaces et les chantages au décret effectués contre les Magistrats ». Bref, un harcèlement à l’encontre des magistrats.
Selon nos informations, Charles Wright n’a pas tardé à réagir à cette communication en faisant ouvrir une procédure contre le Secrétaire général Abdoulaye Israël Kpogomou devant le Conseil Supérieur des Magistrats (CSM). Sans oublier que celui-ci (Kpogomou) fait déjà l’objet d’une autre procédure dans l’affaire de Labé. Pour les proches des magistrats, le ministre est en train d’intimider leurs confrères qui dénoncent « ses dérives ». « Sinon, tout le monde sait le discours lu par Israël au CNT ne peut nullement motiver une procédure disciplinaire. Il a tenu ce discours en tant que syndicaliste, en tant que membre de l’Association des magistrats. Mais le ministre le fait pour intimider les magistrats. Il est en train de nous harceler », estime un magistrat qui a requis l’anonymat.
Contacter par Guinéenews, le ministre de la Justice en estimant que c’est d’abord un manque de respect à un ministre de dire qu’il est en train de harceler. Ensuite, Charles Wright aimerait que ceux qui l’accusent s’affichent. « S’ils le disent ouvertement, je n’hésiterai pas à user de mon droit à porter plainte contre eux », nous a-t-il dit au bout du fil. Charles Wright a réitéré qu’il est le premier défenseur des magistrats, mais qu’il ne tolérera aucun manquement à l’éthique et à la déontologie. Conformément à la loi, il saisira le Conseil supérieur de la magistrature pour tout manquement de la part d’un magistrat. D’ailleurs, en saisissant le Conseil, il croit n’avoir exploité qu’une possibilité qui lui est offerte par la loi. Il revient à l’organe de dire si le magistrat incriminé à raison ou pas.
« Tout le monde m’a vu comparaître ici devant une juridiction de première instance. Cela veut dire que personne n’est au-dessus de la loi. Donc, si quelqu’un fait l’objet d’une plainte, qu’il se présente et se défende au lieu d’aller voir la presse », a martelé le ministre Wright.