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Les mouvements de soutien : ces machins politiques budgétivores qui tuent la démocratie en Guinée

Les clubs de soutien ou mouvements de soutien sont des groupements de sympathisants des hommes politiques qui se retrouvent pour entretenir la flamme de la victoire. Dans les années ‘’90’’, on entendait parler de Cosalac, Mosalac, Molacpa, Morelac, etc. Les membres étaient essentiellement des militants, sympathisants et courtisans de feu général Lansana Conté et autres oisifs qui voulaient continuer à manger à la soupe.

Différence entre un mouvement de soutien et un parti politique ?

Le club de soutien est un mouvement à connotation politique informel de sympathisants et d’adeptes de l’idéologie d’une personne. Parfois, il fonctionne comme un parti politique avec une structure à but lucratif. Depuis le régime de Conté en passant par celui de la junte militaire, on assiste à une prolifération de ces mouvements plus politisés qui avaient disparu avec le décès de Conté et la perte du pouvoir d’Etat par les militaires en 2009-2010. Ces mouvements ont attendu l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir pour prospérer.

CRAC, Wonyètèfé, Un Coup KO, ALPHA Sénségny, Morac, M’Dimboré, Canor, Djoken Alpha, Codec…

Ce sont là entre autres des mouvements de soutien qui pullulent autour du Pr Alpha Condé. De véritables sources volières de mange-mil ! Mais ces clubs de soutien qui évoluent en dehors des structures du RPG Arc-en-ciel, qui sont-ils réellement ? Quels rôles jouent-ils ?

Pour leurs promoteurs, ces groupes de soutien constituent des tremplins pour soit se tailler un poste juteux ou le conservé aussi bien au sein du parti au pouvoir que dans l’administration.

« Les militants dans les quartiers ne sont pas tous connus des responsables du bureau politique national. En s’inscrivant dans ces mouvements, ils peuvent être vus et entendus par qui de droit », explique Bangaly Condé, fondateur du mouvement « UN COUP KO » Pour cet inconditionnel du RPG, c’est d’une bonne occasion pour ces nombreux militants de se faire connaitre au sommet du parti.

Selon l’un des leaders du Mouvement CRAC qui a requis l’anonymat, ils ont pour mission de vendre l’image du Chef de l’Etat qui, selon lui, est écorné par la presse acquise à la cause de l’opposition. « Vous savez, le Chef de l’Etat n’a pas bonne presse auprès du citoyen Lamda. Ses efforts ne sont pas mis en lumière. A cause d’un défaut de communication sur ses actions, le Président de la République est objet de toutes les critiques… La désinformation aidant, il n’y a pas assez de visibilité sur tout ce qu’il fait depuis qu’il est à la tête du pays. C’est ce que le CRAC est en train de corriger sur le terrain », dira-t-il.

Quant à A. Bérété, un membre du mouvement « Les Jaunes », c’est l’occasion de vendre l’image du Chef de l’Etat et aussi se faire un peu d’argent. « Nous nous mobilisons pour la réélection du Président Alpha Condé. Et vous devez savoir aussi que c’est en pareilles circonstances qu’on gagne un d’argent. Les autorités mettent souvent la main à la poche pour nous encourager !  Donc comprenez pourquoi toute cette mobilisation », justifie M. Bérété

Qui sont les clients des mouvements de soutien ?

La plupart de ces adeptes sont souvent des désœuvrés guidés par un leader populiste qui a le devoir de faire connaitre et vanter la valeur de leur étoile. Il organisera des meetings de sensibilisation pour faire croire que le mentor est aimé par la population et travaille pour celle-ci. Ces mouvements, de par leur attitude à vénérer leur idole, concourent à le faire éloigner de la réalité.

Pour des billets de banque, aller se rassembler pour clamer le nom de quelqu’un qui a déjà l’essentiel, ne présage pas un avenir certain pour soi. « On demande à ces personnes, à ces jeunes de travailler, c’est une erreur de croire que le mouvement est un sésame pour accéder à l’emploi, pour vivre sur le dos de quelqu’un qui ne donnera que des miettes », dira un cadre rencontré au Gouvernorat où les groupes de jeunes s’activent actuellement pour se faire enregistrer sur les listes des gens devant bénéficier des chaises et des chaînes musicales pour la campagne présidentielle.

Pour lui, on vient à la politique quand on veut faire connaitre ses idées, son programme de société pour le développement de son pays, on ne vient pas à la politique pour s’enrichir.

L’objectif d’un club de soutien 

L’objectif principal, c’est de soutenir, épauler celui qui a en charge la gestion du pays. Il s’agit de le soutenir ou l’épauler face aux adversaires politiques.  Pourtant, il peut se passer de tous ces soutiens. Si le leader ou le président élu donnait le mieux de lui-même afin de répondre aux aspirations légitimes du peuple. Malheureusement, les hommes politiques donnent l’impression de se complaire dans cette situation de flatterie qui n’est en réalité qu’une opération consistant à instaurer le culte de la personnalité. Pire, il provoque une véritable saignée financière pour les caisses de l’Etat. Les campagnes électorales sont les périodes fastes pour ces clubs de soutien. Les responsables de ces clubs sont de véritables sangsues qui, par leurs tapages sur fond de démagogie, arrivent à faire croire au chef qu’il est le champion. Il est envouté par ses thuriféraires qui finissent par le faire croire qu’il est messianique, donc au-dessus de tout et sans adversaire.

Par exemple, dans quelques jours, ce phénomène devra atteindre son summum en Guinée, lorsque le président Alpha Condé va officiellement déclarer sa volonté de briguer sa propre succession pour la troisième fois. C’est-à-dire sa candidature pour un troisième mandat, pardon, pour son premier mandat de la quatrième République.

Dès lors, on assistera dans tous les quartiers à la montée en puissance des oisifs politiques qui écumeront les différents sites de campagne aménagés à cet effet. Le mal est que les responsables des clubs de soutien vivront entourés d’une armada de protection avec un émolument correspondant au salaire d’un directeur national avec tous les avantages y afférents.

Du simple citoyen au Chef de l’Etat, la nuance à saisir 

En Afrique, on confond souvent le simple citoyen devenu Chef d’Etat et ses attributs qui sont les droits lui permettant d’accomplir ses missions régaliennes. On entend dire souvent que le Président de la République a fait un don, a fait ceci, a fait cela, le Président est magnanime… Non ! Le Président ne dispose pas d’une caverne d’Ali baba. Il n’est pas un philanthrope et ne fait que faire son devoir de Président de la République avec les moyens de l’Etat. Il est l’élu de toute la nation. Il utilise les fonds que les contribuables ont mis à sa disposition pour travailler. Quand on est rémunéré à la fin du mois on ne dit pas le directeur général de ma société m’a payé le salaire, mais l’entreprise ou la société a payé mon salaire, un dû pour le capital travail mis à la disposition de la société.

Le culte de la personnalité pourrait-il disparaitre un jour ?

Le culte de la personnalité est une illusion qui fausse l’appréciation du travail. Les dirigeants doivent comprendre qu’il s’agit d’un phénomène social qui leur est nuisible… Ce serait le seul moyen d’éviter ces cauchemars auxquels beaucoup d’entre eux sont confrontés lorsqu’ils perdent les rênes du pouvoir. Le refrain, on le connait : « vive le président ! A bas le président ! »

N’ayons pas peur des critiques constructives, elles permettent de faire avancer les choses. Les réponses ne doivent pas devenir des invectives. Les honneurs et les hommages flatteurs et hypocrites sont non seulement nuisibles pour le travail du Président, mais ne profitent pas au peuple…

Mouvements de soutien, de véritables organisations d`escroquerie et d’arnaque

Il faudra bien qu’un jour, les Guinéens finissent par réaliser que ce qui fait avancer un pays, c’est le travail, le travail et le travail. Le tout, dans un environnement de paix et de justice sociale. Or, depuis bien longtemps, des Guinéens ont trouvé dans la création de mouvements et autres clubs de soutien, le sésame qui leur permet de vivre sur le dos des régimes successifs que la Guinée a connus. Du temps du président Conté, on ne pouvait ouvrir la télévision sans tomber sur les activités de l’une des centaines d’organisation de ce genre. Et ils étaient si nombreux à cette époque qu’on avait du mal à retrouver le PUP, le parti au pouvoir à l’époque. Mais comme toutes organisations créées de toutes pièces et dont les dirigeants, de véritables fayots, ne vivent que par la flatterie, ces clubs et mouvements de soutien ont disparu comme par enchantement, avec le décès du président Conté. On se souvient qu’à l’époque du PUP, les responsables de l’opposition politique ne manquaient aucune occasion de dénoncer tous ces mouvements qui vivaient et menaient leurs activités avec de l’argent public. Mais dès son accession au pouvoir en 2011, le nouveau régime a encouragé la création de plusieurs autres clubs et mouvements de soutien dont l’objectif principal est de faire du tintamarre, distraire et empêcher les Guinéens de découvrir les actes de vols et de pillages des ressources du pays, auxquels se livraient certains cadres véreux et autres barons du RPG Arc-en-ciel.

 Et tous ces mouvements qui sont regroupés aujourd’hui dans ce qu’on appelle «  la galaxie Arc-en-ciel  » sont financés directement ou indirectement par l’argent public. La plupart des responsables de ces mouvements de soutien roulent dans des grosses cylindrées. Mais comme ce fut le cas au temps du président Conté, il ne serait pas surprenant de voir un jour tous ces mouvements disparaitre après le règne du président Alpha.

Chanter les louanges pour espérer mieux bouffer et sans travailler !

En réalité, ces mouvements ne sont créés qu’avec pour seul objectif que d’escroquer les tenants du pouvoir auxquels ils ont réussi à faire naïvement croire que sans eux, le pays entier disparaîtrait. Après Conté, c’est aujourd’hui le tour au président Alpha Condé de gérer les affaires de l’Etat. Et à peine avait-t-il prêté serment en 2010, que déjà à cette période, ici et là, des mouvements de soutien poussaient avec les mêmes objectifs : chanter les louanges pour espérer bouffer sans travailler. Les activités de ces mouvements occupent aujourd’hui une partie du journal télévisé de 20h30. Il n’est peut-être pas trop tard pour rappeler à tous les promoteurs de ces organisations d’escroquerie et d’arnaque que les Guinéens n’ont pas porté Alpha Condé à la tête du pays pour que les gens viennent leur répéter à longueur de journée, qu’il est l’homme le plus beau du monde, qu’il est l’homme le plus intelligent du monde, qu’il est un travailleur et blablabla ! C’est justement parce que les Guinéens ont cru en ses nombreuses qualités qu’ils l’ont porté au pouvoir. Tout ce qu’ils attendent de lui à présent, c’est de remplir sa part de contrat. Car l’élection est une forme de contrat social. Le candidat fait une offre aux électeurs :  » si vous me votez, je ferai pour vous ceci ou cela… « .

Les électeurs, après avoir reçu plusieurs offres venant de divers candidats, décident d’accorder leur voix à celui qui a présenté la meilleure d’entre elles. Une fois que ce dernier est élu, les électeurs ont rempli leur part du contrat. Il ne reste plus qu’à l’élu de respecter ses obligations vis-à-vis du peuple.

 Les électeurs, les Guinéens donc, n’ont plus à créer des mouvements de soutien pour le Pr Alpha Condé. Ils doivent se mettre au travail et veiller à responsabiliser les autorités. Cela veut dire qu’ils ont l’obligation de surveiller leurs actes, de contrôler l’utilisation de l’argent public et dénoncer toute gabegie. Veiller à ce que la loi soit partout la même pour tous, qu’on soit président de la République ou simple citoyen. C’est qu’on appelle aider un président à travailler pour le bien de tous. Haro donc sur les mouvements et associations de soutien, véritables volières de mange-mil… En tout cas, ceux qui travaillent dur pour vivre et faire avancer leur pays n’en veulent plus.

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