Plusieurs jours après son arrestation à Siguiri et son transfèrement sous bonne escorte à Conakry, personne ne peut dire avec exactitude où se trouve Möfa Sory ou Sory le ‘’tueur’’ en maninka. Pendant ce temps, les rumeurs les plus folles circulent à Kankan et à Siguiri quant à son sort. Certains affirment dans les rues de Kankan et de Siguiri que le féticheur est retenu dans un endroit tenu secret à proximité du Palais présidentiel, tandis que d’autres prétendent qu’il serait simplement décédé.
Une seule certitude persiste : personne ne l’a vu à la Maison centrale de Conakry, où il est censé être détenu s’il avait été placé en détention provisoire. Pendant ce temps, à Siguiri, dans la sous-préfecture de Doko, sa résidence est désertée depuis plusieurs semaines par ses deux épouses et tous ses proches. Par peur, tous les membres de sa famille sont en fuite. Ses épouses se seraient réfugiées dans leurs villages d’origine.
Une source proche du dossier que nous avons interrogée sous couvert d’anonymat, a déclaré : « ce sont des rumeurs infondées. Il est bien en vie. » Cette personne a également contacté une autre personne affirmant l’avoir vu dans un endroit secret et sécurisé au centre-ville de Kaloum. « C’est faux ! Même ce matin, lorsque nous avons entendu la nouvelle, nous sommes allées le voir. Il est en vie et en bonne santé. »
Cependant, ces déclarations ne suffisent pas à dissiper les doutes qui persistent dans l’esprit des citoyens, car personne ne l’a réellement vu.
Pourtant, aucun avocat n’est pour le moment engagé par sa famille pour le défendre ou connaître son sort !
Du côté de Kankan, les rumeurs qui circulent donnent formellement le jeune féticheur pour mort. Une source très proche du pouvoir, sous le sceau de l’anonymat, nous confie même que : « le jeune féticheur, Môfa Sory, a un peu cherché ce qui lui est arrivé. Lorsqu’il s’est rendu au palais, après son tête-à-tête avec le président, il lui a formellement été interdit de relater quoi que ce soit concernant cette entrevue et on lui a demandé de se faire discret tout en bénéficiant des largesses de la présidence en retour. On lui a même offert une nouvelle voiture sur-le-champ. Cependant, dès qu’il a quitté Conakry, il est d’abord venu ici à Kankan où il a séjourné dans un hôtel de luxe, en rencontrant de nombreuses personnes et en publiant des vidéos avec elles. Dans ces vidéos, il affirmait que tout allait bien entre lui et les autorités. Par la suite, des militaires sont venus une fois à son hôtel pour tenter de l’arrêter, mais ils n’y sont pas parvenus. Il a réussi à leur échapper. Plus tard, alors qu’il était en partance pour Siguiri dans la soirée du jeudi 1er juin, il a été contacté par un journaliste, à qui il a dit qu’il était sur le point de voyager et qu’à son retour à Siguiri, il donnerait tous les détails de son entrevue au palais. C’est à ce moment-là, dès son arrivée à Siguiri, qu’il a été convoqué et s’est rendu aux services de sécurité qui l’ont emmené à Conakry. Une fois arrivé à Conakry, il a été violemment agressé et admis discrètement dans un hôpital. Là-bas, il a tenté de mettre fin à ses jours en se frappant la tête contre le mur, et c’est ainsi qu’il a perdu la vie », nous a relaté cette source. De même à Kankan, nous avons tenté en vain de joindre Simbo Famoudou Traoré, également connu sous le nom de Namaramangni, l’un des leaders de la célèbre confrérie des chasseurs traditionnels, pour savoir s’ils sont informés du sort de ce jeune féticheur que beaucoup d’entre eux avaient défendu par le passé.
Un article de nos correspondants Sekou Berth à Kankan et de Moro Sacko à Siguiri.