Chaque année, les femmes sont victimes de différentes formes de violences. Des cas de viols, de mariages précoces, de séquestration, de violences conjugales physiques, morales et psychologiques, de traites de personnes, sont encore notifiés. Pour l’année 2023, 205 cas de viols ont été enregistrés et plus de 10 cas de mariages précoces ont été annulés. C’est ce qu’a indiqué la commissaire divisionnaire Marie Gomez, Directrice générale de l’OPROGEM, dans un entretien accordé à guineenews, en marge de la Journée internationale des droits des femmes.
« Nous recevons des cas où la fille n’a pas atteint 18 ans. Pour l’année 2023, nous avons enregistré 205 cas de viols. Notre service a pour mission de protéger les couches vulnérables. Nous avons une compétence nationale et à ce titre, nous couvrons tout le pays. Nous sommes représentés dans les 33 préfectures. Notre mission est bien définie. Nous constatons les infractions qui se commettent, nous réunissons les preuves, nous arrêtons les auteurs et nous les traduisons devant les différents parquets compétents du pays. Mais nous n’avons aucun droit de demander au procureur où il en est, pour tel ou tel dossier. Nous n’avons pas un droit de regard sur ce que fait la justice,» a-t-elle indiqué.
Pour ce qui est des violences conjugales, pour Marie Gomez, c’est devenu comme un problème de santé publique, entre les couples. Selon elle, 95 cas de violences conjugale, physique, morale et psychologique ont été enregistrés l’année dernière.
« Courant année 2023, nous avons enregistré pas mal de violences conjugales et c’est devenu, un vrai problème de santé publique entre les couples. Mais, nous les recevons et lorsque c’est le cas, nous les écoutons. Il y en a qui comprennent, et dans certains couples, il y a le regret qui est toujours là. L’homme regrette ses actes commis, sous l’effet de la colère : brutaliser la femme, lui porter des coups violents. Lorsque nous savons que c’est assez grave, nous formalisons le dossier et nous l’envoyons devant le parquet compétent, » dit-elle
S’agissant des mariages précoces et forcés, avec l’aide des ONG, 19 cas ont été annulés, au courant de l’année 2023, selon la Directrice.
« Nous avons enregistré pas mal de cas. Et ça aussi, c’est avec tact que nous les gérons. Dès que nous avons la puce à l’oreille, on ne va pas directement sur le terrain pour faire de la violence. Nous travaillons avec les ONG qui font souvent de la sensibilisation. Nous invitons les familles dans nos locaux, nous les écoutons. Et le plus souvent, il y a plein de réussite, pour effacer ces idées qui sont dans la tête des parents. Il y a certains d’entre eux qui disent qu’ils donnent leur fille en mariage, c’est pour ne pas qu’elle contracte une grossesse. Il y a souvent une compréhension entre ces parents et nous. »
En plus des viols, des mariages précoces, des violences conjugales et des séquestrations, les femmes sont aussi souvent victimes de traite des personnes.
« Entendez par traite des personnes, le recrutement, le transfert, le transport, l’hébergement et l’exploitation. Nos petites filles en sont souvent victimes. Beaucoup d’entre elles sont envoyées en Égypte, entre autres. Nous luttons également contre ça,» ajoute Mme Marie Gomez
Pendant l’année 2023, l’OPROGEM a enregistré les cas suivants :
-Viols : 205
-Séquestration : 23
-Coups et blessures volontaires : 89
-Détournements de mineurs : 01
-Harcèlements : 14
-Mariages précoces et forcés : 19
-Menaces : 16
-Outrages publics à la pudeur : O1
-Incitations de mineurs à la débauche: 02
-Maltraitances : 13
-Violences conjugales, physiques, morales et psychologiques: 95
En termes de perspectives, la directrice Marie Gomez annonce que cette année 2024, des points focaux seront implantés au niveau des sites miniers, où les violences basées sur le genre sont assez fréquentes.
« Nos points focaux sont au niveau des frontières, mais pas à celui des sites miniers. On n’a pas de représentant dans ces zones où il y a pourtant des violences conjugales ainsi que des violences basées sur le genre qui nous sont régulièrement remontées. Nous comptons couvrir ce secteur en y installant nos points focaux. Nous allons aussi continuer la sensibilisation, parce que, courant année 2023, sous l’initiative de la hiérarchie, nous avons été dans les préfectures pour sensibiliser les populations. Mais cette fois ci, cette sensibilisation a été faite dans les différentes langues nationales. Nos textes de loi sont rédigés en français, donc il faut parler dans les différentes langues. Et nous avons pu véhiculer les différents messages auprès des citoyens, pour leur expliquer les conséquences néfastes des violences basées sur le genre. Nous comptons faire la même chose cette année également. Il est aussi prévu de faire une remise à niveau de nos officiers et agents de police judiciaire, pour renforcer les capacités d’intervention de tous les personnels de l’OPROGEM. Toutes choses qui vont nous garantir davantage de succès dans l’accomplissement de notre mission.»
En souhaitant une bonne fête à toutes les femmes, particulièrement, celles de la Guinée, la commissaire divisionnaire les a invitées, à plus de sérieux.
« La femme est le baromètre de la société. Quand on dit que c’est la journée de la femme, ça ne veut pas dire que pour elle, ça se limite à aller faire la cuisine. Elle ne se limite pas qu’à ça. Nous devons travailler et nous travaillons. J’invite également les femmes qui sont à la maison, à plus de sérieux. Qu’elles apprennent des métiers. Il y en a plein que la femme peut apprendre. Il y a, entre autres : la couture, la coiffure… Elle ne doit pas seulement rester aux dépends de son époux. Il y a de ces jours où l’époux ne gagne pas. Mais, quand toi femme, tu as quelque chose à faire, tu pourras contribuer et ensemble vous pourrez combler le besoin. Nous restons disponibles pour toutes les femmes qui ont des problèmes.»