Guinée, 3 avril 1984, une date et ses conséquences et La nouvelle histoire de Siguiri. Ce sont là deux ouvrages écrits par le Secrétaire général de la Cour constitutionnelle. Ces livres auraient dû être maintenant dans les rayons de l’espace littéraire guinéen depuis le 23 avril dernier, à la faveur de la 12e édition des 72 heures du livre. Mais cette manifestation ayant été ajournée pour cause du COVID-19, l’acheminement des exemplaires va attendre encore.
Parlant du premier livre, Cheick Fantamady Condé déclare être parti de l’idée que l’histoire de la Guinée, en ce qui concerne les soixante premières années de son indépendance, ne doit pas être présentée comme un moment uniforme, ou comme si pendant soixante ans, le pays n’a été confronté qu’aux mêmes réalités politiques, économiques, sociales et culturelles.
« Bien au contraire, il y a différentes périodes dont les deux premières sont incontestablement la première et la deuxième Républiques. A propos de la première République, il y a une littérature abondante qui comporte plus de 200 volumes, peut-être davantage. A telle enseigne que rien que seulement la première République ou presque, n’est aujourd’hui un secret, encore moins un mystère pour qui que ce soit », rappelle l’auteur que nous avons joint au téléphone.
« En revanche, poursuit-il, on a trop peu parlé de ce qui est intervenu au lendemain du 3 avril 1984. C’est-à-dire, de la manière dont le CMRN (Comité militaire de redressement national, ndlr) a pris le pouvoir, et surtout la manière dont il a dirigé le pays. Or, cette manière-là tranchait déjà dans l’esprit des pères de la deuxième République nettement avec toutes les méthodes qui avaient prévalu jusqu’ici ».
Fidèle donc à cette trajectoire, M. Condé énumère de nombreuses mutations opérées tant sur le plan des libertés, notamment avec le démantèlement du Camp Boiro, sur le plan économique, avec l’instauration du libéralisme, que sur le plan culturel, à travers la réforme de l’enseignement. Autant de faits différents des réalités du passé qui, de l’avis de notre interlocuteur, méritent d’être connus.
Bref, le livre de quelque 500 pages commence par la situation du pays peu après l’annonce du décès du président Ahmed Sékou Touré avant de s’étendre sur les tractations qu’il y a eu dans le cadre de sa succession. Ensuite, il expose sur l’irruption de l’Armée au-devant de la scène le 3 avril 84, et explique comment la nouvelle administration s’est organisée, notamment à travers la mise en place du CMRN, la composition du premier gouvernement et la réforme de l’administration.
Le second ouvrage intitulé « La nouvelle histoire de Siguiri » est la suite logique d’un premier écrit par le même auteur. C’est donc, une réédition plus riche, plus étoffée, avec beaucoup de nouvelles parties qui n’étaient auparavant pas dans la première édition.
Aux dires de Cheick Fantamady Condé, cet autre livre parle de l’histoire de Siguiri pendant une période donnée, vu que l’histoire de Siguiri – comme on peut le deviner sans peine – s’étend sur une période indéterminée. Ce qui lui fait dire qu’il a choisi la période allant de la veille de l’implantation coloniale (1888) jusqu’à l’indépendance (1958), soit une période de 70 ans.
« Vous savez, généralement, on dit que la présence coloniale en Guinée a duré pendant 60 ans. Ce n’est pas toujours exact. Quand on prend l’ensemble des composantes du pays, cette période est variable d’une région à l’autre. En ce qui concerne la région de la Haute Guinée, particulièrement l’actuelle préfecture de Siguiri, c’est à partir de 1888 que l’administration coloniale s’y est installée et y est demeurée jusqu’au 2 octobre 1958, année de la proclamation de l’indépendance du pays », fait noter le Secrétaire Général de la Cour constitutionnelle et qui, dans son ouvrage-ci, présente sommairement les réalités politiques dominantes dans la région avant l’arrivée des blancs.
« Et dans une seconde partie, je traite la résistance africaine contre l’intrusion coloniale, une résistance qui a été principalement animée par l’Almamy Samory Touré, dont la défaite a coïncidé avec la main mise française sur la région. Et une fois cette main mise assurée, on est passé à la phase de l’exploitation économique et de l’oppression culturelle avec les différentes manifestations de la réalité coloniale que les populations ont dû endurer pendant 70 ans », confie-t-il en exclusivité à Guinéenews, non sans s’exprimer sur l’importante place qu’il réserve à l’évolution de l’enseignement dans la région de Siguiri à travers les différentes évolutions qu’a connues l’école coloniale.
Cette autre œuvre littéraire fait environ 300 pages. Son auteur, actuel Secrétaire général de la Cour constitutionnelle, est diplômé d’Histoire de la Faculté des Sciences sociales de l’Institut polytechnique de Conakry et membre de l’Association des historiens de Guinée. Jusqu’à une époque relativement récente, Cheick Fantamady Condé écrivait essentiellement sur le sport. Cet ancien journaliste sportif à la Voix de la Révolution compte à son actif près d’une dizaine de livres.