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Menace d’intervention de la Cedeao au Niger : réactions croisées de deux universitaires guinéens

Le 26 juillet dernier, le général de brigade Abdourahamane Tchiani, à la tête de la Grade présidentielle, a renversé le président Mohamed Bazoum, élu en janvier 2021.

Suite à cet énième coup d’Etat dans la sous-région, les dirigeants de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont montés au créneau pour condamner fermement cet acte en prenant une batterie de sanctions contre le Niger avant d’enjoindre les putschistes de Niamey de rétablir au plus vite l’ordre constitutionnel démocratique. Sous peine d’une intervention militaire. Dans l’espace sous-régional ouest africain, cette crise militaire de plus alimente tous les débats.

Devant la menace de cette opération militaire aux conséquences imprévisibles, Guinéenews est allé à la rencontre de certains intellectuels notamment des universitaires qui ont accepté de nous livrer ici leurs opinions. Lisez !

-Dr Bangaly Camara, ancien DG de l’Institut d’Information et de la Communication de Kountia, estime quant à lui que la menace d’intervention de la CEDEAO au Niger est « inappropriée » et exhorte l’institution à privilégier le dialogue.

« L’intervention militaire ne relève pas des prérogatives de la CEDEAO qui, par nature, est une organisation économique visant à faciliter l’intégration économique des États. Une implication militaire ne semble pas être sa vocation première. Sinon, elle aurait dû agir dans d’autres zones de tension dans la sous-région. Le fait qu’il y ait eu un coup d’État ne devrait pas la pousser à se comporter en gendarme régional en décidant de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger… Pour ma part, je crois qu’il faudrait privilégier le dialogue et la diplomatie pour résoudre cette situation. Il n’est pas juste de sanctionner tout un pays, toute une population, simplement à cause d’un petit groupe qui a décidé de prendre le pouvoir. Ces sanctions ne pénaliseront pas seulement ce groupe, mais infligeront des souffrances au peuple en général. La CEDEAO n’a pas besoin de montrer sa puissance militaire à ce stade. Elle devrait plutôt s’engager dans la voie de la diplomatie, chercher à comprendre les réalités propres à chaque pays, et déterminer les mesures à prendre pour un processus de résolution pacifique avec moins de perturbations possibles. Après tout, les militaires nigériens ont pris le pouvoir sans effusion de sang. Ils ont simplement placé le président en lieu sûr. Cela indique qu’ils ont des revendications et qu’il est nécessaire d’écouter et de comprendre.« 

-Dr. Alhassane Makanéra, économiste et enseignant-chercheur :

«Si la CEDEAO opte pour la violence, au moins neuf pays seront affectés. L’instabilité s’étendra dans de nombreuses régions, y compris chez nous en Guinée… La CEDEAO doit continuer à privilégier la voie diplomatique comme elle l’a fait précédemment dans d’autres États. Car, elle partage la responsabilité de ces coups d’État. C’est en grande partie la manière dont la CEDEAO a géré les coups d’État qui a contribué à cette situation. Elle devrait continuer dans la même voie. Après tout, pourquoi n’a-t-elle pas employé la force militaire contre le Mali, le Burkina Faso ou même la Guinée? »

Faut-il par ailleurs rappeler que les chefs d’Etat de la CEDEAO se retrouvent à nouveau ce jeudi 10 août à Abuja, au Nigeria dans le cadre d’un sommet extraordinaire de l’institution portant sur la crise au Niger.

Propos recueillis par Mamadou Mouctar Bah, Stagiaire à Guinéenews

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