C’est un griot électrique profondément affecté par le décès du grand saxophoniste camerounais Manu Dibango, qui a accepté d’apporter un témoignage sur l’illustre disparu ce mardi 24 mars 2020 à Paris, des suites du Coronavirus.
Gorge nouée, Mory Kanté s’est efforcé à nous confier ce qui suit : » Avec Manu, ce n’est pas une affaire d’amitié ordinaire. Sa disparition, pour moi, est une perte immense pour non seulement l’Afrique, mais aussi pour le monde tout entier. Nous avons partagé plusieurs scènes. On a même enregistré quelque chose qui devrait sortir les prochains jours ou semaines avec la radio Africa N°1 où on a fait un sketch improvisé de 30 minutes. C’était tellement merveilleux que Robert Brazza a dit qu’il le prend tout de suite pour le sortir. Je vous rappelle que c’était sans répétition. Moi, j’étais au balafon avec Adama. Et, Manu est venu au saxo. Il s’est lancé dedans tout de suite. C’était son dernier enregistrement.
Également, l’année dernière, on a fait Las Maravillas ensemble, avec Bonkana Maïga. Et la grande collaboration que j’ai eue avec Manu, on a fait ‘’Le tam-tam pour l’Éthiopie’’ qui est un grand disque fait dans les années 80. Ce disque s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Et tout l’argent a été reversé au peuple éthiopien. C’est Manu et moi qui sommes partis remettre ce chèque au gouvernement éthiopien.
On a fait l’Elysée ensemble avec François Mitterrand. On a fait beaucoup de choses. On s’est battu pour la paix dans le monde. On s’est battu pour aider ceux qui ont faim, pour aider les pays qui sont en guerre. Que la terre lui soit légère, ainsi que pour mon jeune frère Aurlus Mabélé. Que Dieu le Tout puissant soit clément avec eux. «
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