Il n’y a pas une semaine qui passe, sinon même un jour, en certains endroits de notre pays, sans qu’on n’entende parler d’un accident de moto. Que ce soit dans les centres urbains ou en rase campagne et même jusqu’aux districts les plus excentrés ou inaccessibles. Partout, on rencontre les engins à deux roues. Ils constituent un moyen de déplacement très prisé. La couche moyenne de la population, surtout les jeunes, les ont largement adoptés. Les raisons à cela sont multiples : un prix d’achat relativement abordable, l’entretien peu onéreux, mais aussi, une taille et une maniabilité qui les rend faciles à utiliser. Cette dernière commodité permet au conducteur d’arriver avec son engin jusque devant son domicile, mais aussi de le ranger facilement, partout. Un luxe que la voiture, en raison de l’aménagement urbain ou routier par exemple, ne lui offre pas, tout le temps.
Ces quelques déductions ou motifs ont inspiré bien de nos concitoyens qui ont vite sauté le pas pour exploiter cette opportunité génératrice de revenus. Ils en ont fait un moyen de transport public de passagers. Comme l’avaient fait auparavant, quelques pays de la sous-région. D’où la naissance du phénomène taxi-moto. Une activité qui a connu chez nous, un développement fulgurant, une croissance exponentielle considérable. De telle sorte qu’à ce jour, il est difficile d’évaluer le nombre exact d’engins à deux roues circulant dans le pays. Peut-être bien que la campagne annoncée de ré immatriculation du parc automobile national permettra d’y voir plus clair, dans les jours à venir ? Espérons- le.
Les engins à deux roues en général, sont utilisés par bon nombre de citoyens de la couche moyenne, toutes strates d’âge, tout sexe ou tout statut social confondus.
Quant aux exploitants de taxi-motos, ils sont de divers horizons : des jeunes diplômés, des paysans ou villageois reconvertis, des adultes qui s’investissent de manière épisodique, des désœuvrés bénévoles et même des corps habillés qui, dans des circonstances particulières, se travestissent en transporteurs occasionnels.
Et là où le bât blesse, c’est lorsqu’on sait que les conducteurs de ces deux roues, que ce soit à titre individuel ou onéreux (cas de mototaxis), dans leur grande majorité, n’ont pas reçu de formation spécifique pour la conduite motocycliste. Il n’existe pas de moto-écoles à proprement parler chez nous. Conséquemment les conducteurs de ces types d’engins n’ont pas le permis de conduire requis. Pourtant la règlementation en vigueur l’exige bien clairement : permis A1, jusqu’à 125 cm3 de cylindrée et au-delà, le permis A. Mais combien sont-ils à l’avoir ou sinon même à le savoir ? Très peu.
S’ils sont peut-être bien habiles dans la conduite motocycliste, par contre ils n’ont que peu ou prou de notion sur le code de la route, les règles de circulation et surtout, pour les conducteurs de taxi-moto, les approches liées à la relation qu’ils doivent avoir avec la clientèle.
Tout ce melting-pot ou capharnaüm, à force de perdurer, sans encadrement ni contrôle, ne peut que générer les problèmes que nous vivons aujourd’hui.
Des chiffres qui parlent
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Nous n’irons pas très loin pour étayer nos arguments. Nous nous contenterons pour l’essentiel des dernières statistiques relevées par la police et la gendarmerie routières.
Sur les 18 accidents, dont 04 mortels, rapportés par la police pendant les fêtes de fin d’année 2020, 11 ont impliqué ou ont été provoqués par les motos.
Quant aux accidents annuels, nous relevons, en rappel, les chiffres suivants, concernant les mêmes motos. Pour la police : 1857 en 2019 et 1772 en 2020, soit 3269 ajoutés aux 11 des fêtes de fin d’année, qui font 3280. Et pour la gendarmerie : 286 en 2019 et 352 en 2020, soit 638.
Le total des deux, (police et gendarmerie) fait 3918 accidents de motos pour les deux ans, pour un total général de 8042 accidents, tous véhicules confondus.
Ces chiffres sont évocateurs et nous interpellent. Ils représentent, dans les centres urbains, un peu plus de la moitié du nombre total d’accidents enregistrés (tous véhicules confondus) et, sur un plan général, un peu plus du tiers.
Et ce n’est là qu’une estimation, étant donné qu’ils ne sont pas tous constatés par les services de sécurité routière. La plupart sont réglés à l’amiable ou de diverses autres manières. Leurs protagonistes évitant à tout prix de se soumettre au constat de la police ou de la gendarmerie.
Les accidents mortels à moto se multiplient à cause de la violence des chocs, dans les cas de chute ou de collision à grande vitesse. Il y a aussi les blessures graves et les fractures des membres supérieurs ou inférieurs, du fait du manque de protection des conducteurs de ce type d’engins.
Mais, plus grave que tout, il y a les nombreux traumatismes crâniens, souvent mortels ou à tout le moins, sources de terribles et irréversibles conséquences, dus au non port du casque protecteur.
Somme toute, que voilà une situation d’alerte, à gérer sans attendre !