Plusieurs professions sont considérées comme des métiers dévolus aux hommes. Mais aujourd’hui, nombreuses sont des femmes qui ont réussi à briser ce stéréotype. Elles pratiquent les métiers de mécanicien, peintre, chauffeur de camion, maçon ou encore de plombier.
Oumou Salamata Bah, jeune mère est parmi celles qui ont eu le courage de braver ces préjugés rétrogrades et très réducteurs de la valeur féminine pour embrasser la mécanique malgré l’opposition de ses parents.
«J’ai choisi ce métier par amour. Depuis mon tendre enfance, j’ai aimé la mécanique. Mes parents ne l’ont jamais voulu. Comme je n’ai pas étudié, ma maman m’a envoyé faire la couture. Mais quand tu n’aimes un boulot, tu n’y prospéreras jamais. Je suis revenue donc à la maison et mes parents m’ont dit qu’ils ne vont jamais m’envoyer faire la mécanique sous prétexte que c’est un travail fait pour les hommes. J’ai donc pris l’initiative d’acheter des colas et de les envoyer moi-même chez mon premier maitre à Bambeto», a-t-elle expliqué.
Dès ses débuts, son entourage a commencé à la décourager. Plutôt que d’entamer son moral, cette attitude l’a plutôt requinquée. «Il y a plusieurs personnes qui me découragent en me disant que la mécanique n’est pas un métier de femme. Mais, je ne les écoute jamais car j’adore ce que je fais. Leurs propos me poussent plutôt à aller de l’avant par contre », ajoute-t-elle et d’ajouter : «partout où je suis passée, mes maîtres voyant combien de fois je suis passionnée, ont toujours eu de l’estime pour moi et m’ont encouragée.»
Après un bref apprentissage chez son premier maitre, la jeune mécanicienne est allée ailleurs pour continuer à se perfectionner. «Après avoir passé quelques temps à Bambéto, mon maître a voyagé. Mais cela ne m’a pas découragé. J’ai cherché à travailler dans une station-service où j’ai été admise au niveau du service de maintenance des véhicules. J’y ai passé une année mais il y avait moins de clients. Pour ne pas donc désapprendre, je suis repartie chez les garagistes et M. Eugène m’a accepté dans son garage ici à Kipé», a-t-elle confié la jeune dame.
Entourées que des hommes, Oumou Salamata, n’a pas de problèmes particuliers avec eux. Ils l’aident plutôt à prospérer. Mais les difficultés existent néanmoins, nous confie-t-elle. « Des difficultés existent partout et dans tout travail. Mais il faut savoir les surmonter. Ici, le principal problème que je rencontre, c’est au niveau du travail qui demande de la force. Parce qu’étant femme, je n’ai pas la force comme les hommes, mais mes collègues m’assistent beaucoup. Quand ils descendent le moteur, on fait ensemble tout ce qui est technique mais, pour remonter la suspension, la boite par exemple, ils viennent à mon secours», affirme-t-elle. Maintenant, se réjouit la jeune dame, «il y a de ces moments où notre maitre me confie seule un travail. Je dépanne et il vient vérifier. Et Dieu merci, le plus souvent, il trouve que le travail que j’ai effectué est formidable.»
Quoique n’étant pas rémunérée, Oumou Salamata fait son boulot avec passion et détermination. Elle estime que le temps de se faire de l’argent viendra. « Pour le moment, ce boulot ne m’apporte rien, mais je n’espère même pas gagner en ce moment-ci puis que je suis apprentie. Quand tu songes trop à l’argent pendant que tu es en train d’apprendre, tu risques de tout perdre, et le boulot et l’argent. Donc pour le moment ce qui m’intéresse, c’est d’apprendre et je me consacre entièrement à l’apprentissage. Après ici, j’ambitionne de travailler dans une grande société en attendant d’obtenir les moyens pour créer mon propre garage. Je pense qu’en travaillant dans une société, je pourrais économiser mon salaire pour pouvoir ouvrir mon propre garage dans l’avenir. Je sais que demain je serais la patronne d’un grand garage, espère la jeune dame.
Mariée et mère d’un garçon de deux ans, Oumou Salamata est assistée par son mari. A la question de savoir si ce dernier ne constitue pas un obstacle pour son boulot, Oumou Salamata répond par la négative. «Mon mari a trouvé que j’étais en train de pratiquer ce boulot et je l’avais prévenu que je n’arrêterai pas mon travail à cause d’un mariage. Il a accepté et nous évoluons avec ce principe. Car depuis notre mariage, il n’y a aucun problème. Parfois, c’est lui qui me donne le transport pour aller au travail. Ce qui m’encourage davantage parce que dans la vie, il ne faut pas rester les bras croisés. Dans ce monde actuel, aucun homme ne peut tout faire pour sa femme. Et si vous faites des enfants, il faudrait que vous conjuguez vos efforts pour leur permettre d’avoir un avenir meilleur», a-t-elle fait remarquer.
Par ailleurs, si les Guinéennes sont de plus en plus nombreuses à faire leur place dans toutes sortes de boulot qui ne sont réservés qu’aux hommes, elles restent très rares à se diriger vers la mécanique.