« Dans le sillage du président Lansana Conté ». C’est l’intitulé d’un ouvrage paru hier lundi 4 mai chez l’Harmattan à Paris. Ladite œuvre littéraire de 138 pages est du journaliste et actuel Vice-président de l’Institution nationale indépendante des droits humains, Boubacar Yacine Diallo qui, en réalité, a eu un exceptionnel privilège, comme beaucoup d’autres journalistes d’ailleurs : celui de pouvoir accompagner le président de la République, couvrir notamment ses voyages à l’intérieur du pays tout comme à l’extérieur.
Un ouvrage qui vient s’ajouter à la longue liste de livres déjà écrits par l’auteur, dont la prise du pouvoir par l’Armée en 1984, le coup d’État dit de ‘’Diarra Traoré’’ et la campagne pour une nouvelle Constitution (celle de 1990).
« Finalement, je me suis rendu compte qu’il y avait un pan que j’avais oublié ou que je n’avais pas du tout touché : c’étaient ses voyages à l’étranger. Donc, je me suis souvenu par exemple de ses voyages en France, des voyages de présidents aussi charismatiques que Mitterrand et Chirac à Conakry, de la visite tout aussi charismatique du pape Jean Paul II. Puis, des voyages un peu particuliers qu’il a effectués, notamment à Cuba », égrène l’auteur dans une interview téléphonique accordée à Guinéenews.
« Sa rencontre avec Carter à la Fondation Carter, à Atlanta, où Carter voulait le réconcilier avec Taylor. Et tout était prévu ce jour-là. Et le président Conté, avec tout le respect dû au rang et à la dignité du président Carter, il lui a dit que tant que Taylor resterait un bandit, il ne discuterait pas avec lui et que de son avis, n’est pas un président, mais un bandit. Je crois que l’histoire lui a donné raison », estime-t-il.
Tout au long de ces différents voyages, Boubacar Yacine Diallo dit avoir été particulièrement frappé par l’émotion que feu le président Lansana Conté avait ressentie lorsqu’il a visité la prison de Fidel Castro, sur l’Ile de la Jeunesse. Ensuite, en Corée où il a rencontré Kim Il Sung, sans perdre de vue l’émotion que le général Lansana Conté a exprimée lorsqu’il s’est incliné devant la tombe de la maman de Kim Il Sung sur le Mont Paektu.
Autre visite particulièrement intéressante, c’est celle qu’il a faite aux Etats-Unis d’Amérique. Il a visité l’académie West Point où il a rencontré le général qui commandait cette université militaire. Il a également visité le mausolée de Martin Luther King où il a été accueilli par la veuve de celui-ci. Au regard de tout ceci, M. Diallo s’est demandé pourquoi ne pas conter au présent tout ce vécu, en tant que journaliste. « Et c’est ce que j’ai fait », justifie-t-il.
Ce livre pourrait aussi s’intituler « Sur les pas du général Lansana Conté ». Puisqu’il malaxe les volets national et international des différents voyages du défunt président de la République depuis son avènement au pouvoir le 3 avril 1984 jusqu’à son décès.
« (…). Dieu m’a donné la chance. J’ai vécu le 3 avril en tant que jeune journaliste en partie avec Issa Condé, Odilon Théa et Mamady Condé qui étaient plus brillants et plus anciens que moi, mais c’était une chance que je sois là, de venir par exemple au Camp Boiro lorsqu’on libérait ceux qui y étaient injustement détenus. Et la première fois que je voyais le général Lansana Conté, c’était justement ce 3 avril 1984, au Camp Alpha Yaya. Ensuite, j’ai vécu, au présent, la tentative de coup d’Etat de Diarra. Là, je cite régulièrement Ansoumane Bangoura, parce qu’on a suivi ça toute la nuit. Et le lendemain, on s’est retrouvé à Sans-fil pour faire notre travail de journaliste, parce que la radio avait été détruite à Boulbinet. Donc, les émissions étaient reprises à partir de Sans-fil, à Tombo », relate Boubacar Yacine Diallo.
Par cette œuvre littéraire, l’auteur dit vouloir reconnaître au président Lansana Conté son statut d’homme d’Etat, tolérant, soucieux de l’avenir de la Guinée et connaissant parfaitement bien le terroir et ses habitants.
« J’ai donc voulu rendre justice au général Lansana Conté décédé le 22 décembre 2008. Et je me suis dit qu’il fallait le ramener devant l’actualité. Parce que certains ont pensé qu’il était un président isolé. Mais à la lecture du livre, vous vous apercevrez qu’il y a des présidents comme Chirac, Mitterrand et le Roi Hassan II qui l’aimaient parfaitement bien », rappelle notre interlocuteur au bout du fil.
Le livre n’obéit pas à la structure des ouvrages classiques compartimentés en chapitres. Mais il fait un survol sur les périples de son héros. Aussi, il promène le lecteur entre les évènements du 3 avril 84, la publication de la liste des membres du CMRN et ceux du premier constitué le 5 avril et propose la publication intégrale du fameux Discours-programme dont tout le parle, même sans l’avoir parcouru. A ce niveau d’ailleurs, Boubacar Yacine Diallo note que c’est un discours fondateur d’un Etat de droit assorti de libertés individuelles et collectives dans un régime économique libéral.
Aussi, il expose sur la campagne « Tout pour convaincre pour la Constitution », à cette époque où les militaires étaient réticents quant à restituer le pouvoir aux civils. Il a fallu au président d’aller à la fois rencontrer les militaires dans les casernes et les civils dans les maisons de jeunesse, pour discuter du projet.
« Et finalement, il a réussi à convaincre les militaires, même si derrière, on ne le savait pas, (mais on l’a su plus tard) qu’il était lui-même candidat à sa propre succession. Donc, voilà ce que j’ai relaté dans ce livre de 138 pages, édité par l’Harmattan, à Paris, depuis le 24 avril et mis en vente aujourd’hui », indique le Vice-président de l’Inidh.
Une sortie qui coïncide malheureusement avec la pandémie du Coronavirus. Et les voyages étant ce qu’ils sont actuellement, ceux qui peuvent se le procurer ne peuvent le faire qu’en ligne pour le moment. Une fois qu’on aura quitté cette zone de turbulence, l’auteur entend programmer une dédicace de son ouvrage