En pays Kônon, une communauté autochtone de la préfecture de Lola, dans le sud-est de la Guinée, la natte est l’un des objets très précieux que l’on remet lors des événements comme la naissance, le mariage, des cérémonies d’initiation et les funérailles. C’est un instrument emblématique dans la contrée que plusieurs communautés utilisent lors des cérémonies coutumières. La tresse de la natte est destinée aux femmes dans le pays Kônon et le tressage de l’herbe qu’on appelle »pandanus ». Cependant la rareté de cette herbe inquiète les tresseuses qui font des kilomètres avant de trouver l’herbe. La disparition des grandes forêts est la principale cause et la baisse du nombre de tresseuses dans les villages dues au manque de l’herbe. Les nattes traditionnelles qui servaient de couchette et d’instruments de funérailles de réjouissances se font rares dans les différents marchés de la région.
C’est un travail exercé maintenant par les vieilles femmes et les tresseuses s’inquiètent de l’avenir de leurs métiers.
Selon Sény Sagno, l’une des rares femmes vendeuse de nattes au marché de Lola, »avant de commencer, c’est avec regret que nous avons abandonné notre fabrication au profit des nattes industrielles. Cette natte traditionnelle est symbolique dans la tradition du peuple Kônon. Avant tout, les femmes accouchaient sur la natte et aussi c’est sur la natte que les gens nous accompagnaient à notre dernière demeure. Tu es né sur une chose et la même vous accompagne au cimetière. Il servait de couchette vraiment, c’était magnifique et embellissait la maison et nos cases. Aujourd’hui, il y a un abandon total de nos cultures. La nouvelle génération considère la confection des nattes comme le métier des pauvres qui ne rapporte rien. Et pourtant, il y a un côté éducatif dans la confection des nattes », selon elle.
»Nos parents nous ont légué ce savoir faire, mais nos enfants n’aiment pas s’en servir. Ce sont les vieilles femmes qui font maintenant dans les villages. On peut craindre l’extinction de la confection des nattes dans la préfecture avec la disparition des forêts. Étant une femme, les avantages de ce travail sont énormes pour moi. Et mes clientes viennent chercher depuis la Côte d’Ivoire et la région forestière, lors des événements culturels traditionnels », déplore notre interlocutrice.
Pour cette dame, confection des nattes est une source de revenus. »Parce que les nattes traditionnelles coûtent 30 mille à 40 mille francs, guinéens, mais le prix augmente une fois, s’il y a la rareté. Aujourd’hui, nous avons des difficultés avec la disparition des grandes forêts, c’est notre premier handicap dans ce travail. Avant, on se levait pour aller chercher les herbes pas à longue distance. Pour trouver ça aujourd’hui vraiment ce n’est pas facile. La disparition des grandes forêts tropicales joue sur nous. Nous sommes des vieilles femmes qui font maintenant des nattes, on achète tous les matériels aujourd’hui avec les gens. »
Goupou Souhara affirme également vivre de cette profession. »C’est à travers la vente des nattes que je nourris ma famille et fait mes petites dépenses. Voyez cette natte, elle est significative. Nous venons dans le monde sur ça. On grandit sur ça, et c’est sur ça encore que les gens nous accompagnent dans l’au-delà. Elle va disparaître parce que ce n’est pas la natte de raphia fabriquée partout en Guinée. Si les forêts disparaissent, on va cesser d’appeler la région »Guinée forestière » et notre culture sera sévèrement touchée, et on sera dépendant des autres », a-t-il prévenu.