Le procès des événements du 28 septembre 2009 a repris ce 8 février 2023. Lors de cette 47e audience criminelle, Paul Mansa Guilavogui, accusé pour enlèvement, séquestration et tortures, est à sa 2e journée de comparution devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé dans l’enceinte du palais de justice.
Après les avocats des parties civiles, la parole est revenue aux avocats de la défense pour poser des questions à l’accusé. Mais l’audience n’a pu continuer toute la journée comme d’habitude. Les avocats, dans l’ensemble, ont sollicité le renvoi de l’audience pour leur permettre de se préparer pour une formation à laquelle ils doivent prendre part à Coyah le jeudi 9 février.
Au sortir de la salle, Me Mohamed Abou Camara, un des conseils de Paul Mansa Guilavogui, a fait savoir qu’il y a des ratés lors de l’enquête préliminaire : « Ce qu’il faut déplorer dans ce dossier, ce sont les ratés au niveau du cabinet d’instruction. Des ratés au niveau de son audition, disons à l’enquête préliminaire, c’est chez Thiegboro. Voyez les conséquences. L’enquête préliminaire chez Thiegboro. Ensuite, au cabinet d’instruction, il n’a eu droit ni à un avocat ni à un interprète. Imaginez qu’on dise que c’est ce qu’il a reconnu, c’est ce qu’il a signé. »
Pour lui donc, tout ce que son client a dit lors de cette enquête doit être rejeté et ne tenir en compte que les débats contradictoires à la barre: « La loi reconnaît à l’accusé un certain nombre de droits qui, non respectés, mettent à l’eau toutes les déclarations faites au niveau du cabinet d’instruction. Elle reconnaît aussi que l’instruction définitive c’est à la barre, en audience. C’est parce que le législateur a bien voulu comprendre qu’il peut y avoir des problèmes à l’échelon inférieur, mais qu’à l’audience publique et de façon contradictoire, le client pourrait méconnaître ce qu’il a dit. Mais à l’audience il dit ce qu’il pense être correct pour sa défense. »
Poursuivant, il dit être confiant quant à l’acquittement de son client: « Ce n’est pas une mauvaise chose que mon client nie des déclarations qu’on lui colle à la peau. Je crois que mon client Paul Mansa Guilavogui se comporte très bien et il va s’en sortir.«
Quant au conseil du Colonel Moussa Thiégboro Camara, il estime que la demande de Paul Mansa Guilavogui de recourir à un interprète à la barre ne vise qu’à invalider les déclarations devant les magistrats instructeurs.
« Peut-être, c’est une stratégie de défense. Il veut remettre en cause le contenu du procès verbal régulièrement dressé le 5 août 2015 par des magistrats instructeurs. Mais, il a été entendu à ce niveau sans interprète. Il aurait pu faire la même chose ici. Mais s’il s’empresse pour demander au tribunal de recourir aux services d’un interprète. C’est pour dire qu’il n’avait pas eu droit à cela et que par conséquent ce qui est contenu dans le procès verbal n’est pas de lui. Or, de question en question, on est parvenu à lui arracher la reconnaissance de tout ce qui est contenu dans ce procès verbal« , a indiqué Jean Moussa Sovogui.