Comment les fidèles chrétiens de Guinée vont-ils célébrer Noël en cette période de crise de carburant, une fête chrétienne symbolisant la naissance de Jésus Christ ? À la veille de cette célébration, Guinéenews est allé à la rencontre des religieux chrétiens pour parler de ces difficultés auxquelles ils sont confrontés. Certains d’entre eux déplorent la cherté des denrées alimentaires sur le marché. Tandis que d’autres attirent l’attention sur les problèmes liés au déplacement à cause de la rareté du carburant.
L’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de la Société Guinéenne de Pétroles (SGP) a indéniablement impacté négativement le quotidien des citoyens guinéens, y compris les chrétiens qui sont déjà en plein dans les préparatifs de Noël.
Pour Paul Loni Falé, le Curé de la Paroisse ‘’Sainte Thérèse’’ de ENTAG, cette crise n’est que la volonté de Dieu. Il appelle les fidèles chrétiens à accepter de vivre cette réalité qui ne dépend de personne et surtout de prier à la maison pour ceux qui ne parviendront pas à se déplacer.
« Ce qui est arrivé à notre pays ces derniers temps, surtout à la veille de la fête de Noel, est un événement vraiment malheureux et très inquiétant. Cela concerne tous les Guinéens, pas seulement la communauté chrétienne. Du côté des chrétiens, notamment ceux qui souhaitent célébrer la fête de la Nativité dans la plus grande sérénité et solennité, la difficulté se situe au niveau des déplacements, surtout pour ceux qui habitent loin. Les fidèles commencent déjà à me contacter pour demander comment nous allons célébrer ? Est-ce que le gouvernement va nous aider ? Cependant, étant donné que c’est un événement qui a touché tout le monde, il est essentiel de comprendre que ce n’est pas quelque chose que quelqu’un a souhaité. Ce n’est pas un événement provoqué pour entraver les festivités chrétiennes. C’est une coïncidence. C’est pourquoi je demande particulièrement à mes fidèles de s’adapter à la situation. Peut-être que les autorités vont nous aider à mieux célébrer, mais nous devons rester calmes et aborder les choses de manière positive. Il est normal de se retrouver en famille de Dieu, mais nous pouvons aussi bien prier tout en restant à la maison. Nous pouvons être en communion avec ceux qui prient à l’église et adopter de bonnes pratiques à la maison sans se déplacer », a souligné, le curé Paul Loni Falé.
Un autre paroissien de l’église Sainte Thérèse encourage les chrétiens à marcher pour se rendre à l’église pour la cause divine, malgré la crise de carburant qui frappe le pays.
« Lorsque vous enregistrez la naissance d’une personne dans votre famille, c’est toujours un plaisir. C’est la venue de celui qui nous sauve. C’est vraiment un très grand sentiment de joie. Quant à la situation actuelle, les difficultés font partie intégrante de la vie. Cette crise de carburant vient s’ajouter à la réalité préexistante, liée aux déplacements et à la préparation de la fête. Notre paroisse est telle que, quel que soit l’endroit où vous résidez, on peut venir à pied au pire des cas, lorsque l’on a la volonté. Lorsque nous avons la volonté de venir voir la naissance de notre Seigneur, de venir rencontrer les autres frères et sœurs pour partager avec eux ces moments de joie, on peut le faire. Nous devons accepter de nous déplacer à pied pour trouver des raccourcis simplement parce que nous sommes convaincus que c’est notre sauveur qui vient », a déclaré ce fidèle du nom de Roger Kamano.
Quant à Maomy Brigitte Sanama, chrétienne catholique de la paroisse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de ENTAG, la crise de carburant a entraîné une augmentation exorbitante des prix des denrées alimentaires sur le marché.
«Avant même le jour de Noël, les gens doivent préparer les fêtes, aller au marché pour faire les achats. Personnellement, j’étais hier au marché Madina. Le transport aller-retour m’a coûté grosso-modo 150 000 GNF. Pour cela, j’ai dû marcher de Madina jusqu’au pont de l’aéroport. Donc, ce n’est vraiment pas évident. Certains commerçants avaient déjà leurs marchandises, mais ils nous disent qu’en l’absence d’essence, ils achètent le litre entre 40 000 et 45 000 GNF. Ainsi, ils augmentent le prix de leurs marchandises. Ce n’est vraiment pas facile. De plus, pendant les fêtes de Noël, nous sommes souvent éveillés de 23 heures jusqu’au jour suivant. Actuellement, il y a un risque que nous ne puissions pas le faire compte tenu de la situation actuelle du pays. L’insécurité est également présente, et certains parents sont même réticents à l’idée de venir », a-t-elle souligné.