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Les cris déchirants d’une veuve dont l’époux a péri dans l’incendie du dépôt de Coronthie

Dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 décembre 2023, un incendie ravageur a frappé le principal dépôt pétrolier de Conakry, causant la mort de plusieurs personnes. Parmi elles, feu Mamoudou Sidibé, ‘’Libé’’ pour les intimes. Il travaillait au compte de la SGS ce jour sur le site de la SGP. Dans un récit poignant, sa veuve, Aminata Sidibé dite ‘’Bébé’’, revient sur cette tragédie et partage sa douleur, un an après.

Une dernière conversation pleine de pressentiments

Mme Sidibé se souvient avec émotion de ce jour où son mari semblait hésitant.
« Ce jour-là, il était à la maison et m’a dit qu’il ne savait pas si le tanker ou le bateau pétrolier devait accoster ou non. Peu après, il a fait ses ablutions pour aller prier. À son retour, il a reçu un message lui demandant de se rendre au travail. Bien qu’il n’eût pas envie de partir, il m’a dit qu’il n’avait pas le choix. Je lui ai conseillé de rester, mais il a insisté. En fin, il est parti, et ce fut la dernière fois que je l’ai vu », se remémore-t-elle avec douleur lors d’une interview accordée à Guinéenews.

Le choc de l’annonce

La jeune veuve raconte qu’au petit matin, c’est-à-dire le lendemain de cette tragédie, elle ignorait tout du drame qui s’était joué : « un ami de mon mari est venu à la maison pour prendre de ses nouvelles. Il était probablement déjà informé de ce qui s’était passé. Lorsque je lui ai dit que mon mari était au travail, il m’a demandé si nous avions communiqué. J’ai répondu que non, car son téléphone sonnait sans réponse », confie-t-elle.

Quelques heures plus tard, une délégation est arrivée chez elle.
« Dès que je les ai vus, j’ai compris que quelque chose de grave était arrivé. Ils m’ont annoncé le décès de mon mari. Je leur ai dit que je ne pouvais y croire tant que je n’avais pas vu son corps. Mamoudou m’a quittée en pleine santé, sans aucun signe de malaise », raconte Mme Sidibé.

Une aide insuffisante face à l’épreuve

Selon Aminata Sidibé, une assistance en nature a été apportée à la famille, mais son état de choc l’a empêchée de s’en préoccuper pleinement.
« Ils ont envoyé des denrées, mais je ne pouvais pas m’intéresser à ce qu’ils apportaient. Mon esprit était ailleurs », dit-elle.

Des difficultés financières qui s’accumulent

Le couple vivait au quartier Constantin, dans la commune de Matam, dans une maison louée à 1 500 000 GNF par mois. Incapable de payer le loyer après la perte de son mari, Mme Sidibé a été contrainte de retourner au village familial, à Balandou, une sous-préfecture située à environ 10km de la commune urbaine de Kankan pour y passer son veuvage.

Quelques mois plus tard, la SGS, la société pour laquelle travaillait son mari lui a remis 30 000 000 GNF. Soit environ 3 mille euros.

« J’ai remis cet argent aux parents de mon défunt mari. Ils l’ont partagé, et mes trois enfants et moi avons reçu 20 000 000 GNF », explique-t-elle.

Installée à Kankan avec ses enfants, Aminata finance leur scolarité dans une école privée et subvient à leurs besoins en vendant de la friperie, un métier précaire et épuisant.

« Aujourd’hui, je demande à ce qu’on me verse le salaire de mon défunt mari jusqu’à maturité des enfants », lance-t-elle comme appel à l’aide.

Une famille dispersée…

Mamoudou ‘’Libé’’ Sidibé laisse derrière lui quatre enfants : trois vivent avec Mme Aminata Sidibé à Dalako, un quarier de Kankan. Tandis que le premier garçon est resté à Conakry avec une tante qui prend soin de lui.

Malgré les visites occasionnelles des membres de sa belle-famille, Mme Sidibé continue de porter seule le poids de son foyer. Entre le deuil et les difficultés financières, elle se bat pour offrir un avenir à ses enfants.

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