Le 1er janvier dernier, aux environs de 16 heures, les agents chargés du contrôle routier en poste à Hafia, au PK 20 de Labé vers Pita ont interpellé, au cours d’une vérification de routine, un usager détenteur d’une arme de poing. Il s’agit d’un pistolet Makarov avec deux balles dont une engagée, sans la sûreté.
Son détenteur, répondant au nom de Mohamed Diouldé Diallo est un jeune d’une trentaine d’années. Au moment des faits, il roulait sur une moto TVS immatriculée 1587 AA avec un passager du nom de Alhassane Diallo, sensiblement du même âge que lui (30 ans).
Sur les circonstances de cette interpellation, reconstituons plutôt le film, tel que rapporté par l’adjudant Mathos Michel Loua assurant le secrétariat à la compagnie sécurité routière de Labé.
Pour ce sous-officier, tout est parti d’une simple opération de contrôle. Un conducteur de moto avec un passager arrive au niveau des agents. Il freine et s’arrête. S’en suit alors le dialogue que voici :
Le gendarme : bonsoir messieurs !
Le motard et son passager : bonsoir !
Le gendarme : (s’adressant au conducteur) peut-on savoir d’où vous venez et où vous allez ?
Le motard : nous venons de Labé et nous allons à Pita
Le gendarme : vous y résidez ou bien, vous revenez ce soir ?
Le motard : non, nous sommes de Labé. Nous allons à Pita, juste pour ambiancer dans le cadre de la fête de fin d’année.
Le gendarme : ah bon, nous sommes le 1er janvier. Donc, pour vous la fête continue encore ! Tout cela est très bien, pourvu que vous soyez prudents. Voulez-vous me présenter les papiers de votre moto ? ( un petit silence et une légère hésitation s’installent chez le motocycliste. Mais il ne tarde pas à se reprendre pour répondre à l’agent)
Le motard : je suis sergent-chef
Le gendarme : ah, oui ! Et dans quelle unité servez-vous ?
Le motard : je vous dis que je suis sergent-chef !
Le gendarme : je n’en disconviens pas, mais cela n’est pas un passe-droit pour vous éviter de vous soumettre au contrôle. Tout engin roulant comme le vôtre est pourvu de documents administratifs à présenter à chaque réquisition d’agent. Vous en connaissez bien les raisons, vous qui vous présentez à nous comme militaire.
Le motard : (il garde le silence)
Le gendarme : vous êtes habillé en civil ainsi que votre compagnon de route. Aucun signe apparent n’indique votre qualité de militaire. Dans quelle unité servez-vous ?
Le motard : je suis au BQG.
Le gendarme : ah bon ! Jusque là-bas, à Conakry ? Qu’est-ce qui vous permet d’être ici, comme en vacances, si loin de votre unité ?
Le motard : (pas de réponse)!
Le gendarme : monsieur, comme vous ne voulez pas coopérer à simplifier ce simple contrôle de documents, montrez-moi alors votre carte professionnelle et votre titre de permission ?
Le motard : (il met encore du temps à réagir, avant de répondre) : je sers au train militaire
Le gendarme : qu’attendez-vous ? Je vous ai donné un ordre que vous devez bien comprendre, en tant que militaire. Montrez- moi vos papiers !
Il s’ensuit un léger entracte pendant lequel le motocycliste s’exprime en wolof (une langue du Sénégal) pour dire à son compagnon : « tu as vu ce qui nous arrive. Il vaut mieux que je leur dise que je sors de maladie, il n’y a pas longtemps, pendant que j’étais à Dakar. Et puis, à l’allure où vont les choses, il vaut mieux que nous cherchions un arrangement avec eux, pour nous éviter d’aller en prison. » Ils pensaient sans doute que personne de ceux qui les écoutaient ne comprenait cette langue. Et ils se trompaient ! Tout cela a aiguisé les soupçons sur eux.
C’est le moment que choisit le motocycliste pour avouer qu’il n’est pas militaire. Il serait plutôt installé à Labé avec comme occupation, la gestion de chantiers de construction immobilière, au profit de parents à lui, se trouvant à l’extérieur.
Mais, c’en était fini de l’écoute attentive qu’on lui accordait. Ses explications contradictoires le rendaient suspect à plus d’un titre. Et le gendarme qui leur parlait avec la courtoisie requise, n’a pas tardé à changer de ton. Il est pris de doute, se met en alerte et réagit aussitôt, sur un ton ferme : « Messieurs, trêve de discussion, je vous ordonne de descendre immédiatement de votre moto. Nous allons vous fouiller tous les deux et vite ! »
(Aussitôt, les agents en poste de se mettre en position réglementaire pour sécuriser l’opération)
La fouille effectuée permet de découvrir sur le faux militaire, l’arme décrite plus haut, ainsi que deux plaquettes de valium, (un anxiolytique ou tranquillisant), utilisé par les jeunes, pour se droguer et une bouteille de liqueur (gin), non entamée.
L’adjudant Mathos nous décrit le motocycliste comme étant un individu avec plein de cicatrices sur le corps, surtout aux membres. Il aurait même une oreille largement entaillée par une blessure qui semble récente, en tout cas, non encore refermée. Interrogé par les gendarmes pour savoir l’origine de cette plaie, il explique avoir été mordu au cours d’une bagarre.
Tous ces signes ne plaident pas en sa faveur ou en tout cas n’en font pas, à première vue, un personnage très rassurant ou recommandable.
Ces deux individus sont-ils des bandits de grand chemin, coutumiers d’attaques à main armée ou sont-ils des coupeurs de route qui planifient une opération pour le même soir ou les jours suivants ? Les enquêtes déjà ouvertes le détermineront.
Informé de la situation, le commandant du commandement de la gendarmerie a aussitôt adressé ses vives félicitations et ses encouragements, ainsi que celles du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale, Direction de la Justice Militaire, à toutes les unités relevant de son autorité, particulièrement à la compagnie sécurité routière de Labé pour ce brillant résultat obtenu dans la lutte contre toutes les formes d’insécurité sur les routes en rase campagne.
Entretien réalisé par Diao Diallo