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Littérature : « L’amour à l’épreuve des contraintes sociales», ce roman qui parle des réalités guinéennes

Excision, mariage précoce, harcèlement moral, infidélité, c’est entre autres des faits que traite une jeune écrivaine de 30 ans dans ses deux ouvrages. Mariama Diaka Diallo, c’est le nom de l’auteure du roman semi autobiographique intitulé « Le regret tardif » puis « L’amour à l’épreuve des contraintes sociales » dont la parution est prévue en début d’année 2019.

« Dans le premier livre, je parle de moi-même. Il est autobiographique à 50%. Dans ce livre, je parle de l’excision », dit-elle avant d’ajouter que l’autre partie du livre parle d’une jeune fille partie étudier au Maroc, mais qui, en plus de son diplôme, a eu un enfant : «je raconte une autre histoire fictive, mais une histoire dont beaucoup de jeunes filles souffrent. C’est l’histoire d’une jeune fille qui s’en va au Maroc pour les études et qui se retrouve avec un enfant et un diplôme. Le changement de mentalité, de pays, de comportement et aussi le changement des amis. Parfois, cela impacte positivement, mais beaucoup plus négativement.»

Dans la partie autobiographique, Mariama Diaka évoque l’excision dont elle a été victime. Si dans de nombreuses familles, c’est la mère qui fait exciser sa fille, cela n’est pas le cas de Mariama. Les parents de celle-ci ne voulaient pas qu’elle subisse « cette violence ». Et à l’insu de ses deux parents, elle a été kidnappée par une tante pour être  excisée : «l’excision dont j’ai été victime, c’est la partie qui me concerne dans ce premier livre. J’ai été kidnappée pour être excisée. Il y a dans nos communautés où les gens ne se s’opposent pas forcément à l’excision de la jeune fille, contrairement à la mienne. Mon père ne le voulait, ma mère non plus. Et j’ai été kidnappée par une tante pour être excisée. Elle a profité de l’absence de mes deux parents pour me kidnapper et me faire exciser sans que je ne m’en rende compte.»

Dans « l’amour à l’épreuve des contraintes sociales », Mlle Diaka fait un cocktail de faits de société, notamment mariage précoce, mariage forcé, infidélité, divorce.

« Dans ce livre, nous retrouvons l’histoire des entremetteurs ou des entremetteuses qui décident de présenter une fille à un homme et vice-versa ensuite on s’attend forcément à une suite favorable de la relation. Je parle aussi de la mort que beaucoup trouvent mystérieuse, mais aussi plus beaucoup sur l’infidélité que nous vivons actuellement. Je ne dirai pas que les couples sont à 100% infidèles, mais une grande partie des couples le sont. Je m’attèle surtout à la pression qui est exercée sur les jeunes filles. Si je prends mon cas, je suis une fille qui, normalement dans ma communauté, a dépassé l’âge de se marier. Une communauté où on te dit que tu dois te marier avant 18 ans, 20 ans, où tout est fixé comme une horloge. », affirme-t-il.

Pour Mariama Diaka Diallo,  l’infidélité et le divorce sont souvent dus au fait que les couples se marient sans être prêts mentalement, psychologiquement et des fois physiquement à se marier. A cela elle ajoute le fait que les futurs mariés ne prennent pas le temps de se connaitre : « Avant le mariage, il faudrait d’abord savoir est-ce que les filles sont prêtes mentalement, physiquement, psychologiquement à vouloir se marier. Pourquoi généralement on retrouve aujourd’hui 35 à 40% de cas de divorce ? Les gens se marient et quelques mois après ils se retrouvent dans des difficultés, parce qu’ils n’ont pas pris le temps nécessaire  pour connaitre l’autre, la famille de l’autre. J’ai l’impression que les filles sont  prises comme des cacahuètes qu’on offre gratuitement à des hommes ou aux familles de ces hommes. »

Le harcèlement moral dont sont victimes quotidiennement les filles les pousse à se marier sans en avoir l’envie. Ce qui, selon l’auteure, est une des causes de l’infidélité : « La première cause de l’infidélité c’est d’abord la pression qui est mise sur ces jeunes filles qui ne sont pas prêtes à accepter le mariage et qui quelque fois, se sentent obligées, parce qu’elles ne peuvent plus rester à la maison, parce qu’elles ne sont plus libres chez elles, ne peuvent plus se regarder tous les matins avec les parents, sans qu’elles ne rappellent que l’horloge biologique tourne, toutes leurs amies, toutes leurs cousines sont mariées. Ça c’est un harcèlement moral. J’avoue que toutes les familles n’ont pas la capacité de gérer ce harcèlement. Ça fait vraiment mal que le matin tu sors de ton lit et ta mère te dise que tu es en train de vieillir sous son toit. C’est un harcèlement, mais que les gens ignorent. Donc elles partent avec le premier venu, elles n’ont pas le sentiment les hommes, et vice-versa. Donc ils vont décider de vivre ensemble sans savoir que chacun profite de son côté. Le monsieur va voir ailleurs, idem que la fille. »

L’autre cause de l’infidélité dans les couples, selon Diaka, c’est la fin de l’amour : « Ensuite, nous retrouvons des couples qui ont vécu un certain nombre d’années ensemble et qui, par la force des choses, te disent qu’il n’y a plus d’amour. Mais il y a eu des enfants dans cette relation. En Afrique, on dit qu’il faut se marier et ne faut surtout pas divorcer. Quand tu n’aimes pas ton mari, tu restes pour tes enfants. C’est de la torture. Donc la femme qui n’est plus amoureuse de son mari ou l’homme qui n’est plus amoureux de sa femme, vont tous les deux voir ailleurs. Puis il ou elle se dit pourquoi ne pas aller se soulager ailleurs, et c’est de soulagement en soulagement que nait l’infidélité. Il ou elle va dire c’est juste faire le coup d’un soir, et c’est  coup d’un soir qui continue définitivement. »

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