Depuis son érection en préfecture en 1976, cette localité située à environ 65 kilomètres de la ville de Labé, à l’image d’autres préfectures de la région peine encore à avoir le visage d’une préfecture reluisante. Les routes sont complètement défoncées. Des édifices publics délabrés. Des districts en manque de poste de santé. Hormis le centre urbain, bon nombre des localités sont confrontées aux pénuries d’eau potable et au manque d’ouvrages de franchissements. C’est le décor que présente aujourd’hui la préfecture de Lélouma.
Les routes
Le centre urbain de Lélouma, tout d’abord, est un cul de sac. La localité reste très enclavée. Elle se compte parmi les préfectures dont le centre-ville n’a encore connu aucun centimètre de bitume depuis sa création. « Lélouma est aujourd’hui inaccessible, faute de routes. C’est extrêmement pénible d’accéder à Lélouma. Toutes les routes sont vraiment dégradées. C’est un véritable souci. On n’a jamais cessé de tirer sur la sonnette d’alarme par rapport à cet état de dégradation très poussée de nos routes. Lélouma étant très enclavée. Lélouma, en quelque sorte, c’est comme un cul de sac. Nous avons toujours attiré l’attention.
Mais aujourd’hui, hormis qu’elle soit un cul de sac, pour y accéder aussi, c’est tout à fait des sérieux problèmes. Nous sommes à 45 kilomètres du goudron à Popodara centre (Labé). Mais quelle que soit la qualité de votre 4×4, vous êtes obligés de faire au-delà de deux heures du temps pour parcourir ces 45 kilomètres » , déplore d’une part le maire de la commune urbaine.
Avant de revenir sur le calvaire lié à ces axes routiers du centre ville : « en dehors de cette route nationale, sur le plan communal, c’est aussi pire. Faute de routes, certaines populations de la commune urbaine notamment de Sanama et de Lonna, deux zones potentiellement agricoles et qui n’arrivent pas à écouler facilement leurs productions parce qu’il n’y pas de routes. Les routes existantes aussi sont complètement dégradées », regrette-t-il.
Dans le même sillage, Oumou Diallo, cette marchande au marché de Petel et qui fait régulièrement la navette Lélouma – Labé quant à elle confie: « actuellement, cet axe nous fatigue énormément. La route est en très mauvais état. On arrive à Lélouma difficilement et complètement épuisé. Parfois, nous sommes obligés d’utiliser des motos taxis. Aujourd’hui pour rallier Lélouma, il faut plus de quatre heures de temps. Nous demandons à l’État de nous venir en aide. Ne serait-ce que pour faire un reprofilage», sollicite-t-elle.
Du côté de la direction préfectorale des travaux publics, on déplore le manque de moyens pour faire face à la réfection des routes. Interpellé par rapport aux approches et démarches que l’équipe communale est en train d’entreprendre pour ne serait-ce que faire des retouches au niveau des points les plus noirs, le maire tente de justifier ces priorités.
« Malheureusement, pour le moment, la mobilisation des ressources locales doit faire face à des questions notamment liées aux infrastructures sanitaires et scolaires. Donc si aujourd’hui nous pouvons mobiliser ici des ressources, nous allons entamer des travaux liés à la santé et à l’éducation. Les travaux de désenclavement, ce sont des travaux qui coûtent cher. La commune urbaine de Lélouma est de type « C », difficilement nous pouvons mobiliser des ressources au niveau local pour faire face à ces travaux. C’est le gros problème qu’on a aujourd’hui », explique Moustapha Baldé.
Le maire a enfin sollicité l’appui du gouvernement pour la réhabilitation de ces routes à Lélouma. Faut-il aussi rappeler que le gouvernement avait promis à Lélouma 8 kilomètres de goudron pour les voiries de la commune urbaine. Les citoyens attendent toujours avec impatience le démarrage des travaux.
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Les bâtiments administratifs
A Lélouma, la plupart des bâtiments administratifs ont été construits lors de la première République. Aujourd’hui, ils sont dans un état très piteux. « Du point de vue bâtiments administratifs à Lélouma, franchement, c’est la déception. Depuis la construction de ces infrastructures lors de la première République, tous les régimes qui se sont succédé en Guinée, il n y’a pas eu de nouveau bâtiment sauf ce que l’ ANAFIC (agence nationale de financement des collectivités ndlr) a fait tout récemment, » s’insurge un fonctionnaire à la retraite interpellé par rapport à la question.
Rares sont aujourd’hui à Lélouma les bâtiments administratifs qui présentent un visage reluisant. Ces édifices publics sont dans un état de décrépitude très avancé. Des logements des fonctionnaires en passant par le bâtiment qui aurait service de poste sans oublier celui qui a abrité le trésor public de la localité, les locaux de la prison civile, celui des travaux publics ou encore les bâtiments qui ont servi de logements des hauts dignitaires lors de la première République appelé » Villa » toutes ces infrastructures sont pour la plus part complètement dégradées.
» Les bâtiments administratifs du côté de Lélouma ressemblent a des ruines. En fait, tous les bâtiments sont à l’abandon. C’est extrêmement grave. C’est depuis 1975 que ces bâtiments ont été construits. Aujourd’hui, il n’y a pas un bâtiment où tu peux jeter un coup d’œil. Tout est » fichu » . Ce sont des bâtiments qui sont en phase de s’écrouler, » regrette le maire Moustapha Baldé avant de poursuivre : » ce sont des fonctionnaires de l’État qui logent dans ces bâtiments » et que, » ces derniers n’ont pas les moyens pour faire face à des tels travaux de rénovation. C’est dans ces bâtiments en ruine qu’ils logent actuellement. C’est pourquoi j’en appelle au gouvernement guinéen de nous venir en aide. Pour au moins faire des retouches sur ces bâtiments du côté de Lélouma car ils sont complètement défaillants et dégradés. Je lance ce cri de cœur. Si non, je peux vous dire que ces « vestiges » de la révolution vont bientôt disparaitre. J’espère que ça sera entendu pour faire face à ce problème « , a t il souhaité.
Par rapport à la couverture sanitaire au niveau préfectoral, bien que Lélouma compte aujourd’hui en plus de l’hôpital préfectoral,11 centres de santé, 54 postes de santé et deux cliniques privées, certaines localités se plaignent encore et sollicite d’ailleurs la construction des infrastructures sanitaires dans leurs localités pour apaiser les souffrances liées aux longs déplacement pour l’accès de ce service, nous a t-on appris.
Eau et électricité : la desserte en eau et électricité a déjà été entamée mais des services qui n’arrivent même pas à couvrir l’ensemble de la commune urbaine. D’ailleurs des sollicitations sont faites dans le cadre de l’extension de ces deux réseaux qui peinent encore à s’adapter à la localité. Pour ce qui est de l’électricité, les populations traînent même les pas pour effectuer les branchements. Selon bon nombre d’observateurs, il y a des doutes quant à la pérennité de cette desserte électrique de 19 heures à 22 heures.
Hôtels et stations de service : malgré un renom historique et touristique, Lélouma ne dispose qu’un seul « petit hôtel » qui donne l’impression d’une habitation ordinaire. Et pour ce qui est des stations service, la commune urbaine n’a qu’une seule.
Et pourtant, avec des infrastructures dignes de nom, Lélouma pouvait devenir une attraction touristique et un levier de développement non le moindre pour la sous-région de par sa position géographique et ses potentialités agricoles et de l’élevage dont elle dispose.