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Morlaye Sylla, ex-capitaine du Syli, entre dénonciations et plaidoyers pour les footballeurs en détresse (entretien)

Sylla Morlaye communément appelé ‘’Mazo’’ est ex-international et ex-capitaine du Syli national. Il est né le 5 aout 1971 à Conakry. Morlaye Sylla alias ‘’Mazo’’ est fils de feu Abdoulaye et de feue Djénaba Bangoura.

Marié, il est père de 4 enfants dont 2 filles et 2 garçons.

Il a fait ses études primaires à Kindia 2, celles secondaires au collège 28 septembre et le lycée à Wassou.

Titulaire des deux bacs Sylla Morlaye va bouder finalement l’école au profit du football pour s’aventurer en Europe.

Votre site électronique Guinéenews l’a rencontré à son domicile au quartier Nongo, dans la commune de Ratoma. Dans cette interview, comment il est venu dans le football, bien que joueur d’alors d’une équipe fédérale, celle de Kindia, de surcroît plus jeune, il explique son ascension et les qualités qui lui ont permis de porter le brassard de capitaine du Syli national de Guinée. Plus loin, il nous fait vivre ses beaux et mauvais souvenirs et fait savoir ses projets à court, moyen et long termes.

En plus du regard qu’il porte sur l’actuel football guinéen, Morlaye Sylla monte au créneau pour dénoncer ce manque d’attention des autorités en charge du Sport à l’endroit des anciens footballeurs vivant à l’extérieur. Enfin, il plaide en faveur des anciens footballeurs qui sont en détresse. Lisez !

Guinéenews : comment êtes-vous venu au football ?

Morlaye Sylla : comme tout jeune, j’ai très tôt commencé à jouer dans la rue. Progressivement, j’ai joué pour le quartier et finalement je fus recruté très jeune au sein de la sélection fédérale de Kindia par les coachs Remeter Kallo et Sékou Camara Dinalo.

Je m’entrainais en compagnie de l’équipe des militaires qui préparait une compétition prévue à Boffa. J’ai joué mon premier match de championnat au compte de l’équipe fédérale de Kindia contre celle fédérale de Dalaba. Je n’avais pas de licence et frauduleusement, j’ai opéré sous la licence de Younoussa Bangoura qui était malade. Classé en deuxième mi-temps, j’ai été l’auteur des deux passes décisives qui ont donné la victoire de 2 buts à zéro au Gangan football club. Tous les buts ont été inscrits par Kinani.

Depuis ce jour, l’entraineur m’a conservé au milieu du terrain et toujours soutenu et couvert par d’autres, vu mon physique qui ne répondait pas.

C’est lors de deux matchs amicaux livrés contre une équipe minime de Labé, que j’ai été réorienté libéro à la place de Dinalo qui avait des douleurs au niveau des hanches. Et c’est ce jour que le brassard de capitaine m’a été donné au niveau du Gangan football club.

En 1983, lors d’un tournoi des phases finales du championnat guinéen, logé dans la même poule que le Horoya Athlétique club, après le match livré contre le HAC, sur décision de la FEGUIFOOT à la recherche d’un libéro, je fus pressenti. J’ai été sélectionné en junior en 1984 et graduellement, la même année, j’ai appartenu à la sélection nationale A. J’ai été aussi sociétaire du Hafia football club. Voilà mon parcours et comment je suis venu au football.

Guinéenews : vous aviez porté le brassard de capitaine au niveau de la sélection nationale. Produit d’une sélection fédérale comment expliquez-vous votre ascension face à vos ainés, des autres footballeurs des clubs de la capitale ?

Morlaye Sylla : honnêtement, j’étais le plus jeune et quand on m’a donné le brassard, après la coupe Cabral 1987, pendant qu’il y avait mes ainés (Seydouba Bangoura, feu Amara Touré, Bozik, Katoumba…), je fus très surpris.

En ce moment, eu Abdoulaye Banks gardien de but, malade était le capitaine et c’est lui que j’ai remplacé.

Pour répondre à votre question, je me réfère à Me. Naby Camara qui, après tant d’années, m’a donné les raisons de son choix. Et c’est quand je suis arrivé lui présenté des noix de colas pour l’initiative d’organiser des galas de rencontre à Conakry, qui réunissaient les footballeurs résidants et ceux vivant à l’extérieur, il m’a signifié ceci : « cela ne me surprends pas. J’ai toujours cru à ton esprit de rassembleur, une qualité qui m’a toujours poussé à te donner le brassard et tu l’as assumé ».

Guineenews : vous avez été capitaine du Syli national. Aviez-vous eu la chance de participer à une CAN ?

Morlaye Sylla : je dirais non. Et il faut reconnaitre dans mon parcours que j’ai participé quand même à des matchs de qualifications. Mais participé à une CAN, Dieu ne m’a pas donné cette chance.

Guineenews : vous aviez eu un parcours plus ou moins flamboyant sur le plan du football. Qu’à cela ne tienne, vous avez certainement des beaux ou mauvais souvenirs à nous relater ?

Morlaye Sylla : vous savez dans le parcours d’un footballeur, il ne s’agit pas d’être le meilleur d’un club ou d’une équipe nationale. L’essentiel, c’est de figurer dans l’histoire.

S’agissant de bon et beau souvenirs, je me rappelle de la coupe Cabral 1987 remporté par le Syli national à Conakry. Ce qui m’a surtout marqué, c’est la visite avant la finale que m’ont rendue à l’hôtel de l’Unité, le journaliste Jean Diata, Bouhary Yansané ainsi que plusieurs autres journalistes. Ils m’ont posé la question de savoir si toutefois je préfère le trophée collectif ou celui individuel. C’est-à-dire, j’étais déjà pointé du doigt comme meilleur joueur du tournoi en concurrence avec Fadiga des Aigles du Mali. Sachant que le Syli national était porté vainqueur du tournoi avant la finale, ce jour, j’ai opté pour le collectif. En plus, la même année, j’ai eu la chance de soulever la coupe CEDEAO junior à Ouagadougou.

Un autre beau souvenir est l’espoir que j’avais promis au feu général Lansana Conté, en tant que capitaine, de rapporter la coupe Cabral qui s’était déroulée à Bissau. Cela s’était concrétisé contre la sélection nationale de la Sierra Léone.

Pour le plus mauvais souvenir, je retiens la défaite à Tunis du Syli national sur un score écrasant de 5-0. Ce match reste un mauvais souvenir. Cette défaite a-t-elle été orchestrée ? J’avoue que l’histoire donnera raison car, du voyage à la rencontre, plein de choses se sont passés. C’est un mauvais souvenir.

Guineenews : ancien international vivant à l’extérieur, avez-vous des projets à court, moyen et long termes ?

Morlaye Sylla : oui, j’ai mis deux académies de football en place à Kindia et à Kankan. Faute de moyens, celle de Kankan est en veilleuse pour l’instant.

J’étais venu pour faire une détection au niveau de mon académie. Malheureusement, mes deux partenaires qui devraient se déplacer ont eu des résultats positifs du COVID.

J’ai des projets et ce n’est pas facile de réaliser tout cela en Guinée. J’espère que le temps viendra pour permettre à tout un chacun de réaliser ses rêves.

Guinéenews : quel est votre regard sur le football guinéen que vous aviez pratiqué à un moment donné et surtout en qualité de capitaine de la sélection nationale ?

Morlaye Sylla : vous savez, les temps diffèrent. Et comme on le dit dans le football, chaque match peut ressembler à l’autre mais pourtant avoir les mêmes réalités pendant les 90 minutes.

A notre temps et avant même, la politique mise en place, a permis au football guinéen de se hisser au plus haut niveau. La structure de développement du sport, de la base au sommet, était constante.

Le football guinéen, n’est plus comme avant dans sa pratique. Il y a eu la privatisation des clubs. Il faut reconnaitre que ces mécènes ont mis tout en œuvre pour rééquilibrer le football guinéen.

Nos jeunes footballeurs ne sont plus engagés et manque de patriotisme à mon avis. L’esprit de gagneur n’est plus présent. Je pense qu’il faut repenser le football guinéen. Nous avons des talents et aujourd’hui vous pouvez compter combien d’académies formelles ou informelles ? Notre football a besoin non seulement d’être revue au niveau des pratiquants idem pour les dirigeants. Cette dernière CAN, prouve à suffisance le niveau de notre football.

Guinéenews : vous dirigez une association d’anciens footballeurs résidant en Europe. Il y a des étincelles qui ont jaillis entre vous anciens, malgré ces différents tournois de galas qui furent organisés et ont pu réunir tas d’anciens footballeurs. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? 

Morlaye Sylla : sans vous mentir, nous sommes fatigués. Cette association fut créée en 2007. Nous avons contacté depuis tous les ministres qui ont conduit les destinées de ce département des Sports ainsi que toutes les fédérations qui se sont succédé. Je vous avoue que tout ce monde nous a barrés le chemin, en nous empêchant d’intégrer les structures chargées du développement du football en Guinée. C’est l’occasion pour moi de remercier encore, certes, à titre posthume, feu Fodé Capi Camara, ex-secrétaire général de la Fédération Guinéenne de football, qui avait tout le temps accepté notre collaboration. Le sortant Président de la FGF, Antonio Souaré s’est toujours mis aussi à notre disposition et qu’il en soit remercié. Je me demande pourquoi on nous ferme la porte pendant que nous avions mouillé le maillot au même titre que les joueurs résidant au pays. Toutes les faveurs leur sont accordées. Plusieurs de nos propositions avec des partenaires étrangers, ont été gardées dans les tiroirs. Imaginez-vous, on nous refuse à nous, anciens internationaux résidant à l’extérieur, l’intégration à la fonction publique. Personnellement, ma candidature à un poste au sein de la FGF a été rejetée pour le seul motif que je vis à l’extérieur.

Quant à nos relations entre anciens footballeurs, il faut reconnaitre qu’il y a des petits problèmes qu’il faille régler. Seule l’union peut nous permettre aujourd’hui d’accéder à ce que nous voulons. J’invite donc chacun de nous de mettre la balle à terre et de jouer à la franchise ainsi qu’à la transparence. C’est l’union qui fait la force et chacun peut un peu.

Guinéenews : certes que vous êtes moins nécessiteux par rapport à plusieurs de vos anciens coéquipiers parmi eux, il y en qui sont malades sans assistance et d’autres sont toujours en quête du quotidien. Que pensez-vous de cette lamentable situation et qu’envisagez-vous faire pour venir à leur secours ?

Morlaye Sylla : vous savez, aujourd’hui nous sommes de l’autre côté. Qu’à cela ne tienne, nos pensées vont toujours vers ceux-là qui sont parmi nous confrontés à des situations difficiles. Je demanderai au gouvernement actuel, au ministre des Sports de venir à notre aide afin de régler certaines situations.

Pour preuve, l’autre fois, j’ai rencontré un ami, un ancien footballeur malade qui était dans le besoin d’effectuer un scanner lombaire. Cela fait pitié et du coup, j’ai fait mon mieux pour l’assister. Quand je prends aussi le cas de mon ami et frère Abdoulaye Emerson, ex-international, dont j’ai lu l’interview dans vos colonnes, la pitié m’a envahi. Il a besoin de retourner pour son contrôle et il faut remercier Antonio Souaré qui l’a évacué pour sa prise en charge à Tunis. Impossible pour lui présentement de repartir.

Je demande tout d’abord aux amis, anciens footballeurs de serrer les coudes et il faut que nous soyons unis. Aux mécènes, aux personnes ressources, de nous venir au secours. Il y en a parmi nous qui ont joué dans l’équipe nationale et qui n’ont pas été intégré à la fonction publique. C’est mon cas aussi et de plusieurs autres qui sont en Europe. Il faut éviter d’humilier les anciennes gloires, sinon le péché va suivre.

Interview réalisée par LY Abdoul pour Guineenews.

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