Tanger, cette ville unique au monde qui se mire à la fois à l’océan Atlantique et qui est bercée par les clapotis de la mer Méditerranée , a abrité ce vendredi une rencontre internationale et inter culturelle dénommée « Dialogue de Tanger ».
Intellectuels, hommes politiques, diplomates, journalistes, activistes ont échangé sur la nécessité de construire un monde meilleur par une communication directe entre la culture arabe, juive, européenne et africaine.
Le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, le président de la Commission de l’Union Africaine Moussa Faki, le ministre des affaires étrangères de la Gambie Mamadou Tangara, l’ancien premier ministre espagnol José Luis Zapatero, l’ancien secrétaire général de la Ligue Arabe Amre Moussa, entre autres, ont pris la parole pour un dialogue entre les différentes cultures pour un monde meilleur.
Le ministre des affaires étrangères du Maroc, organisateur de l’événement, en collaboration avec le projet Aladdin et l’Alliance des civilisations des Nations Unies, plante le décor: « Il n’est pas anodin que ce soit Tanger qui nous accueille. Entre 2 continents, entre 2 rives, entre 2 mers ; Tanger a toujours été le carrefour, le trait d’union. Elle a toujours gardé les yeux rivés sur l’horizon et l’âme ouverte à l’Autre.C’est d’ici qu’Ibn Battouta est parti à la découverte du monde. C’est ici que Matisse et Delacroix sont venus trouver l’éclat de lumière et l’éclair de génie. »
Et de décrire notre monde: « La pandémie a été un puissant révélateur de l’état profond de la société internationale. Là où elle devait cristalliser la conscience d’un destin partagé, la pandémie a porté le visage du « chacun pour soi ». Elle a marqué un affaissement de la coopération internationale, à la faveur d’un repli national généralisé : on a vu détourner des masques à peine achetés, déjà rachetés sur le tarmac. On a vu des accès privilégiés et prioritaires au vaccin, en ignorant le retour de boomerang d’une vaccination à deux vitesses.Et à peine le monde parvient-il à apercevoir l’espoir d’une relance post-Covid, que d’autres sources de divisions commencent à lorgner.
On cherche davantage à vaincre, et moins à convaincre.
On instaure les jeux à somme nulle en consignes de victoire,au lieu d’ériger la réussite mutuelle en règle du jeu.
On parle de souveraineté à tout-va ; sacrifiant la sécurité collective sur l’autel de la souveraineté individuelle ; comme si l’une et l’autre étaient exclusives.
On renoue avec la violence comme mode de régulation : violence dans le langage ; violence dans les actes ; violence jusqu’à la guerre.
Qu’il s’agisse de l’emploi de la force, ou d’une violence économique; les manifestations de conflictualité sont devenus légion. On confond l’intensité d’une conviction avec la brutalité d’une impulsivité.
Et, on se surprend ensuite de la montée du terrorisme – qui se mêle, du reste, au séparatisme. La pensée unique prospère sur le terrain de fausses certitudes.
Les extrêmes saturent le débat, et remplissent l’espace. »
Avant de conclure avec cette espérance: « Puisse Tanger porter haut cette ambition, celle d’un monde meilleur, où les Lumières, d’où qu’elles viennent, ne laissent personne ni dans l’obscurité, ni dans l’ombre. »