Le « Nimba succès » de Lola est l’ancien orchestre instrumental de la préfecture de Lola qui a fait danser la population de cette région dans les années 70, jusqu’aux années 90. Mais hélas, les artistes de ce groupe peinent à joindre les deux bouts aujourd’hui.
Certains membres du groupe tentent de faire revivre cet orchestre né sous la révolution, mais ils manquent d’instruments modernes. La plupart des artistes de Lola sont partis de cet orchestre comme Abel Théa, Gnagan Loramou et d’autres.
Pour connaître le quotidien de ces pionniers de la musique konon à Lola, Guinéenews, à travers son correspondant basé dans la région, s’est rendu chez Bèlè Loua, professeur de français au collège Tinhen-boulou. Avec son look à la congolaise et une coiffure à l’ancienne, Bèlè Loua nous a relaté son parcours atypique et celui du « Nimba succès ».
« Quand je suis arrivé à Lola en 1982, j’étais en 12e année. J’étais bagagiste pour le Nimba succès. Le Nimba succès répétait à Zingo à l’époque d’Abel Théa et Gnagan Loramou. J’étais avec eux en tant que bagagiste. C’est après les tournées et les festivals qu’Abel a trouvé la mort. Ainsi que Gnagan et Gbato, les leaders vocaux du groupe de l’orchestre sont restés sous la direction de Gopouna Doré et Nountey Bamba en 1975. Aujourd’hui, Nountey Bamba souffre d’hypertension. »
Concernant l’objectif de la création de l’orchestre Nimba succès, notre interlocuteur rappelle : « Le Nimba succès a été créé dans le but de valoriser la culture de la préfecture de Lola et de promouvoir la paix dans la réjouissance. Bien que nous imitions les Congolais et les blancs avec la chanson magique de Franco le Congolais Mario ‘Mario’. Le Nimba succès a joué un rôle très important dans la promotion de la culture de la préfecture de Lola durant la première république, lors des réceptions des grandes personnalités et des animations de la ville de Lola. »
« En 2010, nous avons été invités à Conakry pour le 14e festival national, et nous avons été classés troisièmes avec l’équipe de N’Zérékoré. Nous avons reçu une prime de 200 millions de francs guinéens. Le Nimba succès a gagné 34 millions. Je suis avec 24 jeunes et des anciens qui répètent pour la survie du groupe. »
Les difficultés actuelles du Nimba succès sont entre autres : « La vétusté des instruments de musique est notre premier problème. Pour les installer, il faut souvent une heure, sans pouvoir les utiliser. Les jeunes techniciens ont des problèmes pour les installer. Les instruments sont chers et nous n’avons pas les moyens de renouveler notre équipement musical. Nous jouons parfois dans les quartiers sur invitation, et récemment, nous avons célébré l’anniversaire de la mort de Gnagan Loramou. Nous prévoyons de faire de même pour les autres artistes du Nimba succès. Nous avons organisé une cérémonie près de sa tombe pour commémorer sa mort et lui montrer notre affection. Les jeunes artistes ne s’intéressent pas à nous maintenant, ils veulent le modernisme. Ils aiment la facilité. Ils chantent bien, mais lorsqu’ils sont accompagnés par des instruments, ils ne peuvent pas chanter. Notre culture est la base de la musique moderne, tout comme la case est la base de la maison en tôle. Les jeunes veulent évoluer en solo, privilégiant l’individualisme. Nous avons commencé à commémorer les anniversaires des grands noms du Nimba succès. En évoquant le passé, Bèlè Loua affirme : ‘Pendant la première république, le régime de Sékou Touré accordait plus d’importance aux artistes qu’aujourd’hui. Nous étions respectés partout. Le Nimba succès a connu des succès au niveau régional et national, avec des chanteurs exceptionnels qui faisaient vibrer le peuple ainsi que les jeunes de l’époque. Mais aujourd’hui, c’est le contraire, ce groupe cherche à être connu par la population. Nous sommes oubliés. Aujourd’hui, nos anciens sont âgés, malades, certains souffrent d’hypertension. Ils n’ont pas les moyens de se soigner. Ils nécessitent des traitements coûteux. Nous demandons une prise en charge pour ces anciens qui ont fait vibrer toute la population de Lola dans le passé. Nous voulons revitaliser le groupe, mais sans moyens, rien n’est possible. Certains jeunes s’intéressent au jazz, mais les anciens qui ont commencé sont en train de disparaître, et certains sont confinés chez eux à cause de la maladie, sans aide. Nous appelons l’État à nous soutenir dans notre renaissance. Nous interpellons le ministère de la Culture pour qu’il nous aide à renouveler nos instruments », conclut-il.