Comme à ses habitudes, les autorités guinéennes qui ne savent faire que dans la brutalité, l’amateurisme et le mépris, ont lancé de nouvelles opérations de déguerpissement qui, même si elles s’avèrent nécessaires par endroits, renvoient une image déshumanisante des victimes. Et pourtant, l’une des premières missions de l’État est de protéger et assister la population.
Malheureusement, au regard des opérations précédentes et celles en cours, il n’y a aucun doute sur l’inexistence d’un programme réfléchi de recasement, de dédommagement et de prise en charge psychologique au moins des enfants des familles concernées.
L’autorité de l’État consiste à agir avec fermeté certes, mais de façon intelligente et humaine. À défaut, ses actes contribueront à grossir les rangs des frustrés et haineux qui deviennent de plus en plus nombreux à cause des multiples cas d’injustice et de la précarité. Cette frange de la population représente à la fois une bombe sociale à retardement, une menace sécuritaire dans nos villes et un potentiel important de candidats à l’immigration irrégulière. Ce sont là des paramètres non négligeables que les décideurs publics devraient prendre en compte avant d’agir pour éviter que les inconvénients ne soient plus importants que les avantages éventuels.
Par ailleurs, qu’en est-il de ceux qui occupent les espaces qui empêchent les populations d’accéder aux bords de mer ? Et le cas des immeubles luxueux qui émergent dans des zones publiques telles que la cité ministérielle de Donka, la SIG Madina ou les corniches ? Quelles sont les conditions d’acquisition de ces domaines et qui en sont les propriétaires ? Et mieux, comment peut-on comprendre la démolition des habitations dans les zones dites de l’État sans jamais traduire en justice un seul signataire d’un document administratif d’attribution par une autorité compétente ?
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En somme, bien que nul ne puisse remettre en cause la nécessité de préserver les biens publics, mais ce n’est pas dans l’arbitraire et l’injustice que cela doit se faire. Autrement, on n’aura fait que créer un cycle interminable de frustration qui servira d’argument à ceux qui viendront aux commandes pour remettre en cause les actes en cours, et décider d’autres démolitions insupportables.
C’est pourquoi, l’État étant incontestablement une continuité, ceux qui agissent à son nom ne doivent pas verser dans la délinquance déguisée en normalité.
Aliou BAH
#MoDeL