Ce vendredi 28 septembre 2018, les Guinéens se rappellent du « Non » de leur pays à la France. Mais, aussi, des tueries de plusieurs dizaines de personnes au stade 28 Septembre – du nom de la date historique du referendum du 28 septembre 1958 sur la Communauté proposée aux colonies françaises d’Afrique par De Gaulle. En 2009, cette date historique pour la Guinée a été ternie par la répression violente d’une manifestation des Forces vives de la nation (partis politiques et organisations de la société civile ) qui a causé au moins 150 morts, au stade 28 Septembre, selon l’ONU. Depuis, le 28 septembre est surtout devenu la date de la commémoration de ce massacre.
Ce 27 septembre, à la veille de cette commémoration, les organisations de défense des droits de l’Homme et les associations des victimes ont encore demandé justice. « Guinée : Neuf ans après le massacre du 28 septembre, rendre justice », c’est le titre d’un communiqué dans lequel elles expriment leur soif de justice. « Les organisations exhortent le Comité de pilotage à se réunir hebdomadairement tel que prévu par le décret portant sa création, et à déterminer rapidement le lieu du procès, son budget et ses besoins en support, et établir ses modalités logistiques et sécuritaires », lit-on dans le communiqué. En particulier, demandent les organisations, le Comité devra prendre des dispositions pour la participation de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara, inculpé dans cette affaire et qui a toujours annoncé qu’il participerait au procès malgré son exil au Burkina Faso. Dans le même temps, renchérissent-elles, des juges expérimentés doivent être nommés sans délais afin de commencer leur travail sur ce dossier d’envergure.
Un peu plus tard, dans la soirée de ce jeudi, le ministère de la Justice a, à son tour, transmis à la presse un communiqué dans lequel il informe, en particulier les victimes et les parties prenantes, des « avancées significatives enregistrées » dans le traitement du dossier.
Le communiqué rappelle qu’en décembre 2017, le Ministre d’Etat annonçait la clôture de l’instruction du dossier du 28 septembre. Et, dès mars 2018, un comité de pilotage a été mis en place pour lever les contraintes matérielles et financières pour la tenue du procès. « Outre le Ministre de la Justice, ce comité est composé de 12 membres, notamment des représentants nationaux et internationaux, des représentants de la société civile, du bureau des Nations unies pour l’appui à la justice, de l’Union Européenne, de l’ambassade des Etats-Unis et du Haut-Commissariat des Droits de l’Homme », explique-t-il. Et de poursuivre en rappelant que ce comité, opérationnel depuis le 1er juin, s’est réuni le 1er août dernier. Des rencontres qui « ont permis entre autres au Ministre de la Justice de réaffirmer la volonté du Gouvernement à lutter contre toutes formes d’impunité. »
Aussi, le ministère de la Justice salue « le sérieux et le professionnalisme des juges d’instruction, l’apport de tous les partenaires et l’implication de la société civile pour leurs efforts constants, et les exhorte à rester mobilisés pour accompagner l’institution judiciaire jusqu’à la fin de ce procès, pour que justice soit faite et que les victimes obtiennent réparation ».