La décision a été prise dans la soirée du mercredi 16 octobre par El Hadj Madifing Diané, le gouverneur de la région administrative de Labé. Cette décision intervient suite à la saisie par les services de sécurité d’un pistolet de fabrication artisanale, calibre douze avec des cartouches, d’un coupe-coupe et des billes. Ces armes, ont été présentées à la presse ce jeudi 17 octobre au cours d’un point de presse qu’il a tenu au siège du gouvernorat de Labé, a constaté Guinéenews.
D’entrée de jeu, Madifing Diané a d’abord rappelé les violences enregistrées depuis le début des manifestations du FNDC à Labé.
« Après trois journées de grandes violences dans notre cité, j’ai décidé ce matin de m’adresser à vous, pas pour vous blâmer mais pour vous rassurer. J’ai partagé votre grande souffrance au courant de ces journées folles. Je vous ai vu empêcher d’ouvrir vos boutiques pourtant vous avez besoin de faire votre commerce. Je vous ai vu difficilement trouver vos condiments pour vos repas quotidiens parce que les marchés étaient fermés. Je vous ai vu empêchés d’amener vos malades à l’hôpital. Enfin, je vous ai vus, vous faire arnaquer dans les rues lors de vos déplacements risqués avec des slogans de loubards. Pour les camions, vous payez 100 000 GNF ou ils cassent votre pare-brise ou sinon vous ne passez pas. Pour les voitures, 50 000 GNF… Pour les motocyclistes, 5 000 voire 25 mille gnf sinon vous ne passez pas. Cette souffrance que vous avez subie, soyez assurés que nous l’avons ressentie au même degré que vous. Je tiens également à vous informer que nos agents de défense et de sécurité, administrateurs préfectoraux et régionaux avons vécu ces journées sous des pluies de projectiles. Malgré la violence extrême de ces manifestants, nous avons exigé de nos agents de service de gendarmerie et de police la retenue. Ce qui a été observé par ces derniers. En cette circonstance, je tiens à les féliciter et à les encourager. Car, Dieu l’a dit dans la sourate 08 du Coran que l’avenir appartient à ceux qui savent endurer. Ils ont su endurer, je prie Dieu que leur avenir soit radieux.
Citoyens et citoyennes de la région de Labé, aujourd’hui premier jour après ces grandes violences, je peux vous confirmer que nous n’étions pas devant une marche citoyenne comme le veut notre constitution, mais devant une véritable insurrection. Les services de sécurité ont détecté dans les rangs des marcheurs, des jeunes armés de pistolets de fabrication locale, calibre douze avec des cartouches, de fronde, de lance-pierres avec des billes et des plombs. Ainsi que des coupe-coupes. Voilà la réalité de cette marche. Par ce comportement, j’ai enregistré dans les rangs de mes unités certains blessés dont un grièvement. Nous, agents de sécurité, sommes le sacrifice de cette nation. J’ai écouté avec d’autres fidèles dans le sermon de notre imam de Labé, la valeur du sacrifice le vendredi passé… Je tiens à vous informer que toutes les dispositions légales en état de légitime défense sont prises en vue de mieux sécuriser notre population et protéger nos agents de sécurité. En conséquence, j’invite les chefs de famille, les chefs de secteur, les chefs de quartier et les responsables à tous les niveaux à s’impliquer… Parce qu’il va du devenir et de l’avenir de notre population. Car, nombreux sont dans cette marche, sont des enfants de moins de 15 ans qui participaient aux barricades et aux rackets de nos citoyens. Toutes les dispositions légales en état de légitime défense sont prises. Car je ne permettrais pas, comme l’a dit le député uninominal, que ceux qui se sont illustrés dans cette position et qui ne sont pas des marcheurs, continuent à semer la violence et la terreur au nom des manifestations. A ce titre, j’ai devant moi et je tiens à prendre toute la responsabilité pour donner instructions avec des dispositions légales à toutes mes forces, que ce soit de défense et de sécurité qui doivent, désormais, se faire tirer par des voyous dans les rangs au nom d’une marche citoyenne. Le maintien et le rétablissement de l’ordre est hiérarchisé. Dans les conditions régulières, le maintien et le rétablissement de l’ordre appartient à la police communale et Labé n’a pas de police communale. Ensuite par la police nationale qui a dans sa structure des services de maintien et de rétablissement de l’ordre. Celle-ci est accompagnée par la gendarmerie. A l’examen de leur déploiement et à l’examen de l’intensité de la situation, l’autorité a le droit de faire la réquisition des forces supplémentaires qui ne s’inscrit pas dans l’état d’urgence ou dans l’état de siège pour venir en appui à ces forces républicaines autorisées à faire la marche… D’où la notion de réquisition. Vu l’effectif, vu l’ampleur de leurs manifestations par des tirs à balles réelles de calibre douze et par l’usage des armes blanches et des lance-pierres… Cette réquisition relève de mon autorité après examen de la situation et en tenant compte de ce qui était sur le terrain. Il est évident que j’ai le droit de protéger à la fois la population et ceux qui interviennent pour leur protection », a déclaré le gouverneur de Labé, Madifing Diané.
Et depuis cette déclaration, des soldats sont visibles dans la ville de Labé. Ce jeudi, aucune marche ni manifestation et encore moins de barricades n’ont été enregistrées pour l’heure dans la commune urbaine.