Le Kogo est un instrument de musique traditionnelle fabriqué à partir de bambou chinois. Il est doté d’un trou et d’une partie taillée pour une meilleure prise en main. Depuis plusieurs siècles, il occupe une place essentielle au sein de la communauté locale, jouant un double rôle à la fois dans les célébrations festives et les rituels.
L’instrument Kogo est utilisé comme un moyen de réjouissance et de danse, accompagnant les femmes dépositaires du fétiche Togba. Pour nous en dire plus sur cet instrument, nous avons interrogé l’un des sages de Lola, Moussa Waliko Doré, afin de comprendre l’importance du Kogo dans cette région.
Selon lui, « l’histoire du Kogo remonte à une époque très lointaine. Autrefois, les hyènes venaient dans nos villages pour attraper les animaux et même les hommes. Les animaux envahissaient les maisons à la recherche de proies. Les habitants se sont rendus compte que cela n’était pas simplement le fruit du hasard. Mais qu’il y avait quelque chose de plus profond derrière ces événements. »
« Ils ont alors élaboré un remède composé d’argile blanche et d’autres produits, auquel étaient attachés des cauris. Ce fétiche, connu sous le nom de togba, avait la capacité de faire trembler une personne et de lui permettre de percevoir des choses que les autres ne pouvaient pas. Pour faire connaître ce remède, appelé konon, à travers la région, ils utilisaient l’instrument de danse Kogo« , rappelle-t-il.
« Les femmes tapaient les cornes de bœuf contre le bambou chinois pour produire les sons caractéristiques du Kogo. Ainsi, l’instrument de danse était le bambou chinois, nommé Kogo, et le fétiche était le togba. Autrefois, le fétiche togba était largement utilisé par les femmes de la région. Ces femmes partaient à la rencontre de ceux qui étaient possédés par des esprits maléfiques, tels que les hyènes, et utilisaient le togba pour apaiser la situation », explique-t-il.
« Le Kogo joue également un rôle important en tant qu’instrument de rituel. Certaines personnes se tournaient vers le togba pour avoir des enfants, de l’argent et bien d’autres choses. De nos jours, les situations maléfiques sont devenues rares, mais les gens continuent à jouer cet instrument. Cependant, il n’est pas utilisé sur le corps de toutes les femmes, mais uniquement sur celles qui sont considérées comme des femmes courageuses et dépositaires du togba », précise notre interlocuteur.
Poursuivant, il dit : « le Kogo est joué en fonction des circonstances. Par exemple, on le joue en cas de décès, mais uniquement lorsqu’il s’agit du décès d’une femme. En revanche, il est utilisé à chaque occasion de réjouissance, comme l’arrivée d’une délégation, les fêtes et les cérémonies d’initiation. De nos jours, le volet rituel a perdu de son importance, et les gardiennes du togba ont disparu. »
« Devenir dépositaire du Kogo n’est pas compliqué. Il suffit de couper du bambou chinois et de rejoindre un groupe de musiciens. Cet instrument reste très populaire jusqu’à aujourd’hui, et il est utilisé à chaque occasion festive, qu’il s’agisse de l’arrivée d’une délégation ou de fêtes« , martèle Moussa Waliko Doré.
« Les femmes jouent du Kogo en tapant le bambou chinois avec de petits bâtons pour produire un son mélodieux. La différence entre les cérémonies rituelles et les réjouissances simples réside dans l’utilisation des cornes de bœuf pour les rituels et des bâtons pour les réjouissances ordinaires. Ces danses ne sont pas seulement divertissantes, elles sont également éducatives dans la région. Malgré la modernisation, cette danse demeure l’une des valeurs les plus précieuses préservées jalousement par la Guinée forestière« , a-t-il conclu.