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Manda Saran-Lélouma : à la rencontre de la communauté des tisserands établie dans la localité 

« Comme vous l’avez constaté par vous-même, nous sommes dispersés un peu partout à travers la localité. Certains d’entre nous, ont leurs ateliers sous les arbres d’autres encore exposés au soleil. C’est pourquoi nous demandons de l’aide pour avoir un hangar »

A Manda Saran, une localité située à environ 80 kilomètres du centre-urbain de Lélouma, les tisserands ont le vent en poupe. Ils sont environ une soixantaine à s’établir et à exercer ce métier de tisser au niveau de cette commune rurale. En se promenant dans le centre de la sous-préfecture, on les remarque  un peu partout sous des petits hangars de fortune en train de tirer des fils, pédaler ou les tricoter à l’aide d’un complexe assemblage qui constitue leur principal outil de travail. Ils tissent et coudent un habit traditionnel appelé « Leppi » a remarqué sur place Guineenews.

Un tisserand à Manda Saran
Spécialiste en la matière depuis plusieurs dizaines d’années, c’est cette activité qui fait la fierté de Samba Diouma Koulibaly.
 » (…). Je suis tisserand. J’ai hérité cette activité de mon père et ainsi de suite. En réalité je suis issu d’une famille de tisserands. C’est ce à quoi on s’identifie. Je pratique ce métier depuis les années 80 – 81« , se réjouit dès l’entame notre interlocuteur.
Poursuivant, Samba Diouma Koulibaly ajoute que « dans le centre ici, dans le souci de nous unir, nous tisserands, on a jugé nécessaire de faire une association. Actuellement, nous sommes au nombre de 55 tisserands au niveau de notre association. On échange, on se donne des idées pour pouvoir davantage faire fonctionner notre activité tout en y tirant profit », s’est félicité l’un des doyens des tisserands établi dans la localité.
Tisserand à Manda Saran, Lelouma
Dans le même sillage Mamadou Oury Kolossi souligne quant à lui que  » c’est un métier qui est bien aimé et sollicité ici à Manda Saran. Les citoyens d’ici y tiennent énormément. C’est pourquoi nous nous sommes établis ici. Et la plupart des tisserands que vous voyez pour ne pas dire tous viennent de Mali qui est une préfecture très proche d’ici. Du coup, on travaille en parfaite harmonie avec eux. Ils nous donnent les fils de coton et nous on fait le travail et on nous paye. C’est comme ça que nous travaillons ici », explique t-il.
 
Sur la question liée à la matière première sur laquelle est axée l’activité, on nous informe que des fils sont achetés au Mali ou au Burkina Faso en plus du coton localement cardé.
« L’accès au fils est parfois difficile. Ces fils, ils s’achètent au Mali et au Burkina. Et c’est très coûteux. En plus de ces fils, il y a notre coton ici que des femmes cardent et viennent faire la commande. Nous, on travaille et on nous paye. En bref, les gens d’ici nous fournissent la matière première, nous on travaille. On livre la commande et on nous paye. C’est comme ça que ça marche ici », explique Amadou Kooré Camara.
 
Bien que ces artisans font un excellent travail à la main et perpétuent ce savoir-faire traditionnel, ils sont aussi confrontés à d’énormes défis.
 » Vous savez, ce travail n’est pas facile. Mais comme ce notre métier, on s’efforce à le faire pour se maintenir. Par exemple, faute d’un grand hangar ou d’un lieu très approprié, on ne peut presque pas travailler pendant la saison des pluies. Et comme vous l’avez constaté par vous-même, nous sommes dispersés un peu partout à travers la localité. Certains d’entre nous, ont leurs ateliers sous les arbres d’autres encore exposés au soleil. C’est pourquoi nous demandons de l’aide pour avoir un hangar qui pourrait nous convenir tous pour pleinement exercer notre métier afin d’en profiter », sollicite Samba Diouma Koulibaly.
 
A ce problème de local s’ajoute aussi le délaissement, ou la négligence pour la valorisation de nos produits locaux. « Le Léppi, ce tissu que nous fabriquons ici n’a plus cette valeur là qu’elle avait avant. Les gens, aujourd’hui ont beaucoup tendance à utiliser ce qui est plut moderne. Et pourtant, on devrait davantage mettre en valeur la production locale. Car c’est notre identité culturelle. C’est ce à quoi on doit s’identifier. En tout cas nous, on s’efforce à maintenir cette activité et nous l’enseignons à nos enfants dans l’espoir qu’elle sera une référence un jour, » alerte Amadou Dian Diallo.
 
Aujourd’hui, ces acteurs de l’artisanat local ont besoin d’être soutenus, appuyés et encouragés à travers l’utilisation, la valorisation de ce tissu local pour mieux conserver cette identité culturelle là. En tout cas l’attention du département de tutelle est attirée.
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