Sur convocation de la Haute Autorité de la Communication (HAC), le correspondant de Radio France Internationale et de l’Agence France Presse était lundi 12 novembre devant des commissaires de ladite institution pour s’expliquer sur un reportage diffusé jeudi dernier.
Dans ce reportage, faut-il le souligner, Mouctar Bah a rapporté les propos de certains témoins qui accusent des bérets rouges d’avoir tiré sur deux manifestants qui ont rendu l’âme sur place. L’institution chargée de réguler les médias reproche à notre confrère de n’’’avoir pas équilibré’’ son reportage.
S’expliquant devant les commissaires de la HAC, Mouctar Bah a déclaré ‘’avoir fait son reportage dans le plus grand professionnalisme’’. Puisque jeudi matin jusqu’à 17 heures, il a tenté d’avoir un interlocuteur au ministère de la Défense et même à l’état-major des armées, ni Aladji Cellou ni les contacts qui lui ont filés n’ont daigné répondre à ses sollicitations. «J’ai au moins essayé de joindre 3 sources au sein du département de la Défense pour réagir par rapport à cette information, je n’ai eu aucun répondant. Ceux qui ont décroché, ont tout simplement refusé de s’exprimer sur la question», nous confie le confrère qui dit n’avoir rien à se reprocher.
Interrogé par Guinéenews, Aladji Cellou, le Directeur de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA) confirme avoir échangé mais, seulement au lendemain de la publication de son article.
«Je ne veux aucune polémique avec qui que ce soit autour de la mort des gens quelles que soient les circonstances. Si Mouctar Bah affirme m’avoir contacté, je le dit et je persiste que c’est moi qui l’ai appelé. Ce n’est pas lui qui m’a contacté. C’est moi qui ai appelé Mouctar Bah pour comprendre ce qui s’est passé après la publication de son article. Donc, je l’ai appelé en tant qu’aîné pour comprendre ce qui s’est passé et pour quelle raison il n’a pas tenu compte de l’équilibre de l’information», a-t-déclaré.
Poursuivant, le patron de la DIRPA ajoute : «c’est après qu’il m’a demandé si je peux donner la version du ministère de la Défense. Je lui ai dit que moi, je n’ai pas assisté à ce qui s’est passé à Wanindara mais, que nous avons publié à plusieurs reprises des communiqués interdisant à tout militaire de participer de près ou de loin aux opérations de maintien de l’ordre. Après, il m’a rappelé vers 15 heures pour me dire qu’il a assisté à une conférence du leader de l’opposition accusant de nouveau l’armée d’avoir tiré sur des citoyens à Wanindara. En tant que Porte-parole du ministère de la Défense Nationale, je lui dis que moi, je ne suis pas une officine de démenti. Donc, je lui communique le numéro du porte-parole de l’état-major des forces armées guinéennes. Il prend contact avec lui et ce dernier lui répète exactement ce que je viens de vous dire.»
Faut-il craindre une nouvelle brouille entre le correspondant de RFI-AFP en Guinée et le pouvoir en place ? La question mérite d’être posée quand on sait que Mouctar Bah n’est pas le seul journaliste à avoir rapporté ces témoignages, mais pour l’heure, il est le seul à être convoqué.
L’on se rappelle, le président Alpha Condé avait menacé après son élection et cela malgré leur « amitié » qui date des années 90 de retirer la carte d’accréditation du « correspondant historique » de RFI en Guinée. Il aurait même souhaité qu’il soit affecté dans un autre pays loin de la Guinée.