Ce prix, jamais espéré jusque-là, est une première en Guinée. Il devrait à coup sûr, inciter nos jeunes compatriotes en Guinée forestière, à s’investir dans la culture de cacao et de café. Dans la préfecture de Lola, 90 % des plantations longent la frontière ivoirienne. La proximité avec ce pays frère oblige les riverains à faire la même culture que leurs voisins ivoiriens et les paysans demandent un appui de l’état, pour s’activer davantage. Les sous-préfectures de Nzoo, Tounkarata, Gama Berema et Gueasso tiennent des rencontres périodiques de producteurs de cacao. Le constat montre que c’est la culture du riz et du maïs qui est prédominante. Cependant, il est admis que cela contribue à détruire les forêts qui se transforment en savane. Alors qu’à contrario, on note que la culture du cacao et du café est un moyen efficace pour lutter contre les feux de brousse et la désertification.
Interrogé sur ce point, Abel Zongo nous dira que : « le cacao donne beaucoup en Guinée. Nous avons nos plantations. D’autres sont en production. Le prix de cette année va inciter les gens à planter le café. La remontée actuelle du prix s’explique parce que ce n’est pas la période de grande production cacaoyère. Nous récoltons, mais ce n’est pas comme, ce qu’on peut gagner, du mois de septembre jusqu’à novembre. Nous sommes contents du prix actuel qui est sur le marché. Il faut aussi que les acheteurs puissent appliquer ça en brousse. Moi souvent, je suis installé à Nzo, mais je vais un peu partout, en Guinée forestière pour repiquer les plants de cacao dans les plantations. Si je savais que le prix allait être comme ça, je n’allais pas vendre mes cacaos. »
Amara Condé, avec une pointe de regret dans la voix, ne manquera pas de traduire son optimisme, mais également, sa volonté de réussir : « je regrette mon âge d’aujourd’hui. Je ne peux plus travailler comme je le souhaite. Ma plantation a commencé à produire cette année, mais vraiment, je suis loin du niveau de production que je voulais atteindre. Nous sommes côte à côte avec certains qui ont eu de l’argent cette année. Vraiment, nous demandons au gouvernement de nous envoyer des semences. Si on veut être comme les autres pays, il faut qu’on accepte les étrangers chez nous. L’état guinéen devrait faire comme en Côte d’Ivoire: encourager les meilleurs planteurs. Cela va changer la donne. Moi, ma première plantation a été brûlée. Il faut une vraie lutte contre les gens qui mettent le feu. Les producteurs sont contents. Vraiment, il faut encourager la production de café et de cacao. C’est un moyen rapide de réduire la pauvreté. Nous avons la chance d’avoir une bonne terre, mais certains ne travaillent pas. Ils ont plus de 100 hectares, mais ils ne font rien. En plus de ça, l’idée des feux qui constituent la première menace, est toujours présente dans les esprits. Mais, si l’état prenait la décision ferme de lutter farouchement contre ce fléau, tout le monde serait tranquille, parce qu’il peut bien le faire.
Pour Yaya Kéita : « j’étais ici, mais aujourd’hui, j’ai tout abandonné pour m’installer au village. Je suis en train d’y faire une plantation de cacao. Avec le prix actuel, beaucoup de gens comme moi, vont redoubler d’efforts. Mais nous demandons à l’état de promouvoir la culture de cacao et de café. Il faut aussi encourager la collaboration avec les planteurs de la Côte d’Ivoire. Si on parle aujourd’hui de cacao, ce sont les gens qui sont au long de la frontière ivoirienne. Dans chaque village, là-bas, vous verrez des plantations de cacao et de café. Aussi les Baoulés, les Lobis et les mossis qui sont les véritables producteurs de cacao. »
Pour sa part et en conclusion de ce tour d’horizon des planteurs à Lola, Solo Kéita dira, avec des arguments d’économiste convaincu, que : «c’est le manque qui occasionne la hausse. Moi, aujourd’hui, je vais encourager l’état à faire des cultures pérennes une priorité. C’est un moyen rapide et durable, de réduire la pauvreté par rapport aux autres cultures. Il faut vraiment que nous Guinéens, nous encourageons la culture du cacao et le café. Pour moi, si le prix augmente au marché, cela ne peut-être qu’une bonne chose pour les commerçants et les paysans.»