Considérée avant comme un modèle dans la lutte pour la défense des intérêts des citoyens et le développement de la Guinée, la société civile a perdu tout crédit aux yeux du peuple ces dernières années. Désormais, cette entité se caractérise par un manque de leadership, de lutte d’égos, d’intérêts personnels et égoïstes des membres qui la composent. Dans une interview accordée à notre rédaction ce vendredi 19 juin 2020, une ancienne activiste de la société civile guinéenne regrette cette perdition.
Par ailleurs, Mme Mariama Satina Diallo Sy appelle ses frères à une prise de conscience rapide pour redorer le blason de cette institution.
« J’étais activiste de la société civile justement parce qu’à l’époque, le pays était dans un état où je me suis sentie obligée de m’impliquer pour un changement et on était bloqué à tout point de vue. Je pensais que c’était nécessaire et avec un certain nombre d’amis avec qui je partageais cette conviction on est monté au créneau et on a appuyé la société civile et après on est rentré carrément dedans. Mais malheureusement, la société civile a perdu de son apollon d’antan. Peut être c’est parce que les ténors sont partis. Ils y en a qui sont morts (paix à leurs âmes). Personnellement, c’est lorsque j’entendais feu Ben Sékou Sylla (ancien président du conseil national des organisations de civile et ex président de la commission électorale nationale indépendante) parlé à la télé, à la radio de l’Etat de la Guinée à l’époque c’est ce qui m’a poussé à le rejoindre et à faire la lutte. Mais lorsque nous, nous sommes allés au gouvernement et chacun a poursuivi son chemin, les jeunes qui étaient là n’avaient ni d’expérience, ni de force morale à mon avis peut être de résister à cette pression politique et c’est allé dans tous les sens malheureusement. C’est pour cette raison aussi que j’ai démissionné de cette société civile », explique Mme Sy.
L’ambition démesurée des acteurs qui la composent qui luttent pour leurs propres intérêts mais aussi la cupidité des politiciens sont entre autres les raisons de cette perte vitesse de la société civiles, estime Mme Sy. « Malheureusement, on constate aujourd’hui que l’Etat se sert de cette société civile mais ce n’était pas l’objectif au départ. Parce que nous lorsque nous nous sommes battus, c’est à notre période qu’il a été dit que c’est un membre de la société civile qui devait présider aux destinées de la CENI (commission électorale nationale indépendante). A l’époque, c’était parce que cette société civile était mûre et elle pensait être la croix de transmission entre le pouvoir et les politiques et elle se devait d’être neutre et responsable. Finalement, on a vu ce qui s’est passé. Car, elle n’a pas répondu aux attentes qu’on espérait et c’est tout le mal que nous vivons aujourd’hui hélas ! Je pense que pour la reprise morale et pour le bien de la Guinée, c’est devenu une absolue nécessité pour sortir notre pays dans la situation à laquelle il est aujourd’hui », affirme l’ancienne activiste de la société civile.
Pour conclure Mme Mariama Satina Diallo Sy appelle les jeunes activistes de la société civile « à sortir du piège de la facilité et du mirage de l’obtention de poste ministériel afin de défendre les intérêts communs et citoyens. »