C’est pratiquement la sixième année consécutive depuis que cette maladie, apparue au Fouta Djallon en 2016, est en train de causer d’importants dégâts dans la préfecture de Mali. Sauf qu’après la première année, 2022 semble enregistrer la plus grande attaque avec plus d’une centaine d’hectares touchée. Principalement de Mali-centre, a appris la rédaction régionale de Guinéenews.
Alhousseiny Diallo, Fello Fodou assiste impuissamment à la destruction de son champ de 5 hectares. «Effectivement, nous avons perdu plusieurs hectares de pommes de terre à Mali. J’ai personnellement perdu un domaine de 5 hectares. En fait, une forte pluie s’est abattu sur la ville de Mali le 15 juillet. Par la suite, on y a constaté que l’eau avait une couleur noire un peu bizarre. Donc depuis lors, les feuilles des plants de pomme de terre ont commencé à noircir. Après, le mal s’est attaqué au niveau de la tige puis aux fruits des pommes de terre qui ne peuvent plus pousser. Mais je vous dis, il y a eu beaucoup de dégâts dans la commune urbaine de Mali. En ce qui me concerne, c’est 5 hectares. Mais tous les champs de la commune urbaine sont affectés et ils nous ont confirmé qu’il s’agit bel et bien du Mildiou’’, affirme-t-il.
‘’Les pertes sont évaluées à près de 200 hectares’’
« C’est une maladie récurrente qui est survenue cette année. A chaque fois, après les deux premiers mois de pluie, les plants se transforment comme si quelqu’un leur avait aspergé de l’eau chaude et cela finit par attaquer la plante de l’intérieur. C’est le même scénario qui est observé dans tous les champs de pommes de terre à Mali. Comptabiliser les pertes n’est pas chose facile. Car, c’est tous les villages, districts et toute la commune urbaine qui sont touchés. C’est à peu près 150 à 200 hectares qui sont impactés. Vous savez, la pomme de terre est la culture de base à Mali et tout le monde est victime. C’est une attaque générale », renchérit Kanté Mamadou Baïlo, une autre victime.
Face au danger, les autorités à tous les niveaux, semblent afficher un désintéressement total
« C’est tout mon champ qui est contaminé et aucun plant n’a été épargné. On nous a vendus un produit qu’on a appliqué à plusieurs reprises mais pratiquement cela n’a servi à rien. On a tenté de récupérer des fruits mais à chaque fois qu’on déterre, on trouve qu’il est déjà trop tard. J’ai même fait une lettre à la commune et à la préfecture pour qu’ils puissent informer qui de droit. Afin qu’on puisse venir en aide aux paysans qui sont victimes de cette maladie. Il y a beaucoup de paysans victimes. Car, ce n’est pas à un seul endroit », a déploré Alhousseiny Diallo.
Pour plus d’informations sur cette attaque de Mildiou et l’étendue des pertes en particulier, l’équipe de Guinéenews a pris langue avec Niankoye Camara, le directeur préfectoral de l’agriculture (DPA) de Mali. N’étant visiblement pas préoccupé par cette actualité, le DPA a préféré ne pas commenter la chose à notre micro. Il s’est contenté de nous renvoyer vers les paysans. Des paysans qui soutiennent n’avoir bénéficié d’aucune compassion des autorités. « Pour l’instant, on n’a pas échangé avec les autorités et personne d’entre eux n’est venu vers nous. Alors qu’ils sont là et sont imprégnés des réalités que nous vivons ici », a réagi Kanté Mamadou Baïlo.
De son côté, Elhadj Mamadou Bhoye Diallo, le président de la chambre d’agriculture de Mali promet un retour après une évaluation sur le terrain.
« La maladie s’est déclarée vers le 15 juillet, on est sur le terrain et on n’a pas fini d’évaluer la totalité des pertes. Le constat est que c’est une maladie qui a l’habitude de se déclarer dans notre préfecture. Mais cette année, elle a été très rapide. Parce que d’habitude, elle vient au mois d’août, à partir du 15 août alors que d’autres champs sont en maturité. Mais cette année, elle a pris de l’avance et je peux vous dire que tous les districts de la commune urbaine sont touchés par cette maladie. Notre rôle, c’est de faire des écrits et déposer à la hiérarchie. Mais comme vous savez, il n’y a pas eu de réaction par rapport à cette situation depuis le début en 2016 jusqu’à maintenant. Nous sollicitons l’accompagnement des institutions nationales et internationales et surtout celui du gouvernement qui doit appuyer et accompagner les paysans », lance le président de la chambre d’agriculture de Mali.
Il faut signaler que c’est toute la région de la Moyenne Guinée qui est touchée par le Mildiou. C’est-à-dire de Mamou à Mali en passant par Timbi Madina, Tougué, Dalaba, Lélouma…