Lors de l’audience correctionnelle du mercredi 3 avril dernier au Tribunal de Première Instance de Mamou, Aminata Camara, sage-femme, poursuivie pour atteinte à la santé reproductive, entrave aux mesures d’assistance et omission de porter secours à une parturiente, avait rejeté les faits. Ces événements se sont produits le 26 mars dernier au poste de santé de Tamagaly, dans la sous-préfecture de Konkouré, à une trentaine de kilomètres de la ville de Mamou.
La prévenue, dans sa version des faits, a expliqué : « La parturiente est arrivée au poste de santé avec des douleurs un mardi matin, aux environs de 8 heures. Je lui ai dit que l’heure n’était pas encore venue, que le travail n’avait pas commencé et que le col n’était pas ouvert. Elle est repartie, puis est revenue avec sa grand-mère à 16 heures. Je leur ai proposé de se rendre à l’hôpital de Mamou. Ensuite, je suis rentrée chez moi. À 22 heures, la parturiente est revenue avec sa mère. Je lui ai à nouveau conseillé de se rendre à l’hôpital de Mamou car le col était toujours fermé et le bébé cherchait à sortir. Sa mère est sortie pour chercher un moyen de transport. Elles ont quitté la cour. » Quelques minutes plus tard, la parturiente a accouché derrière la cour. Après l’accouchement, la sage-femme a déclaré qu’elle n’était pas allée voir l’enfant et qu’elle ne savait pas non plus qui avait coupé le cordon ombilical.
Interrogée par le président du tribunal sur pourquoi elle n’avait pas prescrit d’ordonnance pour soulager la douleur, la prévenue a simplement répondu qu’elle ne l’avait pas fait. Quant à la question de savoir pourquoi elle n’avait pas accompagné la parturiente en souffrance, elle a répondu : « Je ne l’ai tout simplement pas accompagnée. »
À la question posée au Directeur Préfectoral de la Santé, invité à témoigner, sur la façon dont il qualifiait le comportement de la sage-femme, le DPS a baissé les yeux et présenté ses excuses à la communauté.
La partie civile, Habibatou Diallo, a expliqué qu’à son arrivée, la sage-femme, après consultation, avait indiqué que ce n’étaient que des douleurs, car il restait une semaine avant l’accouchement. « Pendant la nuit, je suis retournée voir la sage-femme car les douleurs persistaient. Elle nous a alors conseillé de nous rendre à l’hôpital de Mamou si nous ne croyions pas que c’était le moment d’accoucher. Elle a poussé ma mère et est rentrée chez elle. Nous sommes sorties. Pendant que ma mère cherchait à organiser le transfert, j’ai accouché sur les cailloux. »
Lorsque le président a souhaité reporter l’affaire de deux semaines, l’avocat de la défense, Maître Abdoulaye Keita, a demandé la mise en liberté de la prévenue. Le procureur, Souleymane Kouyaté, s’est opposé à cette demande. Le président du tribunal, Abdoulaye Morlaye Soumah, a rejeté la demande de mise en liberté provisoire et a renvoyé l’affaire au mardi 16 avril 2024.
Le jour de l’audience, le procureur, dans ses réquisitions, a rappelé que la direction préfectorale de la santé avait suspendu la sage-femme avant de demander sa condamnation à 6 mois de prison avec sursis et au paiement d’une amende de 3 millions de francs.
Dans ses plaidoiries, Me. Abdoulaye Kéita a rappelé que sa cliente avait travaillé plusieurs années à Tamagaly sans problème. Il a également souligné que si la parturiente avait suivi les conseils en se rendant à l’hôpital de Mamou, l’incident aurait pu être évité. En conclusion, la défense a demandé d’accorder des circonstances atténuantes à la prévenue.
Dans la décision rendue ce mardi 30 avril, le président du tribunal a reconnu la prévenue coupable des faits et l’a condamnée à 8 mois de prison avec sursis et au paiement d’une amende de 2 millions de francs avant de constater le désistement de la partie civile.