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Lutte contre la corruption: le coup de menton d’Alpha Condé

Après avoir été pendant dix ans dans l’incapacité de porter le fer contre les fossoyeurs des deniers publics qui seraient légion au sein de l’administration publique, le président Alpha Condé à peine réélu à la faveur du scrutin controversé, ressasse la même rengaine. Une politique du coup de menton à laquelle le président a fini par habituer les Guinéens.

C’est reparti encore pour six ans avec Alpha Condé, dont l’élection a été confirmée samedi par la Cour constitutionnelle, par un score très honorable qui frôle les 60% des suffrages exprimés. Là où son challenger Cellou Dalein Diallo n’a récolté que 33,49%. Si l’on s’en tient bien entendu aux résultats définitifs de la Cour constitutionnelle qui, il faut le relever sont insusceptibles de recours et s’imposent erga omnes. Même si la Cour semble s’être emmêlée les pinceaux dans la datation du document contenant son arrêt. De quoi alimenter les rumeurs les plus folles sur son compte.

Cette élection placée sous le signe  de la continuité des mêmes mœurs politiques, pourrait contribuer davantage à mettre au rebut « les anti-troisième mandat ». D’ailleurs le président vient de donner le ton de ce sextennat qu’il entend placer sous le tout sécuritaire sur fond de chasse aux sorcières.

Pour commencer, Alpha  agite l’épouvantail de la loi anti-casse, comme levier pour étouffer les contestations. Le président révèle dans la foulée l’arrestation de mercenaires à nos frontières. Pas surprenant, quand on sait que la Guinée, c’est aussi « le pays du complot permanent ». Pas de quoi troubler le sommeil même du vulgum pecus.

Ainsi, en pleine euphorie du succès engrangé à l’issue de cette présidentielle, cet homme habitué à battre les estrades, a prononcé un discours sans filtre devant une foule de militants en délire à Kaloum. C’était juste quelques instants après la prestation de la Cour constitutionnelle.

Dans ce discours improvisé en langue soussou, Alpha 3, a martelé que ‘’la pagaille est terminée et que  la loi anti-casse allait s’appliquer contre les éventuels casseurs’’.

 Et de lancer dans la foulée, dans un langage peu châtié : ‘’qui qu’il soit, quand tu sors ta queue, nous allons la couper’’. Les bien-pensants rétorquent illico dare-dare  qu’un président ne devrait pas dire ça.

Alpha Condé va ensuite s’évertuer à dresser un inventaire à la Prévert des tâches auxquelles il compte s’atteler à compter de maintenant. Cela va de la récupération  des domaines de l’Etat, à la lutte contre la prévarication. Du simple réchauffé.

Et ceux qui ont appris à connaître le président disent qu’il ne fera rien contre ceux qui barbotent dans nos caisses. C’est comme si nous  tendions  tout droit vers un sextennat de promesses brisées.

Quand on sait que durant ses dix ans passés aux commandes, des scandales financiers, il y en a eu, pardieu. La présidence elle-même s’était transformée en une sorte de cour des miracles de l’affairisme. De quoi mettre de l’eau au moulin des opposants au régime. Ceux-ci n’ont pas tardé d’ailleurs de qualifier cette gouvernance, de gestion néo-patrimoniale. Au final, c’est le peuple qui écope.

Vu que Condé a réussi à garder la main sur l’appareil d’État, malgré le lourd sacrifice consenti par les opposants à ce fameux projet de troisième mandat,  maints observateurs pensent maintenant que le président ne doit pas se contenter d’effets d’annonce, s’il veut se refaire une santé à la tête du pays.

Après avoir accumulé autant d’échecs dans la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique, les Guinéens ont besoin d’un électrochoc, une véritable rupture avec la tambouille habituelle. Car les populations n’en peuvent plus d’endurer les mêmes privations de la part de gouvernants condescendants dont le seul souci est de s’empiffrer de nos deniers. Le besoin de rupture avec  la mal gouvernance s’impose comme jamais.

Comme l’a écrit François Hollande dans les leçons du pouvoir, « le chef de l’État doit trancher. Car il ne peut être suspecté de protéger, de couvrir ou de favoriser ». Mais cela se passe dans un pays normal.

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