Parmi les multiples infractions qu’on relève chez nous, figure en bonne place, le transport mixte. Mais, tentons d’abord de le définir. Il s’agit, pour faire simple, de la combinaison de passagers et de marchandises dans le même compartiment automobile. C’est une infraction qu’on rencontre dans le transport par camion. A ce jour, elle a tendance à se limiter aux préfectures, à l’intérieur du pays et plus fréquemment, en direction des marchés hebdomadaires où les camions sont encore très sollicités pour combler les besoins en matière de transport de biens et de personnes. A ce niveau, on peut dire que l’infraction est très flagrante, sans que rien ne soit entrepris pour y mettre fin. D’ailleurs, le pourrait-on, à proprement parler? Jusque-là, il n’y a aucune solution de rechange à offrir. On sait qu’en général, l’état des routes empêche que les véhicules légers (voitures) arrivent sur les lieux où se tiennent la plupart des marchés hebdomadaires. Et même quand ils le peuvent, ils ne vont pas suffire à transporter tout ce qui s’échange sur le marché, en termes de biens divers (marchandises, colis, produits…). Surtout que leurs propriétaires entendent les expédier ici et là, en les accompagnant toujours, personnellement, à bord du camion affrété. Ajoutons aussi, qu’il n’y a pas assez de gendarmes de la routière pour couvrir tous les marchés hebdomadaires qui se tiennent à l’intérieur du pays et y faire appliquer la règlementation. On en est à ce niveau, depuis longtemps déjà.
En rappel, c’est en 1990 que cette infraction a été interdite chez nous, suivant l’arrêté n04352/MTTP/CAB/90 du 10 octobre. D’autres textes allant dans le même sens et qui traitent des relations inter-Etats (notamment le Sénégal) ont été également produits. Malgré tout, la pratique du transport mixte n’a pas cessé pour autant. Pour des raisons qui tiennent de certains facteurs, sur lesquels nous reviendrons, plus amplement. Pendant ce temps, des accidents continuent de se produire, qui font de nombreux morts et blessés.
Cette pratique nous interpelle de te en temps, à l’occasion des accidents qui surviennent et qui engendrent toujours de graves conséquences corporelles et matérielles. Et cela, même quand le véhicule qui tombe roulait à vitesse modérée. L’image, ici affichée, est assez explicite. Elle montre ce qui se produit quand ledit véhicule (camion) se renverse.
Là, on le voit couché sur le flanc, avec son contenu éparpillé au sol. On sait bien qu’au départ, les marchandises et bagages ont été embarqués en premier. C’est après qu’ils aient été chargés que les passagers sont venus prendre place au-dessus.
Dans ces circonstances, on peut facilement comprendre ce qui se passe en cas d’accident : c’est l’inverse qu’on observe. Ce qui était en haut se retrouve en bas. C’est ainsi que les bagages, auparavant placés sur le plancher du camion, retombent sur tout ce qui était placé au-dessus d’eux. Les passagers tombent les premiers au sol avant d’être rejoints par les bagages qui deviennent de véritables projectiles pour écraser, étouffer et tuer. C’est ce qui explique le lourd bilan qu’on relève toujours, à la suite d’accidents de ce genre, qui surviennent à l’intérieur du pays.
L’exemple des 60 morts en 2007, sur la route d’un marché hebdomadaire à Guéckédou est resté ancré dans nos mémoires. Un ouvrage avait cédé sous le poids d’un camion qui transportait passagers et bagages.
Un autre exemple qui nous a profondément marqué est celui de la quinzaine de passagers brûlés vifs à Kountia, en 1985, après que les bidons d’essence embarqués dans leur camion se rendant au marché hebdomadaire de Maférinya (Forécariah) eurent pris feu, des suites d’un choc violent contre, successivement, la batterie, puis le réservoir mal refermé du camion. L’impact a provoqué des étincelles, qui ont produit le feu, en combinaison avec les vapeurs d’essence.
Le dernier exemple que nous allons citer est celui d’un jeune élève qui a connu un destin des plus tristes qu’on puisse imaginer. Un jour qu’il se rendait au village pour annoncer à ses parents son admission à un examen, le camion qu’il a emprunté s’est renversé en chemin. Notre jeune a été projeté au sol, sans dommages, dans un premier temps. Il a eu la chance de tomber sur un fourré qui a amorti sa chute. Pendant qu’il se relevait, heureux de s’être tiré à si bon compte, voilà qu’arrive dans sa direction, un fût d’huile qui était placé dans la carrosserie. Il lui tombe pile sur les deux jambes et les broient, scellant en un instant, le destin de ce jeune élève qui fut amputé des deux jambes. D’apte et intelligent qu’il était, le voilà subitement devenu handicapé à vie.
Le transport mixte fait partie des infractions les plus anciennes à avoir été répertoriées. Il faut noter que jusque-là encore, on n’a pas réussi à l’enrayer. Bien entendu, on la répertorie après la longue liste d’autres mauvais comportements dont bien de conducteurs se sont toujours rendus coupables, depuis l’aube de la circulation routière. Nous nous abstenons de dévider ce long chapelet dont la foison pourrait s’avérer fastidieuse et rebuter le plus patient des lecteurs.
On se demande bien quand cette infraction va prendre fin, pour que le transport de personnes soit totalement séparé de celui des marchandises.
Notre espérance est de voir notre transport en commun atteindre le niveau moderne qui a cours dans les autres pays. Pour le confort et la sécurité de tous les voyageurs !