Le mot est dit : innocence ! Oui, c’est bien la caractéristique principale des enfants. Ils sont angéliques, tout le monde en convient, mais leur comportement dans la circulation est très souvent, pour ne pas dire toujours, interprété par la plupart des usagers comme une imprudence notoire, fortement réprouvée. On trouve qu’ils jouent sur la route et la traversent de tous les côtés, dans le désordre le plus total. Ils courent, gambadent, sautillent devant les véhicules, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité.
Mais, ces enfants, jugés si désinvoltes et téméraires, savent-ils seulement ce qu’ils font ? Sont-ils responsables en agissant de la sorte ? Pas évident, quand on tient compte de leur âge, mais aussi de la psychologie qui leur est propre et qu’ils ont en partage avec tous les autres enfants, à travers le monde. Ils sont immatures, au sens le plus accompli du terme. Et c’est de là que vient toute l’incompréhension dont ils sont l’objet de la part des adultes. Pour leur malheur, ceux-ci ne font que les juger. Sans faire le moindre effort de mieux les connaître pour les comprendre.
De nombreuses études faites sur le sujet ont montré que les enfants, de loin plus que les adultes, sont très exposés aux dangers de la circulation. Ils disposent certes du potentiel nécessaire pour se sortir des situations à risque qui peuvent survenir. Ces aptitudes tiennent de l’agilité, la souplesse et la capacité à réagir que leur confère leur jeune âge. Quoique cela ne leur soit guère utile face à certaines situations d’urgence.
Des experts soulignent que l’enfant se fait une certaine idée du véhicule qui ne manque pas de surprendre. Pour lui, cette machine qu’utilisent ses parents est forcément un ami. Il se représente le bruit du moteur comme un ronronnement, les phares comme les yeux, les avertisseurs sonores comme un son émis pour répondre à une sollicitation, etc. Autant d’analogies susceptibles d’interprétation et de rapprochement avec son vécu quotidien. Ce qui lui fait se dire que le véhicule est un ami. Il n’y a donc pas à s’en inquiéter.
En plus, il est dit que l’enfant a un champ visuel très étroit. Sa vision centrale est en tunnel, ouverte seulement de quelques degrés, loin du chiffre 90 de la vision binoculaire parfaite de l’adulte. Si fait que pour bien distinguer ce qui se passe autour de lui, sur les latéraux, il est obligé de se tourner entièrement du côté qu’il veut observer. Ce qui prend forcément du temps et sollicite une attention et des efforts constants, surtout quand les bruits lui viennent de partout, dans la circulation, le perturbant un peu.
Sa petite taille aussi ne pêche pas en sa faveur. Les conducteurs, surtout ceux des gros véhicules, le perçoivent à peine, du haut de leur cabine. Ce taux de perception est nul lorsqu’ils sont à son niveau, même en dehors des angles morts. Ce qui l’expose nécessairement au danger d’être heurté par les véhicules. Mais, tout cela ne l’ébranle pas outre mesure.
Nous le savons tous, l’enfant est un parfait imitateur. Tout est prétexte à jeu pour lui. Il apprend en jouant. Il joue pour apprendre. Peut-être même qu’au fond, il s’amuse de toutes ces trépidations que la rue libère du fait de l’assaut constant des véhicules en mouvement ou il nargue simplement tous ceux qui considèrent qu’il est à la limite de l’espièglerie par les frissons qu’ils leur infligent à travers les facéties et imprudences qu’il commet et dont il se moque bien.
Pour tout dire, c’est bien à nous adultes qui conduisons nos véhicules d’intégrer ces comportements de l’enfant dans la circulation et de le protéger en lui inculquant de bonnes habitudes. Vu qu’il nous imite, obligeons-nous à toujours l’accompagner, comme cela se fait ailleurs, pendant ses sorties dans la rue. Il est souvent tout seul, comme abandonné à lui-même. Comment alors lui apprendre les meilleurs comportements à adopter ? Nous devons y penser sans attendre. Pour notre bien à tous. Lui qui représente notre avenir et nous.