Selon Human Rights Watch, les droits humains sont en péril en Guinée alors que la fin de la transition promise se fait attendre. Cette institution internationale qui évolue dans le cadre de la défense des droits de l’homme, a déploré la gouvernance de la junte militaire au pouvoir en Guinée depuis septembre 2021. Dans un rapport publié ce lundi, 2 décembre 2024, elle a dénoncé « la violation excessive des droits humains dans plusieurs aspects de la vie sociopolitique notamment la répression contre toutes voix contradictoires à celle du CNRD.»
« L’opposition, la dissidence et les médias sont réprimés ; le retour à l’ordre constitutionnel est reporté. Les autorités militaires en Guinée ont réprimé l’opposition, les médias et la dissidence pacifique depuis qu’elles ont pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat en septembre 2021, et n’ont pas tenu leur promesse de rétablir un régime civil d’ici décembre 2024 » a déclaré Human Rights Watch dans un rapport consulté par Guineenews.
Répression des manifestations entraînant plusieurs morts et des blessés
« Les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force, notamment de gaz lacrymogènes et d’armes à feu, pour disperser ceux qui ont défié l’interdiction de manifester imposée depuis mai 2022 par le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD), la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya. La répression a entraîné la mort de dizaines de manifestants et d’autres habitants de Conakry, la capitale de la Guinée, depuis janvier 2024. Durant cette même période, la junte a suspendu au moins six médias indépendants, arrêté arbitrairement au moins dix journalistes et a fait disparaître et aurait torturé deux éminents militants politiques », peut-on lire dans ledit rapport.
Le CNRD dans le même sillage de gestion que le régime Alpha Condé
Dans le même document, Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch a déclaré que : « Lorsque le général Mamadi Doumbouya a renversé son prédécesseur autocratique, Alpha Condé, il s’est engagé à reconstruire l’État, à respecter les droits humains et à rendre justice. Pourtant, au cours des deux dernières années, son gouvernement a largement continué dans le sillage d’Alpha Condé en tuant, intimidant et muselant des détracteurs, mais également en torturant et en faisant disparaître des personnes soupçonnées de travailler avec l’opposition politique », a-t-elle indiqué.
Une enquête menée avec la participation des institutions internationales et victimes des violences.
Dans un pan de son rapport, Human Rights Watch a dit avoir « mené des entretiens avec 30 individus en personne à Conakry, entre le 22 et le 28 septembre, dont des représentants d’organismes des Nations Unies et de la communauté internationale, des membres d’organisations nationales et internationales de défense des droits humains, journalistes, des membres de l’opposition politique et des victimes de violations des droits humains, et a rencontré le ministre guinéen de la Justice et des Droits de l’Homme. Du 10 au 31 octobre, Human Rights Watch a également mené des entretiens par téléphone avec 27 témoins de violations des droits humains. Human Rights Watch a aussi examiné des déclarations de membres du gouvernement et analysé des dossiers médicaux et médico-légaux, des documents juridiques, des photographies et des enregistrements vidéo partagés directement avec ses équipes de recherche pour corroborer les récits des victimes et des témoins », précise HRW.
Le manque de coopération des autorités judiciaires guinéennes pointé du doigt
« Human Rights Watch a écrit au ministre de la Justice le 5 novembre, pour lui faire part des conclusions de ses recherches et pour demander des réponses à des questions spécifiques. Le ministre de la Justice n’a pas répondu à Human Rights Watch ».