Après l’enterrement de la femelle chimpanzé qui avait pour nom de baptême Fana, plusieurs hauts cadres des institutions qui militent pour la protection de l’environnement et des chimpanzés ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à la perte de ce chimpanzé à l’âge de 70 ans, et dont le groupe est maintenant réduit à six éléments.
Pour Mory Douno, le directeur adjoint du centre de gestion environnemental des monts Nimba et Simandou (CEGENS) »les chimpanzés constituent un taxon phare pour la conservation. C’est une espèce intégralement protégée et qui est sur la liste rouge de l’Union internationale de la conservation de nature (UICN ), ainsi que sur la liste rouge nationale. »
Dans la même lancée, le directeur du CEGENS ajoute: »les chimpanzés qui sont à Bossou constituent un atout très important pour la conservation pour le CEGENS, qui est un service public autonome à caractère administratif et scientifique. À cet effet, perdre une sujette quel que soit son âge rend triste. Qu’à cela ne tienne, c’est la loi de la vie et la loi de la nature. On naît, on grandit, on se développe, on meurt. La sujette qui est décédée était une grand-mère de 70 ans. Ce n’est pas petit si tous les autres éléments de la communauté de Bossou pouvaient avoir un âge de ce genre, on dirait Dieu merci. Mes sentiments sont mitigés », a-t-il nuancé.
Pour sa part, Radar Nishuli, Représentant de l’Union européenne dans la région du Nimba dit avoir »un sentiment d’amertume. Pourquoi parce qu’ils nous restait maintenant 7 chimpanzés dans la forêt de Bossou. Et si nous venons de perdre une femelle, cela veut dire qu’ils nous restent 6 chimpanzés. C’est une interpellation que ça soit aux communautés, nous hommes conservationnistes et aussi les chercheurs. Je pense les interpeller parce que nous devons plutôt voir le futur des chimpanzés qui restent. Je pense pour le moment que nous chercheurs, communautés locales, sages du village, qu’on doit s’asseoir, pour dire ce que nous voulons faire de cette forêt d’abord », a-t-il suggéré.
Il a indiqué également que l’Union européenne a financé le projet d’appui aux écosystèmes forestiers pour veiller aux espèces et que les chimpanzés sont une espèce clé.
« Nous sommes en train d’appuyer les missions de suivi rapproché des familles de chimpanzés qui sont dans la réserve, afin d’essayer de les compter. Et chaque année, nous allons évaluer, s’il ya une augmentation des chimpanzés », a conclu le chercheur.
Robert Zogbila, membre de la famille de Zogbila, fondateur de Bossou qui a des liens séculaires avec les chimpanzés, se dit très touché par cette perte.
« Les chimpanzés sont nos ancêtres. Si nous perdons aujourd’hui une grande mère, c’est tout le village qui est en deuil. C’est comme si on perdait un humain, nous faisons les mêmes rituels comme les humains. Nous allons faire des sacrifices à sa mémoire, parce qu’on pense ici qu’ils représentent la réincarnation de nos ancêtres. S’il y a malheur ou bonheur, nous participons pour montrer que c’est l’un de nous qui est décédé », a-t-il expliqué.
Pour finir, le professeur Gahishi Gnamashu de l’université de Kyoto au Japon précise pour sa part qu’il s’agit là du deuxième cas d’enterrement d’espèce. »C’est la première fois que j’assiste à cette cérémonie. C’est très triste de perdre une femelle chimpanzé si importante comme elle.
Le gouvernement japonais a toujours accompagné l’institut de recherche environnemental de Bossou. Mais le nombre ne fait que diminuer. Cela nous inquiète. Au début, c’était 21 chimpanzés dans les années 60. Mais aujourd’hui il ne reste que 6. Cela est une vraie inquiétude.
Le gouvernement japonais a toujours accompagné l’institut de recherche environnemental de Bossou. Mais le nombre ne fait que diminuer. Cela nous inquiète. Au début, c’était 21 chimpanzés dans les années 60. Mais aujourd’hui il ne reste que 6. Cela est une vraie inquiétude.
Je remercie tout le monde, les invités qui sont venus de partout suite à cette disparition », a-t-il souligné.