Avec Guinéenews, Lucien Beindou Guilao, le président de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel, évoque le lancement de la toute première édition du championnat national des moins de 17 ans et les défis liés aux violences dans les stades. Pour lui, seule la sanction pourra faire plier les « indisciplinés » à la base de ces violences. Entretien !
Guineenews.org : le championnat national de football des moins de 17 ans est annoncé pour la première fois en Guinée. Quels sont les clubs qui y participent et quels sont les critères de participation ?
Lucien Guilao : Pour l’instant, comme c’est une phase de test, on a préféré que ce soit les clubs de Ligue 1 qui participent à cette compétition. Elle va se dérouler durant la période des matchs du championnat Ligue 1. A ce jour, tous les 14 clubs de la ligue 1 ont reçu leur liste des exigences. Nous, nous supposons qu’un club professionnel est censé avoir une équipe dans toutes les catégories. Donc, ce n’est pas un souci dès l’instant que nous sommes censés être une ligue professionnelle et organisée comme telle, les clubs sont des clubs professionnels et organisés comme tels. Mais, il faut préciser que c’est une compétition organisée par la Fédération. Et, chacun fait en sorte d’y participer.
Quels sont les avantages de cette compétition ?
Je vous donne un exemple. Avant, on sélectionnait les jeunes pour le Syli national U17 par le ouï-dire. On vous dit, il paraît que tel jeune est bon, essayez tel autre jeune, j’ai vu un petit, un bon fils, il n’est pas mal, mettez-le dans la sélection. Donc, c’était par le ouï-dire. Ce n’était pas sur la base d’une compétition. Et malgré cela, on arrivait à avoir de bons résultats. Maintenant, imaginez un peu si on sélectionnait ces joueurs sur la base d’une compétition. Ça veut dire que ceux qui seront sélectionnés seront au moins meilleurs que ceux qui avaient été sélectionnés jusque-là. Peut-être, si on l’avait fait depuis longtemps, on serait déjà aujourd’hui avec une grande équipe des U17. Donc, c’est en quelque sorte le bienfait de cette compétition qui va grandir et qui va nous donner un éventail plus large de joueurs à sélectionner pour le Syli national. N’oubliez pas que le Syli national est la tête de gondole de nos sélections nationales. Si nous travaillons aujourd’hui, c’est pour avoir une belle équipe nationale et ça va nous permettre d’agir. C’est pour avoir énormément de retombées et sur le plan financier et sur le plan de la notoriété.
Avec la Fédération, quelles sont les mesures que vous avez mises en place pour la pérennisation de ce championnat ?
Pour l’instant, on est en phase de test. On a fait la première réunion de concertation il y a 48 heures (l’entretien a eu lieu vendredi 12 avril). Nous attendons la Fédération pour qu’ensemble nous mettions en place tout ce qu’il y a à faire pour que cette compétition démarre. Nous, ce que nous souhaitons et c’est ce que la Fédération souhaite aussi, c’est que cette compétition démarre rapidement en même temps que la période des matchs autour de la Ligue. Les matchs retours sont prévus pour le 20 avril. Donc, le championnat U17 va certainement démarrer le 20 avril. Et ce que la Fédération a fait, c’est de subventionner les clubs qui vont participer. Il y aura une subvention, un peu plus d’argent pour pouvoir prendre en charge ces jeunes. Sur cette subvention, il faut s’attendre à au moins 50 millions par club. C’est au club de voir s’ils vont mettre 10 millions dans les équipements et 40 millions dans le fonctionnement. Ou, ils prennent tous les 50 millions et les mettent directement dans le fonctionnement, sachant qu’ils ont déjà des maillots.
Aujourd’hui, l’autre préoccupation dans le football guinéen est la violence dans les stades. Le dernier cas en date est celui survenu sur le stade du Milo FC, lors du match de la 12ème journée contre Renaissance. Comment peut-on expliquer cette récurrence de violence dans les stades ?
C’est l’indiscipline et le manque de respect qui explique ce phénomène. Le respect, c’est quelque chose de fondamental dans le sport et dans tout autre domaine d’activité. Le respect, c’est respecter les spectateurs, respecter les arbitres, respecter le résultat. Et ça, ce n’est pas une très bonne chose. Ce qu’il faut savoir, et ce que tout le monde doit se mettre en tête, c’est que ce n’est qu’un match de football. On ne peut pas, à partir de là, faire les choses comme on le veut. Lapider les gens, toucher aux arbitres parce qu’il y a un pénalty qu’on n’a pas apprécié ou il y a un but qu’on n’a pas apprécié, n’est pas normal. Il faut comprendre que les arbitres sont des humains. Et donc l’erreur est humaine. En sport, on tient compte de cet aspect. Et ce n’est pas pour rien qu’à la fin de chaque match, on se sert les mains. Aujourd’hui, dans notre football, il y a beaucoup de manque de respect. Et c’est un gros problème à ce niveau.
Que faut-il faire alors pour éviter ces violences dans les stades ?
Il faut que les gens apprennent à respecter les arbitres, à respecter les résultats, et même à respecter les adversaires. Il va falloir que la Ligue Guinéenne de Football Professionnel soit vraiment assez forte pour sanctionner à la hauteur de la faute. Ces sanctions peuvent aller de l’avertissement jusqu’à la suspension et des amendes qui sont des sanctions financières. Tu peux mettre 500 gendarmes ou 500 policiers, si les gens ont envie de braver la sécurité, ils le font. C’est pour cela que je parle de respect. Je vais vous dire, le club qui reçoit, c’est lui qui est en charge de la sécurité dans les stades. Ils ont les moyens pour cela. Mais encore une fois, lorsqu’on veut être irrespectueux, lorsqu’on veut être indiscipliné, ce n’est pas suffisant. La seule façon de réagir contre ces gens, c’est d’appliquer la sanction.