Avec une population de près de 3 millions d’habitants, la capitale guinéenne produit environ 1200 à 1300 tonnes de déchets par jour. Pour faire face à la situation de gestion de ces déchets, assurer aux populations de la ville de Conakry un environnement sain et créer les meilleures conditions d’épanouissement et de vie harmonieuse pour tous, le gouvernement a décidé de mettre en place une structure ayant pour responsabilité de gérer ce secteur: c’est l’Agence de l’assainissement et de la salubrité publique (Anasp), avec pour mission d’appliquer la mission du gouvernement en matière de gestion des déchets publics.
Pour y parvenir, l’Anasp, en collaboration avec l’Union européenne, a travaillé à mettre en place un schéma de professionnalisation de la gestion des déchets solides, visant à mettre en synergie, au niveau de tous les maillons, les acteurs privés pour la pré-collecte, la collecte, le transfert, la mise en décharge et le traitement des déchets.
Dans le cadre de l’exécution du programme SANITA villes propres, il est défini que les points de regroupement soient aménagés et améliorés afin que le travail des PME de gestion des déchets ainsi que leur transfert soient facilités. En parallèle, à moyen terme, certains déchets seront triés, recyclés, transformés afin de diminuer les volumes à transférer et d’ajouter de la plus-value dans la filière déchets.
C’est dans la mise en œuvre d’un des piliers de cette stratégie que va être réalisé une zone de transit et de tri pilote au niveau du pont de Kakimbo, dans la commune de Ratoma, à Conakry. Un point de regroupement des déchets devant servir à la fois de point de stockage, de tri et de valorisation des déchets, mais aussi de lien entre l’opérateur professionnel qui sera recruté, les PME et les ménages.
Pour la mise en œuvre de cette stratégie, l’Etat guinéen bénéficie de l’accompagnement des partenaires techniques et financiers au centre desquels l’Union européenne, notamment à travers son agence d’exécution Enabel.
Selon le directeur général de l’Agence nationale de l’assainissement et de la salubrité publique, il s’agit d’appliquer le principe de pollueur-payeur, de rendre obligatoire l’abonnement de tous les acteurs, notamment les industriels et les ménages, mais aussi de valoriser les déchets à travers l’économie circulaire, ainsi que la prévention.
Se montrant tout heureux de voir sa sphère administrative bénéficier de ce projet, le maire de Ratoma, Souleymane Taran Diallo, a indiqué que sa commune est l’une des communes quatre autres de la capitale qui produit le plus de déchets, non seulement à cause de son étendue, mais aussi du fait du nombre de sa population qui fait près de 1 million d’habitants. « Au lieu donc que ces déchets ne soient perçus comme nuisibles, ils déchets constitueront désormais une richesse », s’est-il réjoui.
Le responsable Assainissement au sein de la délégation de l’Union européenne, Alexandre Serres, rappelle que ce projet s’inscrit dans le cadre de la coopération entre l’UE et la Guinée, et au compte auquel son institution appuie le gouvernement guinéen dans le défi de gestion des déchets solides, notamment à Conakry où cette équation est particulièrement complexe et compliquée en raison de la pression démographique et de la production des déchets qui reste assez élevée.
« Dans ce contexte, l’UE accompagne l’Agence nationale de l’assainissement et de la salubrité publique pour mettre en place un système de gestion qui puisse être efficace, efficient, durable et qui puisse se construire sur le principe du pollueur-payeur et de l’économie circulaire, c’est-à-dire que le système de gestion des déchets doit pouvoir générer des revenus suffisants pour se maintenir dans le temps et pouvoir perpétuer l’investissement et l’entretien des infrastructures réalisées par l’Union européenne », a précisé M. Alexandre Serres.
Selon les porteurs du projet, le point de regroupement de Kakimbo sera l’une des premières infrastructures devant être aménagées par l’Union européenne en vue de faciliter de façon sécurisée le regroupement des déchets collectés auprès des ménages, leur tri et leur valorisation avant de transférer à la décharge de la Minière les déchets qui n’auront pas d’intérêt économique au niveau du secteur ou d’autres opérateurs qui seraient intéressés à valoriser ces déchets.
Ce projet est financé par l’Union européenne au compte du 11ème Fonds européen de développement (FED) allant de 2014 à 2020 à hauteur 150.000 euros. Aussi, il y a d’autres financements structurants et structurels qui devraient se poursuivre en 2019 et 2020 pour apporter un appui le plus holistique possible au gouvernement guinéen pour la réalisation de plus de soixante points de regroupement des déchets solides.
Motif de satisfaction pour Sory Camara, président d’une des faitières de collecte des déchets qui, au regard du volume sans cesse croissant de déchets produits par jour à Conakry, trouve que sans points de regroupement, leur travail devient compliqué.
« La réalisation de ce point de tri donc permettra de maintenir l’équilibre au sein de nos PME, même si on en demande une multiplication dans les autres communes de la capitale », a-t-il formulé en guise de doléance.
Quant à la valorisation des déchets notamment organiques (qui constituent l’essentiel des déchets produits par les ménages), elle se fera de différentes façons, comme pour faire du composte, pour produire de l’énergie, mais aussi pour faire du gaz de ville pouvant sortir la population de l’utilisation du charbon de bois, mais aussi les déchets plastiques qui mettent plusieurs décennies avant de se bio-dégrader certains.