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Mafanco-Dixinn : deux tribunaux dont les conditions de travail font honte à la Justice guinéenne

Les Tribunaux de première instance de Mafanco et de Dixinn sont tellement dégueulasses aujourd’hui que l’on est en droit de s’interroger comment ce beau monde de respectables magistrats, avocats et justiciables qui les fréquentent parviennent à y tenir impassiblement les audiences.

 

Le Tribunal de Première Instance de Dixinn, squatte une bâtisse à un niveau appartenant à un particulier. Dans la cour, on aperçoit plusieurs véhicules qui sont tous crasseux. Parmi eux, certains sont hors service et d’autres, en bon état, mais immobilisés dans le cadre des saisies conservatoires. D’ailleurs à cause de ce manque d’entretien assidu, le propriétaire de l’immeuble a failli, à un moment, expulser les locataires.

Sur la situation de ces véhicules un avocat nous confie : «au bout d’un certain temps, ces voitures devraient être vendues aux enchères si toutefois la procédure est terminée et la voiture définitivement saisie. Parmi ces véhicules, il y en a qui sont très chers, tels que ceux qui ont été saisis avec les narcotrafiquants (…). Non seulement, elles  occupent l’espace, mais au-delà, elles auraient pu être de grand apport au budget de fonctionnement des tribunaux.»

Au rez-de-chaussée de l’immeuble, se trouvent des bureaux tout aussi  exigus et peu confortables à l’intérieur desquels l’on aperçoit des fatras de paperasses. Dans le prétoire moins spacieux, insuffisamment éclairé et très faiblement ventilé par de vieux ventilateurs oscillant nonchalamment pour dissiper l’énorme canicule qui l’envahit surtout en ce mois de mars, il y a des chaises en bois qui servent de siège aux magistrats et des bancs pour l’auditoire.

Quant aux toilettes, elles dégagent des émanations pestilentielles qui ôtent à tout nécessiteux l’envie de s’y soulager.

En raison de l’insuffisance de bureaux, les occupants ont eu l’astuce d’en construire sur la grande terrasse à l’aide des contreplaqués.

 

 

 

 

Au Tribunal de Première Instance de Mafanco qui se trouve dans la commune de Matam, on rencontre dans l’enceinte de la cour non-clôturée des garages mécaniques privés. Cette promiscuité entre le tribunal et les garages est telle que l’on a du mal à faire la différence entre les véhicules qui sont en dépannage et ceux immobilisés dans le cadre des saisies conservatoires.

 Plus sidérant, c’est la présence des tas d’immondices à la devanture de ce  tribunal. Les prestataires et visiteurs sont condamnés de traverser ces déchets et leurs odeurs nauséabondes pour arriver dans les bureaux de ce tribunal qui existe depuis la première République.

Pour moult observateurs du microcosme judiciaire guinéen, il n’est guère étonnant de voir les tribunaux fonctionner dans ces conditions malsaines et répugnantes lorsqu’on sait que leur département de tutelle, c’est-à-dire le ministère de la Justice ne bénéficie environ que de 1% du budget national.

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