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Mamadi Kaba, représentant du CNT à Doha : « tout est prioritaire en Guinée, mais… »

Le juriste et universitaire Mamadi Kaba fait partie de la délégation du Conseil National de la Transition (CNT) – organe qui fait office de parlement sous la transition en Guinée – à la cinquième Conférence des Nations unies sur les Pays les Moins Avancés (PMA). Pour lui, le développement de la Guinée va passer prioritairement par le renforcement de l’environnement institutionnel, le renforcement du système éducatif, l’inclusion et la participation active de tous les Guinéens au processus de développement du pays.

 Guinéenews : les parlementaires des PMA tiennent un forum en marge du Sommet des chefs d’Etat et gouvernement des PMA. Qu’est-ce que ces débats parlementaires peuvent-ils apporter au développement de la Guinée ?

Il faut d’abord signaler qu’à cette 5ème  Conférence des Nations unies sur les Pays les Moins Avancés (PMA), il y a beaucoup de thématiques qui sont débattues pour réunir les meilleures expériences et élaborer un programme sur 10 ans afin de booster le développement dans nos pays. Comme vous l’avez constaté, les débats se passent bien et les partages d’expérience se passent tout aussi bien. Les préoccupations sont exprimées. Et à celles-ci, des solutions sont proposées. Je pense que tout cela va fournir aux pays les moins avancés, dont la Guinée, des outils pour booster leur développement. Car, à travers ces débats, nous contribuons à chercher des voies et moyens afin que l’aide étrangère ne soit pas handicapante pour le développement, mais que cette aide vienne renforcer les efforts nationaux pour surmonter les défis du développement. En effet, ces débats peuvent contribuer à favoriser le commerce international, la lutte contre la corruption, la lutte contre les enrichissements illicites. Mais aussi, à renforcer les institutions démocratiques et favoriser l’implication des femmes et des jeunes dans le processus de développement.

Guineenews : à ce forum les axes de réflexions portent sur le système économique mondial, les investissements dans les infrastructures, la santé, l’éducation et les autres services publics ; le changement climatique… Lesquels (ou lequel) de ces domaines sont prioritaires pour la Guinée ?

Tout est prioritaire en Guinée. Mais, à mon avis, la Guinée doit d’abord s’atteler au renforcement de l’environnement institutionnel, à la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, à l’inclusion de tous les acteurs de la vie nationale dans le processus de développement et le renforcement du système éducatif. Je pense que ce sont là quelques priorités qui doivent motiver l’implication de tous les Guinéens dans le processus de développement. Ceux-ci constituent des défis à relever afin de parvenir à un développement. Si on arrive à les relever, la Guinée peut changer son statut à la fin de la décennie.

Guineenews : parlant du système éducatif, que faut-il faire pour l’améliorer ?

Il y a quelques progrès réalisés dans le système éducatif depuis un certain temps. Mais, ce qui reste à faire est beaucoup plus important que ce qui est déjà fait. Entre autres, il reste à poursuivre les efforts de qualification des enseignants, des programmes d’enseignement et le contenu des cours. Il y a également la question des infrastructures. Il faut doter le pays d’infrastructures scolaires et universitaires en quantité et en qualité afin de permettre que les enseignements se fassent dans de meilleures conditions. Il faut aussi améliorer les conditions de vies et de travail du corps enseignants en général et lutter contre la corruption en milieu scolaire et universitaire.

Il y a également à travailler sur le segment de la scolarisation. La Guinée a l’un des taux net de  scolarisation les plus bas d’Afrique de l’Ouest (Ndlr : 3,1% contre une moyenne régionale de 34, 9%). La pauvreté et l’éloignement des infrastructures scolaires des populations expliquent ce faible taux. Quand vous partez dans les régions du pays, il y a des enfants qui doivent parcourir plusieurs kilomètres pour arriver à leurs écoles. A cela, s’ajoute le fait que ces enfants ont souvent du mal à trouver à manger. Et comme ils ne trouvent pas à manger, cela ne les encourage pas à aller à l’école. Il faut donc que l’Etat travaille à rapprocher l’école du citoyen et à faire en sorte que les enfants puissent gagner à manger à l’école. Il y a lieu de multiplier les cantines scolaires et d’apporter de l’aide aux parents les plus pauvres en leur fournissant des fournitures scolaires.

Guineenews : pensez-vous  trouver des réponses à tous ces défis ici à Doha ?

Il y a des solutions issues des expériences de certains confrères venus d’autres pays. On a certains pays qui étaient dans la même situation que la Guinée il y a quelques années, mais qui ont réussi à s’en sortir. Ceux-là sont en train de partager avec nous leurs expériences en nous faisant savoir ce qui leur a permis de surmonter leurs difficultés et probablement, nous nous inspirerons de ces expériences là et nous ferons en sorte qu’elles puissent être adaptées à notre contexte pour que la Guinée, elle aussi, puisse surmonter ses difficultés et passer d’un Pays Moins Avancés à un pays à revenus intermédiaire dans les années à venir. C’est possible, parce que nous en avons les potentialités. Il faut juste que les Guinéens se mettent ensemble et travaillent dure pour arriver à un tel résultat.

Guinéenews : les défis que vous venez de relever vont-ils motiver des lois au CNT ?

Il y a beaucoup de propositions de loi à faire dans ce sens. Mais, il faut d’abord parvenir à écrire une Constitution. Une Constitution qui ressemble aux Guinéens et qui les rassemble, comme le veut le président Dansa Kourouma (Ndlr : président du Conseil National de la Transition). Il faudra ensuite travailler à faire en sorte que des institutions fortes, indépendantes et efficaces soient installées et mises en œuvre en Guinée.

Propos recueillis depuis Doha par Tokpanan DORÉ pour Guinéenews

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