C’est sur sa page Facebook, que le Guinéen Monseigneur Robert Sarah a annoncé prendre sa retraite de son poste de préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements au Vatican. Un poste qu’il occupait depuis 2014 et qui est le grade le plus élevé pour un africain dans le cercle du clergé catholique.
«Aujourd’hui, le pape a accepté la renonciation de ma charge de Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin après mon soixante-quinzième anniversaire. Je suis entre les mains de Dieu. Le seul roc, c’est le Christ. Nous nous retrouverons très vite à Rome et ailleurs », note-t-il sur sa page.
Ce message met fin à une carrière mouvementée de celui qui fut l’un des rares à s’opposer directement à la dictature du premier président guinéen Sékou Touré qui dans un discours devenu historique l’archevêque de Conakry qu’il était a déclaré en direct à la télévision: « Le pouvoir use ceux qui n’ont pas la sagesse de le partager », dira-t-il à celui qui règnait sans partage sur la Guinée et qui avait envoyé des dizaines de milliers de personnes dans les geoles et des centaines de milliers d’autres en exil. Ceci après que le premier évèque Raymond Tchidimbo avait été emprisonné et torturé dans le sinistre Camp Boiro pendant près de dix (10) ans avant d’être libéré sur pression du Vatican et que les biens de l’église guinéenne avaient tous été saisis par le pouvoir guinéen et tous les diocèses du pays privés de leurs évêques.
Né le 15 juin 1945 à Ourouss dans Koundara, Robert Sarah aura une jeunesse typiquement guinéenne avant d’aller pour une formation à Bingerville (Côte d’Ivoire) à Nancy, en France et à Sébikothane (Sénégal). C’est en 1969, quelques mois avant l’arrestation de Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, archevêque de Conakry qu’il sera ordonné prêtre de l’église catholique.
En 1974, il est nommé curé de la paroisse de Boké puis un peu plus d’un an plus tard, en 1976, il est professeur, puis directeur du Petit séminaire Jean XXIII de Conakry. Nommé archevêque de Conakry par le pape Paul VI en 1978, il n’avait pas encore 35 ans. Sa nomination fut longtemps retardée le régime guinéen ayant peur de ce jeune prêtre défenseur de la justice.
En 1992, la Guinée recoit avec enthousiasme le pape Jean-Paul II qui séjournera trois jours dans le pays pour « apporter sa consolation » après les souffrances subies sous la Révoluton. Le pape qui a lui même subi les affres du communisme totalitaire dans sa Pologne natale savait de quoi il parlait.
Fort de ce succès Mgr Sarah est appelé à Rome à la Curie comme secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples en 2001. Pour lui exprimer sa fierté, Lansana Conté, le président guinéen dont l’épouse Henriette était une ardente catholique va décorer de la plus haute distinction du pays le futur cardinal. Fidèle à lui même Robert Sarah fera un réquisitoire face à la mauvaise gouvernance, l’enrichissement illicite et la dépravation des relations sociales sous le régime qui pourtant avait promis d’y mettre fin.
En 2000, Guinéenews organisera une campagne de levée de fonds pour les victimes des attaques terroristes contre les Guinéens des villes frontalières. Monseigneur Sarah sera chargé de sa réception et de la distribution de près de la centaines de milliers de dollars receuillis tellement sa probité est reconnue par les Guinéens.
En 2010, Mgr Sarah est nommé, par le pape Benoît XVI, président du Conseil pontifical Cor Unum12 – qui accompagne et coordonne les actions de charité des organismes catholiques dans le monde. Il est élevé cardinal la même année par le pape Benoît XVI.
En 2014, il est nommé membre de la Congrégation des causes des saints puis préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Robert Sarah a été souvent cité comme étant le premier potentiel Pape d’origine africaine.
Aucune indication sur un éventuel retour de Robert Sarah dans sa Guinée natale qu’il aime tant.