Dans notre dernière livraison portant sur le sujet, nous avons évoqué le sort peu reluisant des retraités que l’administration, à travers sa fonction publique, produit chaque année. A bien analyser le phénomène, on s’aperçoit que le tableau est moins sombre qu’on pourrait le croire. Des aspects plus avenants et sociables sont notés, qui montrent une approche plutôt positive dans la gestion de cette problématique.
On a vu des cas où des retraités ont été heureux de s’en aller vivre une nouvelle vie que tout destine à être enchantée et satisfaite. C’est par exemple, aux premières années de l’installation des sociétés minières comme la compagnie Fria et la CBG qui célébraient chaque départ à la retraite de leurs travailleurs.
A l’occasion, elles octroient aux partants, du matériel et des équipements pour se bâtir une maison à l’endroit de leur choix. A une moindre échelle, la même chose a encore cours de nos jours, dans des sociétés de la place. Des institutions internationales font de même, à peu de choses près. Elles accordent des primes de départ conséquentes et quelques fois des satisfecit et des lettres de recommandation à ces travailleurs qui s’en vont. Quand c’est la structure qu’on délocalise ou qui ferme ses portes, c’est à tout le personnel que ces documents sont délivrés.
Ces habitudes valorisantes doivent revenir. Elles honorent les partants, encouragent et rassurent ceux qui restent ou qui arrivent. L’optimisme permet de voir évoluer cet état d’esprit à l’égard de la retraite. Dans ce sens, le CNRD fait des efforts et montre l’exemple. Des retraités sont rappelés et nommés à des fonctions de haut niveau.
Pour la petite histoire, pendant le premier régime qui nous a conduit à l’indépendance, le système de gouvernance en vigueur était de type socialiste à économie très centralisée. C’était en période de la guerre froide entre les deux blocs : socialo-communiste et capitaliste. Nous étions alors catalogués dans le giron du premier bloc.
Cette époque était particulière, en ce sens que tous ceux qui finissaient leurs études étaient rassurés d’être employés dans la fonction publique. Même les professions libérales étaient prises en compte, puisque les initiatives privées d’une certaine envergure n’étaient pas autorisées.
Dès la sortie de l’université ou de l’école professionnelle, on avait sa réquisition de transport prête pour rejoindre le poste d’affectation déjà défini ainsi que le logement attribué.
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L’Etat était donc une vraie vache laitière pour tous les fonctionnaires. Lesquels y ont pris goût et s’y sont habitués.
A telle enseigne que lorsqu’ils en sortent, pour cause de retraite, ils sont comme perdus, n’étant pas accoutumés à évoluer ailleurs que dans la fonction publique. C’est comme s’ils font un saut dans l’inconnu.
Cet état d’esprit tarde à changer. On le vit encore, dans une certaine limite. Malgré le retour de notre pays au libéralisme depuis le 3 avril 1984. C’est à cette date historique que le CMRN a prôné l’ouverture du secteur privé à la concurrence, la libération des initiatives individuelles où chacun peut librement s’investir et se développer.
A partir de là, nous pouvons dire qu’être retraité n’est pas synonyme de rejet ou de disqualification. On a vu des exemples de réussite assez surprenants de certains d’entre eux. Au départ, ils ont quitté l’administration en assez bonne santé. Puis, les voilà qui s’investissent dans un domaine d’activités, avec un sens des affaires bien affûté et une bonne expertise à l’appui. L’entreprise prospère rapidement et au vu du bilan atteint, ils se disent pourquoi ils ont perdu tout ce temps dans la fonction publique, avec un résultat si limité.
C’est pourquoi nous devons nous départir du concept de l’État providence qui emploie systématiquement tout le monde et choisir plutôt d’offrir aux jeunes, des opportunités pour s’installer à leur compte et se développer.
Tant que l’homme vit, il peut encore être utile. L’expérience a montré que plus on avance en âge, plus on acquiert de l’expérience et de la sagesse. C’est bien cela que l’Afrique, notre continent, a toujours capitalisé et que les blancs nous envient. Nous avons du respect pour les anciens. Nous les consultons à toutes les grandes occasions.
Et cela nous donne l’occasion, pour terminer, de citer le dicton : « si dieu et le vieux ne sont pas des copains, ils ont quand même duré ensemble. »