Le gouvernement guinéen traîne les pieds dans la mise en place de l’état d’urgence sanitaire, censé contrer la propagation de la pandémie de maladie à Coronavirus. Ce retard à l’allumage continue de provoquer une levée de boucliers au sein de l’opposition et de la société civile, quand on sait que tout près de nous, nos voisins ont pris des mesures drastiques, en vue de rompre la chaîne de contamination. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal, pour ne citer que ceux-ci. Des pays qui ont tous procédé à la suspension de l’enseignement dans les écoles et les universités, la suspension des manifestations publiques entre autres.
Le Sénégal est allé jusqu’à suspendre les ‘’formalités nationales liées aux pèlerinages, pour l’année 2020, aux lieux saints de l’islam et de la chrétienté, et à la suspension de ‘’tous les vols en provenance et à destination des pays suivants : France, Espagne, Italie, Belgique, Tunisie, Algérie, à compter de mercredi 18 mars à 23h59 et pour une période de 30 jours.’’
Le Mali aussi a suspendu ses liaisons aériennes avec les pays touchés. Tout comme le Niger, où aucun cas n’a pourtant été enregistré pour le moment. Le gouvernement nigérien va plus loin en fermant pour quinze jours renouvelables les deux aéroports desservant la capitale. Les écoles et les lieux de loisirs resteront aussi fermés, afin de limiter les risques de contamination.
Pendant ce temps, la Guinée qui est à son deuxième cas, et qui fut, il faut le rappeler l’épicentre de la fièvre Ebola en 2014, n’a pas les yeux en face des trous. Cette épidémie, on se souvient avait causé selon l’OMS, 11 mille décès sur les 28 mille cas enregistrés dans les trois pays touchés à savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.
Vu qu’avec Ebola, on avait senti le vent du boulet, la Guinée aurait dû faire sienne cette citation d’Ovide qui dit, je cite: « celui qui a fait un naufrage, tremble devant des flots tranquilles ».
Malheureusement que l’incurie de notre administration a encore pris le dessus sur les bonnes mœurs, dans la gestion de cette crise sanitaire. Car, même le budget de 300 milliards de francs guinéens, annoncé en grande pompe pour la campagne anti coronavirus ne serait pas disponible à ce jour. Comme toujours en pareilles circonstances, nos autorités attendent que les partenaires mettent la main à la poche. Elles, qui sont promptes à grimper aux rideaux et à invoquer la souveraineté nationale, face à la moindre critique formulée contre les atteintes aux principes démocratiques.
Ce retard à l’allumage se justifierait par le simple fait que la priorité actuelle du président Alpha Condé serait la tenue de son référendum, point barre. Pour l’opposition qui ne fait pas dans la nuance, tant que le président ne décrocherait pas la timbale, le 22 mars, rien d’autre ne compterait à ses yeux.
C’est possible qu’après le double scrutin, une fois que l’affaire sera dans le sac, un tour de vis sécuritaire doit donné par le pouvoir, en vue d’empêcher toute catharsis chez les anti troisième mandat. Cela n’aura rien d’étonnant de la part d’un pouvoir qui nous a habitués à une gestion au coup par coup.