L’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI) se trouve actuellement dans une profonde crise. Son président, Moussa Iboun Conté, a été évincé par d’autres jeunes qui l’accusent de « mauvaise gestion ». A sa place, ils ont élu Alpha Abdoulaye Diallo, l’Administrateur général du journal Le Populaire.
Face à cette situation, Moussa Iboun Conté, se dit révolté : « C’est révoltant que des individus puissent se servir de l’entête d’une association qui n’est pas une association banale, qui est presqu’une institution, pour avoir donné deux présidents de l’autorité de régulation du secteur de l’information et de la communication. Quand vous êtes face à une bande de voyous et de délinquants qui se réclament de la corporation vous avez la chair de poule de l’avenir de ce noble métier. […] Ce qui s’est passé du côté du musée (c’est là que s’est tenu le congrès évinçant Iboun, ndlr) c’est symptomatique du mal qui ronge la presse guinéenne, parce qu’il y avait tout le monde là-bas. Il y a des imprimeurs, des metteurs en page, des vendeurs de papier. C’est dommage pour notre presse. »
Pour M. Conté, le bureau qui l’a élu en 2015 reste légal et légitime : « Nous avons envoyé un huissier qui a fait un rapport. Il a identifié tous ces individus et chacun des répondants de l’acte qui a été posé, parce que jusqu’à preuve du contraire, conformément aux statuts et règlement intérieur de l’AGEPI, il n’y pas d’amalgame possible : le bureau actuel est légal et légitime. »
Le président déchu explique les réformes qu’il a engagées pour le bon fonctionnement de l’association : « En 2015, quand ce bureau venait, il n’y avait ni statuts, ni règlement intérieur, parce qu’ils n’avaient pas été paraphés. Donc c’est comme si c’était des tracts qu’on avait là-bas et n’importe qui pouvait se réclamer de l’AGEPI. Et mieux, personne ne payait sa cotisation. On a essayé de corriger çà en revisitant les statuts et le règlement intérieur de l’AGEPI. Cela nous a permis de faire des réajustements et de soumettre ça à l’appréciation des patrons des journaux qui ont des parutions régulières. C’est ainsi que le mandat du bureau actuel est passé de trois à cinq ans, mais non renouvelable. »
Selon Moussa Iboun Conté, le congrès tenu au musée n’est pas légal, parce que ceux qui l’ont convoqué n’en ont pas mandat : « Conformément aux statuts, c’est des membres statutaires à jour de leurs cotisations qui peuvent demander le congrès que le président est tenu de convoquer. »
Les deux jeunes à la base de cet imbroglio sont poursuivis par Iboun Conté et ont même été entendus par la Direction nationale de la police judiciaire (DPJ) : « Il y a deux individus qui ont fait circuler des tracts non signés au nom du bureau exécutif. Tous ces documents sont à la DPJ. Les individus ont été entendus et seront présentés devant le procureur de la République. […] On va bientôt enclencher une procédure d’annulation de ce faux congrès qui ternit l’image de la presse guinéenne. »
Pour appuyer son argumentation sur l’illégalité du congrès qui l’a évincé, Iboun rappelle que celui qui a été élu président de l’AGEPI n’est même pas membre de la structure : « Celui qui a été élu a quitté l’AGEPI en 2005, parce que Yacine (Boubacar Yacine Diallo, ancien président de l’AGEPI, ndlr) n’a pas voulu le mettre président par intérim. Depuis lors, il n’est jamais revenu et à ce que je sache il n’a jamais envoyé une lettre de réintégration. »
Alpha Abdoulaye Diallo, le nouvel élu, dit avoir d’autres chats à fouetter que de commenter les propos d’Iboun : « Non, il n’a qu’à dire que c’est depuis la création de l’AGEPI. C’est mieux. Il n’a qu’à dire que je n’ai jamais été membre de l’AGEPI. Là il a tout à fait raison. Et je lui donne toutes les raisons de le dire. Je ne commente plus les déclarations d’Iboun Conté. Je considère que ce qui s’est passé est passé. Moi j’ai fait un trait là-dessus. Nous avons une mission à remplir. Nous n’avons pas à répondre à des propos. Nous ne sommes pas élus pour répondre à des gens. Nous sommes élus pour travailler. Nous considérons que M. Iboun représente un organe de presse qui est membre de l’AGEPI et nous respectons cet organe de presse. »
Alors, la crise ne fait que commencer. Car une bataille judiciaire commence entre les rivaux.